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Cet «avocat» kényan qui a offert 50 vaches pour la main de Malia Obama? Quelques problèmes…

Photo: capture d'écran

Règle numéro un de l’internet: quand on voit une histoire abracadabrante, il faut TOUJOURS aller voir la source.

L’histoire a fait le tour du web: un avocat kényan offre «Cinquante vaches, 70 moutons et 30 chèvres pour la main de la fille d’Obama», Malia (qui a 16 ans, en passant).

Il aurait dit qu’il veut faire une offre formelle au président Obama lorsqu’il visitera le pays en juillet.

L’«avocat» en question, Felix Kiprono, a rajouté qu’il ressentait un «vrai amour» pour l’adolescente, qu’il voulait lui montrer «à traire une vache, à cuisiner l’ugali (un gruau de maïs) et à préparer le mursik (lait aigre traditionnel) comme toutes les autres femmes kalenjin», selon ce que rapportait l’AFP, en citant un article du journal kényan The Nairobian.

Il a aussi affirmé avoir l’œil sur Malia depuis 2008. Elle avait alors… 10 ans.

Ouache.

L’histoire a explosé, mais tous les articles citaient une entrevue accordé au Nairobian, sans pour autant renvoyer de lien à la source.

L’article n’est en effet pas très facile à trouver. Il faut faire une recherche Google par site pour le trouver.

L’entrevue en question comporte tous les éléments qu’on y attribue. Par contre, on gagne à aller voir les autres articles publiés par The Nairobian, qui se dit un journal de « divertissement ».

Voici d’autres articles qui apparaissent dans la section du journal où est apparue notre histoire: «Pourquoi les femmes kényanes aiment avoir des amants secrets»; «Rencontrez les jeunes filles kényanes assoiffées d’argent qui ne veulent que se dénuder dans des films pornos»; «Films pornos filmés en plein jour au Kénya, une société ‘très chrétienne’»; «La porno bat les universités en termes de recherches internet»…

Et ainsi de suite.

Ce n’est pas du grand journalisme, donc.

Le journal se targue même de sa réputation salace, citant un reportage britannique, qui affirmait du journal qu’il «met de l’avant les scandales sexuels, la corruption et les exposés juteux».

Moins New York Times et plus New York Post, genre.

Et qu’en est il de notre «avocat», Felix Kiprono? Ce n’est pas la première fois qu’il défraie les manchettes au Kenya.

En octobre 2014, il avait essayé de faire le coup d’État le plus étrange de l’histoire du monde, en suggérant à la Cour kényane qu’elle remplace le président, Uhuru Kenyatta, par son vice-président, William Ruto, alors que le président était à l’extérieur du pays. (Il a retiré sa pétition quelques semaines plus tard.)

À la suite de ces événements, on a découvert que M. Kiprono n’était en fait pas un avocat! Il n’est pas membre du barreau kényan (et il affirme d’ailleurs ne pas avoir besoin d’être membre du barreau pour être avocat). Il est plutôt étudiant à la maîtrise.

Ça enlève, disons, un peu de sa crédibilité.

Voici encore un autre article concernant M. Kiprono. Nul besoin de le résumer, le titre suffit: «‘Avocat de Ruto’ porte du rouge à lèvres, mais affirme qu’il n’est pas gai».

Ouais.

Est-ce que l’inspecteur est le seul à penser que M. Kiprono est un peu beaucoup en quête d’attention et que The Nairobian (ainsi que les sites qui ont repris l’histoire) est un peu beaucoup en quête de clics?

Nous n’avons pas eu assez de grands raconteurs d’histoires dans les médias cette semaine? (*ahem*)

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