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L'AMA doit voter sur la réintégration de la Russie

James Ellingworth - The Associated Press

MOSCOU — La Russie devrait-elle être réintégrée sans avoir à reconnaître publiquement son rôle répréhensible avec son programme de dopage commandité par l’État?

Cette question a provoqué des querelles intestines au sein de l’Agence mondiale antidopage, l’organisme responsable de prévenir toute répétition de l’usage généralisé du dopage et sa dissimulation qui a terni l’image d’une superpuissance sportive.

Le conseil d’administration de l’AMA doit voter sur cette question, jeudi, aux Seychelles. Si elle vote oui, cela devrait inciter la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) à réintégrer également la Russie.

L’agence antidopage russe (RUSADA) a été suspendue en novembre 2015 lorsqu’un rapport de l’AMA a révélé que ses meilleurs athlètes pourraient s’être dopés avec une quasi-impunité puisque la RUSADA et le laboratoire national avaient dissimulé les résultats des contrôles. Des enquêtes subséquentes ont démontré que des échantillons positifs avaient été échangés par des échantillons propres lorsque la Russie a accueilli les Jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi.

La réintégration de la RUSADA est soutenue par le président de l’AMA, Craig Reedie, qui a assoupli deux conditions essentielles pour la Russie. Cette décision bénéficie aussi du soutien tacite du Comité international olympique.

Mais malgré une recommandation de réintégration d’un important comité de l’AMA, cela a suscité la colère d’autres personnalités du mouvement antidopage qui estiment que l’on ne peut pas faire confiance à la Russie pour se réformer sans reconnaître sa part de blâme.

Des athlètes de l’une des commissions de l’AMA, dont la championne olympique canadienne Beckie Scott, le lanceur d’alerte russe Grigory Rodchenkov et Linda Helleland, vice-présidente de l’AMA, mènent la charge des opposants.

«Je crains qu’en optant pour la solution la plus simple, cela nuise à l’AMA à l’avenir», a déclaré Helleland, un politicien norvégien qui envisage de remplacer Reedie en tant que président de l’organisation.

Mercredi, la commission des athlètes du CIO s’est prononcée en faveur de la réintégration, mais celle de la fédération d’athlétisme de l’IAAF s’y est opposée, tout comme les athlètes de Natation USA.

Reedie a adouci sa position sur la Russie «dans un esprit de compromis», comme il l’a écrit en juin dernier au ministre russe des Sports, Pavel Kolobkov.

Cela signifie qu’il faut abandonner l’exigence selon laquelle la Russie accepte un rapport qui rend l’État responsable du programme de dopage et lui permette plutôt d’avaliser un document du CIO avec des conclusions moins compromettantes.

Reedie l’a jugé satisfaisant après que Kolobkov ait fait savoir par écrit qu’il «acceptait pleinement» le rapport du CIO, et que la Russie ne serait pas tenue de faire de déclarations publiques ou de s’exprimer sur les responsables qui doivent être blâmés.

Critique de la réintégration de la RUSADA, le dénonciateur Rodchenkov a déclaré que la priorité de la Russie était de «protéger ses apparatchiks de haut niveau qui ont gâché les Jeux olympiques de Sotchi.»

Reedie a également accepté que la Russie puisse être réintégrée sans fournir certaines preuves clés du laboratoire de Moscou au centre des allégations. Au lieu de cela, la Russie promet de les fournir seulement après sa réintégration.

Les autorités russes — et le président Vladimir Poutine — n’ont pas changé leur argument selon lequel le principal coupable était le lanceur d’alerte vedette de l’AMA, Rodchenkov. Elles allèguent qu’il a trompé des athlètes russes propres pour qu’ils prennent des drogues pour des raisons imprécises, puis a simulé des preuves d’abus lors des Jeux olympiques de Sotchi.

Rodchenkov se cache aux États-Unis, tandis que d’autres lanceurs d’alerte, comme les athlètes Yulia Stepanova et Andrei Dmitriev, ont été vilipendés chez eux après avoir dénoncé les abus de leurs coéquipiers. Ils disent avoir été forcés de quitter la Russie pour leur propre sécurité.

Poutine a ordonné sa propre enquête en 2016 et certains responsables du ministère des Sports, y compris le ministre adjoint, Yuri Nagornykh, ont été suspendus. Cette enquête n’a toutefois jamais offert de conclusions publiques et les fonctionnaires ont démissionné discrètement plus tard dans l’année. Vitaly Mutko, qui était ministre du Sport lors des Jeux olympiques de Sotchi, a été rapidement promu au poste de vice-premier ministre.

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