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​​Chronique: Kwaï 101

xavier watso
Xavier Watso devant un arrêt traduit en anglais et en abenaki. Photo: Xavier Watso

CHRONIQUE – Kwaï,

Nd’aliwizi Sapiel Wajo, nd’Aln8ba ta k’wlipaï8!*

Vous ne comprenez pas la dernière phrase?

Pourtant, l’Abénaki est une langue autochtone qui fut parlé ici bien avant l’arrivée des colons.

À qui revient la responsabilité de cette ignorance?

Est-ce que c’est simplement de la paresse de votre part? Quelle est la dernière fois que vous avez consciemment essayé d’apprendre un seul mot dans l’une des 11 langues autochtones présentes au Québec? Pas le temps? Trop difficile? Vous ne savez pas par où commencer?

Pourquoi alors, lorsque vous allez dans un tout-inclus ou en road trip aux États-Unis, vous prenez la peine d’apprendre les mots et phrases d’usage tels que «Bonjour» et «Merci», «Una cerveza por favor», «Where is the bathroom, quick», mais qu’une fois de retour au Québec, la langue de la Nation du territoire non cédé où vous vous situez est complètement étrangère pour vous et qu’il ne vous viendrait même pas en tête l’idée de l’apprendre?

À votre défense, ce n’est malheureusement pas si surprenant que ça que vous ne compreniez pas la première phrase de cette chronique, puisque que, dans le cas de l’Abénaki, la langue était considérée disparue en 2007.

Nous sommes actuellement une poignée d’Abénakis qui prenons des cours pour que celle-ci ne disparaisse pas définitivement… Un travail difficile, frustrant et rempli de traumatismes quand on se souvient que nos grands-parents la parlaient couramment avant d’être envoyés en pensionnats pour les forcer à l’oublier…

Mais alors, est-ce que c’est de la faute du système d’éducation et du gouvernement québécois?

En partie, certainement! On évoque de grandes idées et de bien beaux principes, mais il n’y a rien de concret dans le système actuel qui comprend l’enseignement et la préservation de langues autochtones. Un «oubli» majeur de la part de nos anciens gouvernements. Elle est où notre loi 101 pour les langues autochtones?

Néanmoins, si on part de ce qu’on peut contrôler tous et chacun.e, il y a un effort individuel à faire, indépendamment du côté politique de la chose (je vous garde ça pour une prochaine chronique!).

En tant qu’autochtone, d’imaginer que les Québécois.es nous respecteraient assez pour prendre le temps d’apprendre des mots dans nos langues serait un premier pas qui nous remplirait d’espoir. Rien que ce petit bout de chemin nous permettrait d’établir un premier lien de confiance et de respect.

La réconciliation passe par beaucoup de voies et celle-ci en est une que je trouve importante. Si vous êtes intéressé.e à faire ce bout de chemin avec moi, je serais ravi de marcher à vos côtés.

Dans ma nouvelle chronique bimensuelle, vous aurez la chance d’en apprendre plus sur les cultures, les langues, les traditions, les réalités et les mythes entourant les Premières Nations du Québec. 

Kchi wliwni,

Merci beaucoup,

* Bonjour,

Je m’appelle Xavier Watso, je suis Abénaki et je vous souhaite la bienvenue!

Phonétique : N-da-lé-oué-zé Sa-pi-elle Oua-dzo, N-dal-naon-ba ta ko-lé-pa-yon

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