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La COVID-19 et l’héritage du Néandertalien

L’héritage du Néandertalien
Un homme de Néandertal, modèle basé sur des restes vieux de 40 000 ans trouvés à Spy, en Belgique. Photo: Irstone/123RF

Une récente étude suggère que l’ADN hérité du Néandertalien par l’humain moderne pourrait affecter la réponse immunitaire et causerait une forme plus grave de la COVID-19.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la préexistence de maladies et l’âge des personnes infectées aggravent les effets du coronavirus.

Une étude publiée cet été a mis en lumière un facteur supplémentaire en liant un groupe de gènes du chromosome trois à un risque accru d’hospitalisation et d’insuffisance respiratoire en cas d’infection par le virus.

Récemment, des chercheurs de l’Institut Karolinska en Suède et de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive situé en Allemagne ont découvert qu’il était très similaire à la séquence d’ADN d’un Néandertalien trouvé en Croatie.

«Cette variante du gène a été héritée par les humains modernes des Néandertaliens lorsqu’ils se sont croisés il y a environ 60 000 ans», a expliqué à Métro Hugo Zeberg, l’un des auteurs de l’article.

«Aujourd’hui, les personnes qui ont hérité de cette variante du gène sont trois fois plus susceptibles d’avoir besoin d’une ventilation artificielle si elles sont infectées par le nouveau coronavirus», ajoute-t-il.

Des races davantage à risque que d’autres

L’étude a également souligné la fréquence de cet ADN dans différentes parties du monde. Il est particulièrement fréquent chez les personnes en Asie du Sud, où environ la moitié de la population le porte. En Europe, une personne sur six le porte, alors qu’en Afrique et en Asie de l’Est, il est presque inexistant.

«Il est frappant que le patrimoine génétique des Néandertaliens ait des conséquences si tragiques pendant la pandémie actuelle. Maintenant, il faut l’étudier le plus rapidement possible», a déclaré Svante Pääbo, directeur de l’Institut Max Planck.

Une enquête précédente, publiée dans la revue Science en 2017, suggère que les gènes de Néandertal ont contribué de 1,8 à 2,6% de la constitution génétique totale des personnes d’origine eurasienne. Il a également constaté que plusieurs zones du génome néandertalien coïncidaient avec des segments d’humains modernes, étroitement liés à divers problèmes de santé, notamment le taux de cholestérol sanguin, les troubles de l’alimentation et la polyarthrite rhumatoïde.

Hugo Zeberg, chercheur, Institut Karolinska (Suède)

Pourquoi avez-vous décidé d’étudier la relation entre les gènes de l’homme néandertalien et la COVID-19?

J’ai juste décidé de regarder et j’ai été totalement choqué par ce que j’ai vu. Le principal facteur de risque génétique était pratiquement identique à l’ADN d’un Néandertalien de Croatie.

Comment sont-ils liés?

La variante de risque génétique néandertalienne double le risque. Si vous en souffrez, vous courez trois, voire quatre fois, plus de risque de tomber gravement malade.

Pourquoi ces gènes présentent-ils un plus grand risque pour les personnes infectées?

Nous ne le savons pas actuellement. Un gène est un immunorécepteur et forme un complexe avec le récepteur du virus. Nous essayons de comprendre cela. L’étude détaillée de ces variantes génétiques pourrait être une piste dans le développement
de médicaments.

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