La pauvreté des débats

Trop souvent, le débat public devient de l’acharnement. À ce moment-là, il ne sert plus la société et il n’améliore ni la condition des citoyens ni le bien commun. Trop souvent, il sert seulement à diviser la population et à enrichir le quatrième pouvoir.

Loin de moi l’idée de faire une carrière politique. Je ne serai jamais capable de baisser mes culottes pour plaire à la majorité. Majorité qui est de plus en plus stupide, soit dit en passant. Voilà, c’est dit. J’ai ce syndrome narcissique occasionnellement.

Depuis quelques années, la qualité des débats dans les médias et sur Facebook est en chute libre. Les livres s’empoussièrent dans les bibliothèques. Les images de burkinis et de pitbulls sont partout. Notre société est apolitisée, les bancs d’école se vident, il est de plus en plus facile de survivre sans effort, le strict minimum intellectuel est à la mode. Tout pour détourner l’attention des vrais enjeux. Le sujet le plus payant dans les médias? Les minorités religieuses, la différence, le niqab et le burkini. Nos politiciens participent à cette bêtise en menant des campagnes sur ces sujets. L’austérité fait des ravages dans les hôpitaux et les CHSLD. Il y a des coupes sans précédent dans nos CPE et nos écoles. Le pays pourrait être au bord de la faillite, perdre ses richesses naturelles, l’écart entre les riches et les pauvres pourrait devenir gigantesque; peu importe, un seul mot restera sur toutes les lèvres : burkini.

Au lieu de parler d’enjeux importants, Jean-François Lisée mène sa campagne autour de la question identitaire. On dirait un vieux conseiller politique qui fonde ses opinions sur les sondages. Tant et aussi longtemps que certains politiciens agiront ainsi, le mouvement indépendantiste du Québec reculera. Élever le débat est un concept noble qu’ont évacué de leur agenda les politiciens et les médias. Idem pour le pouvoir d’amener le regard des gens sur des questions éducatives et des enjeux essentiels pour notre société. Je suis devenu indépendantiste grâce aux discours de Chartrand et de Bourgault, des hommes passionnés et passionnants. René Lévesque devant son tableau, la pédagogie de Jacques Parizeau, l’œuvre de Gilles Carle, les conférences de Pierre Falardeau… Les sujets et le débat public étaient intéressants. Le projet de société était bien vivant. Désormais, il ne reste que ce vide géant à combler, comme une vieille peine d’amour.

Enfin, depuis ce temps, la politique québécoise a bien changé. Les débats futiles prennent toute la place. C’est bon pour les lâches, c’est bon pour les indépendantistes sans colonne, les perdants des derniers référendums, les vieux Québécois grognons qui n’ont plus envie de se battre. À quoi bon se battre? C’est tellement plus facile de juger les autres et de les montrer du doigt. Pensez-vous vraiment que vous allez intéresser les jeunes et les nouveaux arrivants à l’idée de faire un pays? Capitaliser sur l’imbécillité humaine, quelle honte. Le vrai défi est de convaincre, pas d’entretenir; le vrai défi est d’éduquer, pas d’abêtir.

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