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Électrique, autonome, démocratique: à quoi ressemblera la mobilité du futur?

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Il y a plus de 25 millions de sièges vides en mouvement tous les jours, au Québec. Photo: 123rf

Si le salon de l’automobile Montréal met cette année, du 17 au 26 janvier, l’accent sur le futur florissant du véhicule électrique, et lui offre même un étage dédié, les experts, eux, n’envisagent pas un futur tout-électrique. «La démocratisation de la voiture électrique ne résoudra pas nos problèmes de mobilité», explique Dardan Isufi, co-fondateur de la startup Eva.

«Il y a plus de 25 millions de sièges vides en mouvement tous les jours, au Québec, dont plus de 15 millions à Montréal seulement. Qu’ils soient dans un véhicule électrique ou essence ne change rien au problème.» – Dardan Isufi, co-fondateur de la startup Eva

Même constat pour Razzy Hammadi, ancien député français et directeur général de News Tank Cities, une structure indépendante traitant des domaines du logement, de l’habitat, de l’urbanisme ou encore des mobilités. La guerre au véhicule à essence est, pour lui, inutile.

Il rappelle d’ailleurs qu’un rapport de 2016 publié par l’agence française de l’Environnement et la maîtrise de l’Énergie (ADEME) démontre qu’il faut «environ 70 000 MJ (mégajoules, ndlr) pour fabriquer une voiture essence ou Diesel, contre 120 000 MJ pour construire une électrique». «On voit bien qu’il faut se garder de tout manichéisme et de tout simplisme lorsqu’on évoque ce sujet», ajoute-t-il.

Il dénonce également l’hypocrisie de certaines villes européennes, qui annoncent le cap des 0 voitures thermiques présentes sur leurs routes dans les 10 ou 15 années à venir. «Ces villes obligent-elles pour autant les promoteurs à installer une borne de recharge pour chaque place de parking? La réponse est non.»

Pas non plus de véhicules autonomes

Difficile également d’imaginer un futur proche mis sous le signe des véhicules autonomes, selon les experts. En ville, les infrastructures nécessaires pour le bon fonctionnement de ces voitures demanderaient une refonte totale de notre urbanisme, selon le co-fondateur d’Eva.

«Si l’on parvient aujourd’hui à des résultants probants pour les cohortes de semi-remorques avec voie dédiée», l’utilisation en ville reste inaccessible à l’heure actuelle, ajoute Razzy Hammadi. Il ajoute que «l’arrivée de ces voitures ne changera d’ailleurs pas grand chose aux problèmes de mobilité que nous rencontrons déjà aujourd’hui.»

«L’arrivée de nouvelles technologies ne veut pas dire que d’autres bêtises humaines ne peuvent pas voir le jour. Il n’y a pas grande difficulté à imaginer des dizaines de voitures autonomes, avec un seul passager à bord, bloquées dans des embouteillages monstres..» – Razzy Hammadi, ancien député français et directeur général News Tank Cities

Une mobilité partagée et mutualisée

Pour les deux hommes, le futur de la mobilité réside donc dans son partage et sa mutualisation. «Il faut une continuité interurbaine et interrégionale complète», affirme Razzy Hammadi.

Les nouvelles et futures technologies auront un rôle majeur à jouer dans la transformation des transports et de notre mobilité. «Le big data et son traitement, l’open data, demain l’internet quantique.. toutes ces technologies permettront de prévoir plus rapidement et plus sûrement les flux de circulation, ainsi que les modes de déplacements de tous», affirme-t-il.

Une démocratisation intelligente est également nécessaire, ainsi qu’une pluralité d’alternatives en terme de transports, selon Dardan Isufi.

«Les utilisateurs doivent reprendre le contrôle de leur mobilité, qu’ils ont perdu avec la voiture personnelle et tous les problèmes liés à celle-ci.» – Dardan Isufi, co-fondateur de la startup Eva

C’est d’ailleurs pour ces raisons qu’Eva a vu le jour. La jeune startup propose un service similaire aux Uber et Lyft, actuels monopoles du marché. À la différence près que cette jeune pousse est, elle, basée sur un modèle coopératif et démocratique, sans intermédiaire direct. «Nous redonnons le pouvoir à nos utilisateurs grâce au système de chaîne de blocs (blockchain, en anglais)», explique ses équipes.

La coopérative créée par l’entreprise est détenue par ses membres. Ils y gèrent sa tarification, son offre de services et ses propres valeurs d’entreprise. «On veut ainsi innover sur le plan technologique et social avec un réseau pair à pair de coopératives locales», expliquait son cofondateur à Métro au moment de son lancement dans la métropole.

«Les citoyens ont une volonté de se réapproprier de manière intelligente et plus efficace la façon dont ils se déplacent. Cette tendance jouera beaucoup sur le futur de notre urbanisme. Aux villes et aux entreprises de les écouter et de travailler avec eux», conclut le co-fondateur.

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