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Les paradoxes de la santé mentale 

Photo: Istock/PeopleImages

CHRONIQUE – Nous sommes en plein dans la 32e Semaine nationale de prévention du suicide, qui se déroule du 30 janvier au 5 février 2022. Ces derniers temps, on se prononce beaucoup sur l’importance de parler de santé mentale, de ne pas hésiter à aller chercher de l’aide si on en ressent le besoin. Le gouvernement du Québec a d’ailleurs récemment annoncé son Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026 – S’unir pour un mieux-être collectif.

Bien que ce plan ait été jugé incomplet par certains acteurs de la société civile, aux plans collectif et individuel, savons-nous réellement écouter? Savons-nous réellement faire preuve de bienveillance et de non-jugement, particulièrement lorsque les manifestations de la maladie mentale brisent les barèmes de la «respectabilité»?

Parler est une chose, écouter en est une autre

La maladie mentale, ça ne se présente pas toujours de manière «lisse», «propre» ou «facile». Lorsqu’une personne présente ou nomme des idéations suicidaires à son entourage, voire même à des professionnels de la santé et des services sociaux, il arrive malheureusement encore trop souvent qu’elle soit peu prise au sérieux, voire qu’elle vive même du rejet et de l’exclusion.

En raison des préjugés, certaines personnes vont même se sentir irritées ou dérangées par la vulnérabilité manifestée par une personne en détresse au lieu de lui venir en aide ou de se demander ce qu’elle a pu subir pour se retrouver dans un tel état.

Nous venons d’ailleurs tout juste de «célébrer» la journée Bell Cause pour la cause le 26 janvier dernier, une initiative annuelle visant à lutter contre la stigmatisation et le tabou par le biais des médias sociaux. Même si elles sont parfois critiquées, en raison de leurs paradoxes, j’estime que ces campagnes de sensibilisation sont néanmoins nécessaires. Dans un monde imparfait, elles constituent l’un des maillons d’une longue chaîne d’actions et de prises de position qui permettront de normaliser la chose et de briser le tabou dans l’ensemble de la société.

Faire preuve de bienveillance

Certes, il faut effectivement avoir des services de psychothérapie accessibles à tous. Il faut certainement miser sur les déterminants sociaux de la santé mentale. Car, au-delà des facteurs de résilience individuels, le droit à un logement, à un travail et à un salaire décents, l’accès à une vie sociale, à sa communauté et à un environnement sain influencent grandement l’apparition et le maintien des problématiques de santé mentale. Oui, l’État a une grande responsabilité en la matière.

Or, la bienveillance, c’est aussi quelque chose qui commence avec soi et les gens que l’on côtoie. Par exemple, lorsque l’on voit une personne en colère, alors qu’on ne l’a jamais vue dans cet état par le passé, il y a peut-être lieu de se demander si sa colère est légitime au lieu de présumer qu’elle est tout simplement «folle». Ou encore, lorsqu’un.e étudiant.e s’absente régulièrement d’un cours ou qu’un.e employé.e a de la difficulté à produire au travail, on peut présupposer qu’il se passe quelque chose dans sa vie personnelle qui entrave sa capacité de réussite, au lieu de penser que la personne est simplement non intéressée par la tâche à accomplir ou carrément incompétente.

Ainsi, au lieu de nous juger les uns les autres, je nous souhaite collectivement d’apprendre à nous pardonner et à accorder le bénéfice du doute à nos prochain.es, et ce, au-delà des mots-clics sur les réseaux sociaux.

Parler et écouter: un gage de connexion

Lorsqu’une personne vous exprime sa détresse, c’est un cadeau d’authenticité. C’est le signe que cette personne vous fait confiance pour vous faire part de sa vulnérabilité. Dans une société axée sur le paraître et l’individualisme, il n’y a pas plus grand gage de connexion avec l’autre. Ne ratons pas la balle au bond et faisons preuve de hauteur, de classe et de toute la délicatesse que nécessite une telle confidence.

Au-delà des annonces gouvernementales et des enveloppes budgétaires, aider la communauté, ça commence avec chacun d’entre nous, à petite échelle. Au final, je nous souhaite de déployer autant d’énergie à avoir de l’empathie pour des personnes décédées et parties trop tôt que pour celles qui respirent encore parmi nous.

Si vous avez besoin d’aide:
Ligne québécoise de prévention du suicide: 1 866 APPELLE (277-3553)
suicide.ca

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