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Un dentiste dans le nid des Alouettes

Photo: Josie Desmarais

Employé des Alouettes de Montréal depuis 2006, le dentiste Luc Payette est un des rares membres de sa profession à posséder deux bagues de la Coupe Grey. Une dent à la fois, le passionné de football fait du confort des joueurs une priorité.

Lorsqu’un joueur subit un coup aux dents, à la mâchoire ou à la tête au cours d’un match des Alouettes, M. Payette est le premier répondant. Muni de «sa clinique», une petite boîte à outils remplie d’instruments de dentisterie, il peut être forcé d’extraire des dents directement sur les lignes de côté.

«Mon travail, c’est de faire en sorte que les joueurs manquent le moins temps de jeu possible», affirme le dentiste. Gels de bouche, extractions et réparations de dents font donc partie du quotidien de M. Payette, qui tient aussi une clinique à Mirabel.

Le spécialiste a commencé à travailler pour les Moineaux dès 2001, mais il a dû attendre 2006 pour être engagé à temps plein. Le directeur général de l’époque, Jim Popp, ne voyait pas l’utilité de l’engager à l’extérieur des situations d’urgence.

«Il m’a dit qu’on allait m’essayer pour une année, se rappelle le praticien. Au premier match, à Winnipeg, au premier jeu du deuxième quart, [le secondeur] Louis Mackey s’est cassé trois dents. Il a manqué juste une série de jeux. M. Popp était sur les lignes de côté et m’a dit : “Maintenant, je comprends pourquoi tu es là.”»

En plus d’agir d’urgence lorsque c’est nécessaire, le dentiste de 51 ans prend en charge l’ensemble de l’équipe des Alouettes, des entraîneurs aux chargés de communication. Il lui arrive même régulièrement de soigner les joueurs d’autres équipes. En 2009, c’est le PDG du réseau sportif anglophone TSN qui est passé sous ses instruments, quelques minutes avant de passer à la télévision.

À en perdre les dents
Au cours de ses premières années en poste, le spécialiste voyait encore plus de dents cassées qu’aujourd’hui, entre autres parce que «beaucoup d’Américains n’étaient pas habitués de porter leur protecteur buccal», raconte-t-il.

Si certains joueurs de hockey arborent des sourires décimés, ce ne sont pas les seuls à perdre des dents au jeu, fait savoir M. Payette. La chose est par exemple fréquente dans un sport de contact comme le football.

«Souvent, ce ne sont pas les dents du devant qui cassent, mais les dents postérieures, parce que, sur un coup, les dents de l’arrière [encaissent] l’impact», précise-t-il.

Une clinique pas ordinaire
Comparativement à un bureau ordinaire, les terrains de football prennent un peu l’allure d’un champ de bataille pour le praticien. Lorsqu’il peut s’éloigner du terrain, il a accès à une salle de physiothérapie d’environ 10 m2. C’est là qu’il procède aux opérations en cours de match.

«Fréquemment, il faut que je traite les joueurs sur place, assis sur une caisse de Gatorade parce qu’il n’y a pas de chaise. J’ai un petit sac avec la moitié ou le quart de ce que j’aurais besoin, mais on fait des petits miracles avec la dentisterie de brousse.» – Luc Payette

La différence entre les 2 milieux a forcé Luc Payette à s’adapter durant ses 17 années en poste. «Dans une clinique, tu es dans ta zone de confort : tu es installé à ta chaise, tu es dans un environnement contrôlé et tu as du personnel formé, reprend-il. Au football, il m’est arrivé d’enlever une dent sur les lignes de côté et d’éviter ainsi au joueur de manquer une série de jeux.»

Un homme de football
Le passionné de football se considère comme privilégié de pouvoir soigner des joueurs à chaque campagne.

«Quand tu es dentiste, c’est la meilleure façon de te rapprocher le plus possible de la vie d’un athlète professionnel, observe-t-il. Tu es dans la chambre à tous les matchs, avant, pendant, après. Tu entends ce qui se dit derrière les portes closes, tu vois ce qui se passe, tu te fais rapidement une idée de ce qu’est une équipe professionnelle.»

Aujourd’hui, le dentiste, qui n’a jamais enfilé les épaulettes en tant que joueur professionnel, porte avec fierté ses deux bagues de championnat.

 

 

 

 

 

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