Vivre ensemble

Dix ans après 2012, la nouvelle génération voit une lutte inachevée

Marie-Hélène Rivest secrétaire générale à la FAÉCUM, interviewée devant les marches de l'Université de Montréal dans le cadre des 10 ans du printemps érable.

Marie-Hélène Rivest occupe le poste de secrétaire générale à la FAÉCUM.

Métro souligne les 10 ans de la plus importante grève étudiante de l’histoire du Québec, surnommée le «printemps érable». Tout au long de l’année, nous produirons des reportages sur les acteurs du mouvement, les impacts de la crise et la situation des étudiants d’aujourd’hui.


Portés par le désir de poursuivre les luttes de 2012, les leaders étudiants d’aujourd’hui réclament un meilleur accès aux études supérieures pour tous. Selon certains, cela passe notamment par la gratuité scolaire – ce même thème qui a galvanisé les grévistes du «printemps érable» – et l’abordabilité des logements étudiants.

Dix ans après la grève étudiante la plus longue et la plus imposante de l’histoire du Québec et du Canada, les associations collégiales et universitaires estiment que cette mobilisation a été beaucoup plus une réussite qu’une défaite. Mais le coût des études a continué de grimper.

La responsable aux affaires politiques pour l’Association facultaire étudiante de langues et communication (AFELC) de l’UQAM, Jade Trudelle, rappelle que la plupart des associations étudiantes se battaient surtout contre la hausse des frais de scolarité en 2012. «Ce qu’on a relativement gagné. Par contre, il y a encore une hausse d’à peu près 111 $ par année, ce qui fait que nos coûts scolaires sont d’environ 4310 $ pour chaque année d’études universitaires», explique-t-elle. 

Considérant que la hausse annoncée en 2012 a été bloquée, la secrétaire générale de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM), Marie-Hélène Rivest, estime aussi que le printemps érable a porté ses fruits.

«L’ampleur, la durée et la force de la mobilisation de 2012 ont été une réussite parce que ça a marqué les esprits. Je pense que le gouvernement actuellement y penserait à deux fois avant de proposer une nouvelle hausse. Ça a démontré l’ambition des étudiants et étudiantes d’avoir de bonnes conditions d’études», fait valoir Mme Rivest.

Marie-Hélène Rivest, secrétaire générale de la FAÉCUM

Manifestation prévue le 22 mars

Mais la lutte ne s’arrête pas là, selon l’ensemble des associations étudiantes contactées. Celles-ci revendiquent un meilleur accès aux études supérieures.

Si la FAÉCUM demande la diminution de la facture étudiante, l’AFELC va jusqu’à exiger la gratuité scolaire complète. «On est contre la marchandisation de l’éducation. On paie de plus en plus pour les sources de revenus des universités. On ne croit pas que c’est à une des populations les plus pauvres de devoir assumer ces frais-là», déclare Jade Trudelle, de l’AFELC.

D’ailleurs, le 22 mars prochain, une quinzaine d’associations étudiantes organisent une grande manifestation demandant la gratuité scolaire. Elle se tiendra donc dix ans jour pour jour après la manifestation historique de 2012 alors que plus de 300 000 étudiants étaient en grève. Il s’agissait alors de la plus importante manifestation jamais tenue au Québec.

Selon Jade Trudelle, au moins 30 000 membres ont déjà voté en faveur d’une grève le 22 mars prochain. 

D’autres revendications pour l’accès aux études

Ce que revendiquent d’une même voix toutes les associations, c’est l’accessibilité aux études supérieures pour tous.

Selon le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Samuel Vaillancourt, cela va au-delà des enjeux financiers. «À nos yeux, ça passe entre autres par du logement étudiant accessible, par la réforme des critères d’admission universitaires, par la viabilité des cégeps de région», précise-t-il.

Même son de cloche du côté de la FAÉCUM. «Le coût des loyers fait partie de la réalité étudiante. Présentement, est-ce que l’aide financière aux études permet vraiment de combler ces besoins-là? Est-ce que l’aide financière correspond au coût des loyers actuels?», demande Marie-Hélène Rivest. 

Un mouvement fort qui inspire espoir

Finalement, les mobilisations de 2012 auront surtout été une source d’inspiration et d’espoir pour les leaders des associations étudiantes aujourd’hui.

C’est le cas pour le secrétaire général par intérim de l’Association générale étudiante du Cégep du Vieux Montréal (AGECVM), Xavier Courcy-Rioux, qui a été marqué par l’importance de la mobilisation. «Il y avait un vrai souffle. Dans ce sens-là, on peut s’en inspirer pour savoir comment bien se mobiliser et comment aller rejoindre la communauté étudiante et travailler avec elle», dit-il.

Selon lui, le mouvement étudiant est toujours aussi fort, bien qu’il ait été un peu essoufflé par la pandémie dans les deux dernières années. «On le voit actuellement dans les associations étudiantes que le mouvement est encore très présent», ajoute-t-il. 

De son côté, Jade Trudelle indique que le printemps érable lui a personnellement démontré que les grèves étudiantes ont du poids sur le plan politique. «On peut réellement gagner, se réjouit-elle. […] Grâce à 2012, j’ai espoir que les gens embarquent et qu’on peut réellement changer les choses.»

Inscrivez-vous à notre infolettre et recevez un résumé, dès 17h, de l’actualité de Montréal.

Articles récents du même sujet

Exit mobile version