Dr Arruda doit remettre un cadeau qu’il a reçu pour respecter son code d’éthique

Photo: Facebook, Studio Artefact/La Presse canadienne

QUÉBEC — Depuis le début de la pandémie, le Dr Horacio Arruda s’est acquis un véritable statut de vedette, qui lui vaut diverses marques d’affection et des cadeaux de toutes sortes du public, dont une statuette à son effigie qu’il devra remettre à l’État, selon ce qu’a appris La Presse canadienne.

Le directeur national de la santé publique n’a pas le choix de se départir de l’oeuvre d’art dont la valeur dépasse ce qui est considéré comme «acceptable» selon le Règlement sur l’éthique et la déontologie des administrateurs publics, a conclu le ministère de la Santé après plus d’une semaine d’analyse. 

La statuette, d’une trentaine de centimètres, a été fabriquée par le Studio Artefact, de Montréal, à l’aide de l’impression 3D. C’est le directeur du design de l’entreprise, Louis-Philippe Dugré-Thibaudeau, qui a livré l’oeuvre au Dr Arruda en publiant le 8 mai sur Facebook: «Une oeuvre colorée pour un homme qui l’est tout autant».

Le ministère de la Santé souligne qu’en vertu de l’article 14 du Règlement sur l’éthique, «l’administrateur public ne peut accepter aucun cadeau, marque d’hospitalité ou autre avantage que ceux d’usage et d’une valeur modeste. Tout autre cadeau (…) doit être retourné au donateur ou à l’État».

Il a été décidé que la statuette sera remise à l’État et exposée dans les locaux du ministère de la Santé, a indiqué Marie-Louise Harvey, du Service des affaires publiques et stratégies. «La statuette, accompagnée d’une légende explicative, sera donc accessible à l’ensemble des employés ainsi qu’aux visiteurs», a-t-elle déclaré.

Les cadeaux, une «marque de mobilisation»  

La vingtaine d’autres cadeaux qu’Horacio Arruda a reçus sont majoritairement des attentions de la population dont la grande partie a été fabriquée à la main, a expliqué Mme Harvey.

Par exemple, le Dr Arruda s’est fait offrir une blouse d’hôpital avec son nom brodé dessus, des couvre-visages, un savon en forme de tartelette, un t-shirt «Courage, ça va bien aller» ainsi qu’un nombre «important» de cartes, de lettres et de dessins d’enfants. Ces objets ont une valeur «beaucoup plus émotive que monétaire», a tranché le ministère. 

Il estime par ailleurs que les Québécois peuvent absolument continuer d’envoyer des cadeaux, puisqu’il s’agit là d’une façon «d’exprimer leur gratitude» envers le Dr Arruda, qui est devenu un acteur de leur quotidien.

«En cette période où la solidarité est de mise, le ministère interprète ce geste comme une marque de mobilisation de la part de ces personnes et suppose que la manifestation de cette gratitude contribue à leur bien-être», a affirmé Mme Harvey.

«Dans la mesure où le geste n’est pas excessif, le ministère ne voit pas le besoin de réprimer ces attentions. D’ailleurs, le Règlement sur l’éthique et la déontologie des administrateurs publics est un outil permettant de baliser cette pratique.»

Le 12 mai dernier, le Dr Arruda avait déclaré en conférence de presse recevoir plusieurs cadeaux du public. «Depuis le mois de janvier, je travaille jour et nuit avec tout un réseau (…) pour véritablement vaincre ce virus, a-t-il dit. On m’a exprimé énormément (…) d’amour. Je reçois des lettres, je reçois des cadeaux.»

Ce jour-là, le haut fonctionnaire était en larmes. Il s’est excusé au Québec tout entier d’avoir fait une danse du confinement sur le web, alors que les décès continuaient de s’accumuler à Montréal. La danse — et les excuses publiques qui ont suivies — ont polarisé les Québécois. 

À titre de directeur de la santé publique et sous-ministre adjoint, le Dr Arruda doit conseiller et assister la ministre de la Santé et le sous-ministre dans l’exercice de leurs responsabilités en santé publique.

Caroline Plante, La Presse canadienne

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