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Ronaldo et Messi: Monstres et Cie

Photo: Archives Getty Photo: Getty Images

Ça fait plus de 10 ans qu’ils dominent outrageusement la planète foot. Chacun à sa manière, avec des styles et des parcours bien distincts.    

Une décennie où, semaine après semaine, le Portugais Cristiano Ronaldo et l’Argentin Lionel Messi, quintuples récipiendaires du Ballon d’or, repoussent les limites de l’imaginable sur un terrain et s’amusent à réécrire l’histoire et le livre des records avec une aisance et une régularité jamais vues auparavant. Jamais même imaginées.

Si chaque ère footballistique a eu son Di Stéfano, son Pelé, son Maradona ou son Zidane, le double phénomène qu’il nous est donné d’observer est une anomalie aussi fabuleuse qu’absolue. Je doute d’ailleurs très fort que l’humanité puisse revivre de sitôt une révolution comme celle que cette génération d’amoureuses et d’amoureux du ballon rond pourront raconter à leurs petits-enfants, sans même avoir à exagérer.

Pourtant, aussi privilégiée soit-elle, cette génération est aussi celle des réseaux sociaux, et de la polarisation devant l’éternel qu’ils entretiennent. «Il ne se passe pas une journée sans qu’un média spécialisé ne soulève LA question qui enflamme les tribunes : “Messi ou Ronaldo?” Comme s’il ne pouvait y avoir qu’un vainqueur. Comme s’il fallait à tout prix comparer ces deux spécimens uniques, qui n’ont en commun que la magie qui naît de leurs démarches, diamétralement opposées.»

Ces lignes, je les ai écrites dans ces pages en octobre 2014. Force est de constater que, quatre ans plus tard, nous sommes toujours aussi incapables de profiter pleinement de ces deux monstres, sans sombrer dans le «fanboyisme», et la futilité du jeu des comparaisons.

Encore cette semaine, Cristiano et Lio ont mis la planète à genoux avec leurs performances en huitièmes de finale de la Ligue des champions.

Mardi, le Portugais a (encore!) crucifié l’Atlético Madrid, couronnant la remontée de la Juventus – 0-2 à l’aller – avec un triplé,  causant, au passage, une augmentation de 20% de l’action de la Vieille Dame à la Bourse de Milan. Le lendemain, le petit Argentin guidait son Barça avec deux buts et deux passes à une victoire de 5 à 1 face à un Olympique lyonnais vaillant, mais simplement pas de taille.

Encore cette semaine, ces exploits ont nourri la puérilité. La bêtise l’a encore une fois emporté largement devant l’amour du jeu, de son esthétisme.

Peut-être qu’à force de normaliser l’anormal, comme ils le font avec une rigueur déconcertante, la masse critique n’arrive plus à faire la juste part des choses? Peut-être ce n’est qu’un autre des nombreux symptômes de cet air du temps numérique, un brin schizophrène?

Probablement un peu des deux.

Une chose est certaine: le jour où ces deux colosses accrocheront leurs crampons, nous allons tomber de très, très haut, et le sevrage sera extrêmement difficile. Surtout pour ceux et celles qui n’ont pas su se laisser aller pleinement à jouir de ce glitch dans la matrice.

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