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Dormir, pilier de la santé

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L’hypersomnie est un trouble caractérisé par une somnolence diurne excessive. Photo: Métro
Isabelle Burgun - Agence Science-Presse

Difficulté à se réveiller, cerveau embrumé, fatigue pendant la journée… On a tendance à s’alarmer lorsque l’insomnie se pointe, mais faudrait-il également s’inquiéter en cas d’hypersomnie? Des chercheurs québécois le pensent.

«Cette difficulté à rester éveillé la journée touche 33% des participants de notre étude. La bonne nouvelle, c’est que ça peut s’améliorer», assure le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en médecine comportementale du sommeil, Charles M. Morin.

Sur les 2167 participants à la récente étude Natural history of excessive daytime sleepiness, publiée par la Sleep Research Society, le tiers (714) devaient composer avec ce trouble du sommeil. Le suivi annuel, pendant cinq ans, montre toutefois des progrès: bien que, pour près des deux tiers (62%) des participants, la situation soit restée stable, les autres ont vu leur situation s’améliorer – on a même assisté à une rémission chez 23% de ces derniers.

Meilleures nuits de sommeil

Les chercheurs expliquent ces progrès par des changements d’habitudes de vie, comme le retour à un poids et à une pression artérielle santé ainsi que de meilleures nuits de sommeil.

L’hypersomnie est un trouble aux sources multiples, de sorte que les changements hormonaux, la dépression, les problèmes de thyroïdes ou la prise de médicaments peuvent influencer la qualité du sommeil, et donc, le degré de vigilance observé le lendemain.

La place accordée au sommeil nocturne serait d’ailleurs la clé pour lutter contre l’hypersomnolence.

«C’est toujours le sommeil qui écope lorsque nous manquons de temps en raison de nos obligations professionnelles et familiales, relève le chercheur. Pourtant, c’est un des trois piliers d’une santé durable», les deux autres étant l’alimentation et l’activité physique.

Chez les adultes, le sommeil court et de piètre qualité ne serait pas une exception. Le tiers d’entre eux ne dorment pas le nombre d’heures recommandé pour assurer une santé optimale. Cela affecte la vigilance au travail et au cours des déplacements, et compromet la qualité de vie.

Cette étude est «un portrait qui présente des causes claires de ce type de troubles du sommeil, auxquelles nous pouvons nous attaquer au niveau des politiques publiques», commente Julie Carrier, chercheuse au Centre d’études avancées en médecine du sommeil au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal.

L’objectif est de faire de la qualité du sommeil une question de santé publique.

«Les gens n’ont pas encore intégré le message que dormir est aussi important que bien s’alimenter», répète Mme Carrier. Elle est une des instigatrices de la campagne nationale sur le sommeil lancée l’automne dernier, Dormez là-dessus!, qui vise à informer les Canadiens, à démystifier le sommeil et ses troubles et à mobiliser les connaissances scientifiques afin de bâtir des partenariats.

Il serait important de donner un signal d’alarme concernant les jeunes hyperconnectés, adeptes de la performance et du multitâche.

«Les 18-25 ans ont une vie trépidante et fantasment à l’idée de rester productifs sans dormir beaucoup. Les écrans et les technologies envahissent souvent les chambres à coucher et perturbent leur sommeil. Résultat: ils s’endorment lorsqu’ils manquent de stimulation», résume celle qui est également directrice du Réseau canadien de sommeil et rythmes circadiens.

Une des solutions, liée à l’éducation, serait la lutte contre les fausses croyances sur le sujet. Une autre serait de revoir les causes de la privation de sommeil en recourant à des mesures passives, comme l’adaptation des horaires de cours en matinée pour retarder le début des classes et aider les plus jeunes à gagner un peu de sommeil. «Changer nos habitudes est difficile, mais c’est un projet de société, comme l’ont été la saine alimentation ou l’exercice physique», ajoute Mme Carrier.

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