Soutenez

Impact LGBT+ : «Créer une culture de soccer dans la communauté LGBT»

Photo: Mario Beauregard/Métro

En 2015, Samuel Bonnefont et quelques-uns de ses amis ont fondé le groupe de supporter LGBT+ de l’Impact de Montréal. Il a rencontré Métro pour parler de ses motivations, d’ambiance hétéro et d’amour du soccer.

D’où est venue l’idée de créer un groupe de partisans de l’Impact de Montréal destiné à la communauté LGBT+?

Ç’a commencé en 2012, quand l’Impact s’est lancé en MLS. Avec quelques amis, nous avons commencé à aller voir des matchs ensemble, mais pas forcément dans une thématique LGBT. Nous nous sommes rendu compte que certains de nos amis de la communauté hésitaient à aller au stade, notamment en raison de l’ambiance très masculine, hétérosexuelle et cisgenre. À partir de 2014, nous avons commencé à nous structurer pour aller voir des matchs ensemble. En 2015, nous avons créé un groupe.

Quel était l’objectif de votre démarche?

Nous voulions être visibles pour notre communauté, pour que les gens se sentent à l’aise d’aller au stade. Nous voulions aussi qu’il y ait plus de visibilité LGBT pour le soccer et l’Impact de Montréal. Être présent physiquement et sur le web. Être visible sur place au stade Saputo, c’est encore un peu difficile. Il faudrait que nous soyons plus nombreux. Nous avons fait faire des t-shirts. Prochaine étape, nous allons faire des écharpes. Nous voulons être plus gros en 2017, avoir un membership officiel, et ainsi aider à créer une culture de soccer au sein de la communauté LGBT, en plus de créer des liens avec les autres clubs de supporters de l’Impact.

Justement, quels sont vos rapports avec l’Impact et ses autres clubs de partisans?

Nous avons eu des contacts avec le 1642. Ils ont d’ailleurs déployé un grand drapeau du mouvement LGBT après la tuerie d’Orlando. Nous avons aussi eu des liens avec les Ultras. Nous n’avions pas vraiment eu de relation avec l’Impact jusqu’à il y a quelques mois. Nous avons eu un échange sur les réseaux sociaux, très sympathique, et maintenant ils nous suivent. Nous les avons appelés après Orlando pour organiser quelque chose. Ç’a aura lieu le 7 septembre, quand Orlando City sera en ville. Éventuellement, nous aimerions avoir une visibilité au stade, par exemple, accrocher une banderole. De là notre intérêt à compter plusieurs membres qui ont des abonnements de saison.

Quelle est la réaction des gens à votre endroit?

Souvent, les gens qui interagissent avec nous nous ont vus en action sur les réseaux sociaux. Nous avons surtout de bons commentaires. Un gars, une fois, est venu me voir au stade et m’a dit : «Je suis content. J’amène mon fils à la game et j’aime qu’il grandisse dans un environnement diversifié.»

Vous est-il arrivé parfois de vous sentir inconfortable au stade?

Il y a des trucs qui peuvent rendre inconfortable. C’est plus l’ambiance globale, qui est très hétéro. On peut parfois entendre des trucs du genre «osti d’fif», quoique ce soit assez rare, ou des commentaires sexistes ou à caractère homophobe. Il y a aussi le chant Puto, utilisé quand le gardien adverse dégage le ballon, qui est plus sexiste qu’homophobe. C’est un chant qui est critiqué par divers groupes LGBT. Ces facteurs peuvent créer une ambiance globale un peu inconfortable, mais ce n’est pas comparable à ce qui se passe en Europe. Le public n’est pas le même. Ça demeure assez familial.

Et sur les réseaux sociaux?

L’homophobie est très forte sur les réseaux sociaux. C’est une des raisons pour lesquelles nous y sommes si présents. Nous essayons de réagir quand nous voyons passer des trucs. Quand nous répondons à une personne qui a fait un commentaire homophobe, souvent elle va être un peu gênée et reculer. Mais nous ne voulons pas jouer à la police. Nous voulons garder une image positive. Notre créneau, c’est de rester dans le plaisir. Nous ne voulons pas que les gens soient stressés par les enjeux LGBT.
Certains joueurs, comme David Testo avec l’Impact il y a quelques années, Jason Collins, dans la NBA, Michael Sam, au football, ont parlé ouvertement de leur sexualité. Chaque fois que cela arrive, on pense que ç’a aura un effet domino, mais ça n’arrive pas. Est-ce que c’est une déception pour vous?

Il y a des joueurs gais dans la MLS outre Robbie Rogers [qui joue pour le Galaxy de Los Angeles]. C’est embêtant pour les jeunes qui pourraient les avoir comme modèles. Et c’est embêtant pour eux. C’est triste de dire que des carrières sont foutues en l’air. Si des joueurs ne font pas leur coming out alors que certains l’ont déjà fait, c’est qu’il y a des enjeux financiers énormes. Il est clair que des joueurs sont tenus dans le placard par des entraîneurs, des coéquipiers, des clubs ou des commanditaires.

Comment tenteriez-vous de convaincre un joueur faisant partie de la communauté LGBT d’en parler ouvertement?

La somme des gens qui vont recevoir la chose de façon positive va être plus grande que les critiques, même s’il va toujours y avoir des gens affreux.
Il y a parfois des réactions négatives de la part de certains joueurs, mais, maintenant, ils sont sanctionnés par leur club, par les ligues, et aussi par le public.
Ça serait bon pour les jeunes, qui seraient potentiellement au début d’une carrière sportive ou qui préfèrent ne pas jouer. Bon pour les jeunes.
Les athlètes, nous avons envie de vous voir comme vous êtes. Ça serait inspirant pour tout le monde.

Pour Orlando

Le groupe Impact LGBT+, en collaboration avec l’Impact de Montréal et Équipe Montréal, le regroupement des organismes sportifs et culturels LGBT, organise une collecte de fonds pour les victimes de la tuerie d’Orlando, qui a fait 49 morts et 53 blessés, en juin

Pour ce faire, des billets sont mis en vente au coût de 25 $ pour le match du 7 septembre entre l’Impact de Montréal et le Orlando City SC, au stade Saputo. Pour chaque billet vendu, 5$ seront versés à la cause. Toutes les informations sont disponibles sur le site http://impactmontreal-lgbt.ca.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.