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De grands événements sportifs diffusés exclusivement sur internet?

Photo: © Christopher Futcher/Istock.com

Un match de grand championnat diffusé en exclusivité sur internet, et pas à la télévision, l’idée n’est plus farfelue, même si beaucoup s’interrogent encore sur la viabilité économique de ce modèle.

La NFL a franchi le Rubicon le dimanche 25 octobre lorsque le match Buffalo-Jacksonville a été retransmis en exclusivité et gratuitement par Yahoo!.

Ce match entre deux équipes médiocres du championnat, a réuni 15 millions d’internautes, soit plus que le traditionnel match du lundi, le «Monday Night Football» disponible sur le câble ou par satellite.

La diffusion en ligne n’est pas une nouveauté en soi.

Plusieurs chaînes ont déjà proposé un match ou un événement sportif sur leur site, conjointement à la diffusion traditionnelle.

De grands championnats proposent également des abonnements qui permettent de regarder, sur leur site, les matches en ligne.

En revanche, la diffusion en exclusivité sur internet est une rareté pour une compétition majeure, a fortiori gratuitement.

Revenant mardi sur le partenariat entre la NFL et Yahoo!, le président de CBS Sports (filiale de la grande chaîne gratuite CBS), Sean MacManus, s’est dit sceptique sur les perspectives de ce modèle.

«Je ne pense pas que vous verrez beaucoup de matches diffusés en exclusivité sur des sites comme Yahoo!, Netflix ou Google», a-t-il expliqué lors de la conférence Leaders, à New York.

Pour lui, les revenus générés sur internet ne permettent pas de faire du tout internet une option viable.

«L’audience est une chose. Monétiser cette audience est le vrai défi», a-t-il expliqué.

John Vrooman, professeur à l’université Vanderbilt et spécialiste de l’économie du sport, considère lui que ce choix de retransmission peut devenir la norme, à terme, «mais la révolution du streaming va prendre du temps».

Forte de cette première expérience, la NFL a visiblement l’intention d’aller plus loin.

Lors des récentes négociations pour la case du jeudi soir, elle a imposé aux deux grandes chaînes gratuites NBC et CBS de partager la diffusion avec une plateforme internet.

«La bonne nouvelle pour nous est que (nos) spots (…) seront aussi diffusés sur la plateforme en ligne. Du coup, cela représente simplement des revenus supplémentaires pour nous », a souligné Sean MacManus, tout en admettant qu’il aurait préféré avoir l’exclusivité du programme.

«Je l’ai trouvé très poli», s’est amusé Barney Francis, le directeur opérationnel du groupe britannique de télévision Sky Sports, détenteur des droits du championnat anglais de football pour plusieurs pays, qui est intervenu après lui lors de la conférence Leaders.

«Pour l’instant, la Premier League (championnat anglais de football) ne propose pas ce genre d’alternative (gratuitement via internet). Mais s’ils le font un jour, cela pourrait avoir un impact sur la valeur» du championnat, a-t-il ajouté.

La diffusion en ligne permet d’accéder à un public plus large que la télévision traditionnelle, un argument de poids pour une ligue qui veut se développer à l’international, comme la NFL.

Internet a les moyens

Elle permet aussi d’atteindre plus efficacement les jeunes, qui regardent de moins en moins la télévision sur un poste dédié.

La question de la qualité de l’image d’une diffusion en «streaming» pose aujourd’hui question, mais l’amélioration constante des capacités pourrait y remédier à moyen terme.

Apple, Google ou Netflix figurent parmi les sociétés les plus puissantes financièrement et ont les moyens, si elles le décident, de concurrencer les grands groupes de télévision pour l’acquisition de droits sportifs.

Lors d’une conférence début décembre, le responsable du contenu de Netflix, Ted Sarandos, a indiqué qu’il ne serait prêt à se lancer dans le sport qu’avec une compétition créée par la plateforme internet elle-même.

«Renoncer au câble (encore dominant aux Etats-Unis) et choisir le streaming, c’est l’avenir pour tous les médias», estime John Vrooman.

Néanmoins, si le câble, destination majeure du sport avec le réseau ESPN en tête, est en perte de vitesse aux Etats-Unis, il ne le voit pas disparaître dans un avenir proche.

Pour lui, l’alliance du câble et de la diffusion directement sur internet «sera le nouveau modèle économique quand les contrats télé des principaux championnats aux Etats-Unis arriveront à échéance, en 2021 et 2022».

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