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ICO, la récolte de fonds via la blockchain

Photo: Getty Images

Quelques années après l’apparition de Bitcoin, certains esprits ingénieux ont imaginé de récolter des fonds en ayant recours à la blockchain par le mécanisme des initial coin offerings (ICO). Comme leur nom l’indique, les ICO consistent à mettre en vente sur internet, de façon assez comparable aux introductions en Bourse, des actifs numériques dont l’usage et la valeur sont théoriquement liés à un projet.

On attribue généralement l’invention de ce système de financement participatif alternatif au développeur américain J.R. Willett, avec l’invention en 2012 de son Mastercoin. Son concept est d’utiliser le réseau Bitcoin comme intermédiaire pour des protocoles de niveau supérieur permettant de nouvelles règles d’émission de tokens sans toucher aux bitcoins, ni créer de chaîne alternative.

Au Québec, l’Autorité des marchés financiers appelle ces opérations premières émissions de cryptomonnaies (PEC), les observe d’un œil suspicieux et met fréquemment en garde les investisseurs sur leur nature spéculative «à très haut risque» .

Le mode opératoire d’une première émission suit habituellement trois étapes : l’annonce du lancement du projet pour éveiller l’intérêt de potentiels investisseurs destinés à former une communauté en y adhérant; une sorte de constitution est établie, avec la précision des droits des investisseurs, des objectifs, de l’échéancier; et enfin, la mise en circulation des jetons.

«La fiabilité n’est pas normée, ni contrôlée. Elle peut être incomplète ou inexacte et dépendra de la compétence dans ce domaine du porteur de projet», rappelle Thierry Granier, le professeur au Centre de droit économique à l’Université d’Aix-Marseille.

Le risque se montre bien réel, des émetteurs ont déjà disparu dans la nature après avoir rassemblé des sommes élevées. À cela s’ajoute le fait que de nombreux cryptoentrepreneurs ne parviennent tout simplement pas à obtenir des résultats, malgré une ICO fructueuse.

Même si leur méthodologie reste discutable, des chercheurs de Boston ont estimé d’ailleurs que 56% des start-up crypto mettent la clé sous la porte dans les quatre mois qui suivent l’émission de leurs jetons.

Bref, pour investir dans une ICO, mieux vaut donc redoubler d’attention en faisant ses devoirs. Il est important d’analyser les livres blancs, de s’intéresser aux membres de l’équipe fondatrice, de jauger leurs compétences en tech à partir de leur expérience professionnelle, de s’assurer des règles de détention des jetons numériques, etc.

Des recherches s’avèrent nécessaires, en veillant au maximum à la fiabilité des sources. Une technique souvent riche d’enseignement consiste à vérifier l’avis d’autres investisseurs potentiels ou les critiques de porteurs de projets concurrents.

Des sites de classement d’ICO existent également mais on ne peut guère leur faire aveuglément confiance. L’un des plus fréquemment mentionné, et il est vrai, bien structuré, se nomme CoinSchedule.

Le revers de la médaille commerciale des ICO a en revanche été clairement décrit par Vitalik Buterin, le créateur de la blockchain Ethereum, citant par exemple l’absence de certitude quant à la juste valeur du jeton ou encore de limite des pré-ventes, ce qui risque de diluer la valeur accordée par les premiers investisseurs.

D’un autre côté, si vous hésitiez à recourir à ce mécanisme en tant qu’entrepreneur, concédons que les ICO ne présentent pas que des inconvénients, bien au contraire. Dans un récent article, le chercheur Paul P. Momtaz, de l’École de gestion de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), dresse un court inventaire des avantages des ICO. Ces appels au public d’un nouveau genre permettent notamment de réunir des fonds pour des coûts de transactions proches de zéro ou encore de cerner très tôt la demande du marché.

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