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Décès du lutteur Maurice «Mad Dog» Vachon

Le lutteur québécois de renommée internationale Maurice «Mad Dog» Vachon a été cloué au tapis pour une dernière fois, jeudi. Il est décédé à son domicile d’Omaha, au Nebraska, à l’âge de 84 ans.

Il serait mort dans son sommeil, vers quatre heures du matin.

Deuxième d’une famille de 13 enfants, Maurice Vachon vient au monde le 14 septembre 1929 dans le quartier ouvrier de Ville-Emard, dans le sud-ouest de Montréal. C’est son père, un policier surnommé «Vachon le cochon», qui l’encourage à s’initier à la lutte amateure dès l’âge de 12 ans.

Vachon s’impose rapidement comme étant un des meilleurs lutteurs amateurs du pays. À l’âge de 18 ans, il participe aux Jeux olympiques de 1948, à Londres, où il termine en septième place dans la catégorie des 79 kilos (174 livres). C’est aussi lors de ces Jeux que Vachon rencontrera pour la première fois le lutteur américain Verne Gagne, qui deviendra un de ses adversaires les plus farouches pendant sa carrière professionnelle.

Deux ans plus tard, lors des Jeux de l’Empire britannique de 1950 en Nouvelle-Zélande, les ancêtres des Jeux du Commonwealth, Vachon remporte la médaille d’or. Il occupe différents emplois à son retour, notamment comme videur dans une boîte de nuit montréalaise, avant de faire ses débuts en lutte professionnelle en 1954.

Les premières années de sa carrière sont maigres. A Montréal, le promoteur Eddie Quinn hésite à l’embaucher de peur que son talent et sa renommée ne portent ombrage au légendaire Yvon Robert, qui domine alors la scène. Vachon part donc en exil et c’est à l’étranger qu’il développera, pour se distinguer de ses rivaux, cette image qu’on lui connaîtra jusqu’à la fin — tête rasée, barbe noire touffue et grognements gutturaux.

De plus, Vachon est parmi les premiers lutteurs — voire le premier — à saisir tout le potentiel de la télévision. Il lui arrive fréquemment d’acheter du temps d’antenne sur les ondes locales, avant le gala du week-end suivant, pour narguer ses adversaires et proclamer sa suprématie, ce qui ne manque pas de faire courir les foules.

Sa carrière est lancée, et Vachon acquiert rapidement la réputation d’un des «méchants» les plus craints de l’arène. Son frère Paul, surnommé «Le Boucher», fait ses débuts professionnels peu de temps après, et les deux hommes forment une des équipes les plus redoutées du milieu.

Au début des années 1960, Maurice Vachon accepte d’aller lutter dans l’Etat de l’Oregon pour le compte du promoteur Don Owen. Lors de son passage à l’émission «Tout le monde en parle», à Radio-Canada, en octobre 2006, il a expliqué que c’est à ce moment qu’il a décroché son célèbre sobriquet.

«À mon premier combat, je m’en vais en courant vers l’arène, je saute dans l’arène, d’un bord à l’autre de l’arène comme un kangourou. J’étais tout seul dans l’arène, a raconté Vachon. J’ai (sauté sur) mon adversaire la minute qu’il a mis les pieds dans le milieu de l’arène, je lui ai fait trois ou quatre ‘bodyslams’, je l’ai lancé en bas de l’arène, j’ai sauté en bas, je lui ai donné un ‘bodyslam’ sur le ciment.

«L’arbitre est arrivé, il a essayé de m’arrêter. J’ai refait la même chose. Là, il y a un constable qui passait, j’étais devenu fou, il a sorti sa garcette pour me donner un coup. J’ai passé en arrière. Je l’ai ‘garroché’ dans la troisième rangée. J’ai embarqué dans l’arène, la cloche avait sonné. Un autre arbitre est venu, on m’a disqualifié, on m’a mis une amende, on m’a suspendu pour 15 jours.

«Quand je m’en venais vers le vestiaire, d’une grosse voix le promoteur m’a dit, ‘you look just like a mad dog’, t’as l’air d’un chien enragé, qu’il a dit. J’ai dit que c’est le plus beau nom que j’ai jamais eu dans ma vie.»

C’est un nom qui le suivra pendant toute sa carrière et qui a fait de lui l’adversaire idéal pour Verne Gagne. Les deux hommes s’échangent le titre poids lourds de l’American Wrestling Association (AWA) à plusieurs reprises entre 1964 et 1967, jusqu’à ce que Vachon reprenne le chemin de Montréal pour venir se mesurer au légendaire Johnny Rougeau.

Les années 1970 sont marquées par la rivalité intense qui opposera les deux frères Vachon, Maurice et Paul, aux «frères» Paul et Jos Leduc (qui n’ont aucun lien de parenté, le véritable nom de Jos Leduc étant Michel Pigeon). En 1972, plus de 17 000 personnes se déplacent pour venir voir les quatre hommes en découdre dans une cage d’acier. Vers la fin de la décennie, Vachon s’associe à son grand rival, Verne Gagne, avec qui il décrochera le titre par équipe de l’AWA en 1979.

Maurice Vachon se joint à la toute-puissante World Wrestling Federation en 1984, mais sa carrière y sera de courte durée, son âge, sa taille et son style étant mal adaptés à l’ère de géants flamboyants comme Hulk Hogan.

Après quelque 13 000 combats et une trentaine de titres, Mad Dog Vachon livre son dernier combat de lutte professionnelle le 13 octobre 1986, au Centre Paul-Sauvé de Montréal. Au moment de quitter l’arène pour la toute dernière fois, il lance au public venu l’acclamer: «J’ai tout fait en 40 ans de carrière pour me faire haïr, mais je pense que j’ai échoué, en voyant l’hommage qu’on m’a rendu ce soir.»

Il prend sa retraite à Omaha, au Nebraska, la ville natale de sa troisième femme, Kathie (qu’il a rencontrée, selon la légende, en crachant dans la foule le lacet qu’il venait d’utiliser pour étrangler un adversaire). Un an plus tard, dans l’Iowa, il est fauché par une voiture, un accident qui force l’amputation de sa jambe droite sous le genou. Plus de 40 000 admirateurs, dont le premier ministre du Canada de l’époque, Brian Mulroney, lui transmettent alors des voeux de prompt rétablissement.

Mad Dog Vachon a été intronisé au Temple de la renommée de la lutte professionnelle, en compagnie de son frère Paul, en 2004. Il a été intronisé au Panthéon des sports du Québec en novembre 2009.

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