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Sim-Ortho d’OSSimtech: un «jeu vidéo» qui sauve des vies

Photo: OSSimTech

L’entreprise montréalaise OSSimTech fabrique des simulateurs haute fidélité pour former 
les futurs chirurgiens orthopédistes partout dans le monde.

Le patient est sur une table d’opération pour une discectomie cervicale antérieure avec fusion. Le chirurgien résident pousse à deux mains sur un burin pour enlever des ostéophytes sur la vertèbre C4. Malheureusement, l’os est fragile, et son outil est puissant. Il appuie avec trop de force, perce un trou dans la vertèbre et traverse la moelle épinière. Une erreur médicale catastrophique.

Heureusement, le burin entre ses mains est en plastique, et l’opération en question n’est qu’une simulation, réalisée sur le Sim-Ortho 
d’OSSimTech. L’appareil, qui se vend 125 000$US (environ 
155 000$CAN), est une petite merveille technologique. Il permet de reproduire de véritables opérations ouvertes avec un réalisme déconcertant. Métro a eu la chance de l’essayer récemment.

Un écran 3D à plat reproduit le corps du patient à opérer, alors qu’un second affiche des radiographies et d’autres images du genre. Les outils que l’on utilise entre nos mains ont la même forme que ceux qu’on trouve dans les salles de chirurgie, et la résistance qu’offrent les os lorsqu’on tente de les percer (virtuellement) est réaliste. Chaque opération est basée sur un cas réel, avec des données et des images que l’étudiant en chirurgie doit apprendre et analyser avant de faire son opération.

«On permet aux étudiants de s’entraîner à opérer sans faire d’erreur sur les patients», explique Gabriel Rivest, directeur responsable du développement de produit et de la commercialisation chez OSSimTech.

L’entreprise, qui a été fondée en 2013, n’est pas la seule à produire des simulateurs haute fidélité, mais les autres appareils sur le marché sont généralement conçus pour les opérations plus délicates. Les chirurgies orthopédiques visées par le Sim-Ortho, celles qui touchent le système locomoteur, sont dans une classe à part. «L’orthopédie est très manuelle, proche de la menuiserie», illustre Gabriel Rivest. Les médecins doivent appliquer une certaine force sur leurs outils pendant les opérations, et c’est ce que mesure le simulateur.

En s’exerçant régulièrement avec l’appareil, un résident peut arriver dans une véritable salle d’opération avec un certain savoir-faire, même s’il en est à sa première expérience sur un patient.

Un simulateur 
fabriqué à Montréal
Dans les bureaux d’OSSimTech à Griffintown, 35 employés – des ingénieurs, des artistes 3D et des spécialistes médicaux pour ne nommer que ceux-là – s’affairent à produire les prochaines versions du simulateur. Le Sim-Ortho 
est déjà utilisé dans une vingtaine d’hôpitaux dans le monde, notamment en Chine, en Inde, au Canada, en Arabie saoudite et aux États-Unis, mais son développement se poursuit. L’entreprise a d’ailleurs obtenu un prêt de 2 150 000$ en décembre de la part du gouvernement du Québec pour l’intégration d’une nouvelle application au simulateur afin de reproduire les chirurgies ouvertes liées aux traumas orthopédiques.

L’assemblage des simulateurs se fait à la main, deux étages plus bas. Une grande partie des éléments qui entrent dans la composition de l’appareil sont fabriqués dans la région de Montréal. «C’est un choix qu’on a fait. Quand quelque chose ne fonctionne pas, tu décroches le téléphone, tu parles en français à quelqu’un et tu peux être sur place en 15 minutes. Ça facilite beaucoup le processus, travailler avec des partenaires 
locaux», précise Gabriel Rivest.

La conception montréalaise du Sim-Ortho est particulièrement manifeste dans son logiciel, qui rappelle un jeu vidéo, un secteur d’où proviennent plusieurs employés de l’entreprise. «C’est tout à fait volontaire, et je dis d’ailleurs souvent qu’on fait du jeu vidéo sérieux», lance Gabriel Rivest.

La comparaison peut surprendre pour un appareil médical, mais lorsqu’on l’essaie pour la première fois, la parenté avec l’univers du jeu vidéo est évidente. Le simulateur affiche des conseils pendant le chargement des opérations, l’interface du logiciel rappelle celle des jeux vidéo et chaque élément des opérations est noté après la simulation pour permettre à l’étudiant de s’améliorer, comme un joueur pourrait le faire en accumulant des étoiles à la fin d’un tableau.

Il y a toutefois une différence de taille entre les deux: ici, les joueurs n’utilisent pas l’appareil par plaisir, mais pour apprendre à sauver des vies.

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