Trump et Biden mènent des campagnes très différentes en temps de pandémie

President Donald Trump stands on stage after speaking at a campaign rally at Smith Reynolds Airport, Tuesday, Sept. 8, 2020, in Winston-Salem, N.C. (AP Photo/Evan Vucci) Photo:
Zeke Miller et Alexandra Jaffe - The Associated Press

WINSTON-SALEM, N.C. — La Caroline du Nord limite les rassemblements en plein air à 50 personnes pour empêcher la propagation du coronavirus, mais ne le dites pas au président Donald Trump. Il a pris un bain de foule de plusieurs milliers de partisans – principalement sans masques – lors d’un rassemblement électoral dans cet État critique.

«À perte de vue», a déclaré M. Trump, qui se délectait de la vue de personnes bafouant les directives de santé publique lors de l’événement de mardi. «Je crois vraiment que ces foules sont plus importantes qu’elles ne l’étaient il y a quatre ans.»

Un jour plus tôt en Pennsylvanie, l’adversaire démocrate de M. Trump, Joe Biden, a participé à une réunion socialement éloignée dans une arrière-cour. Son équipe a été si attentive aux réglementations locales que certains membres du personnel ont quitté la salle s’ils risquaient d’enfreindre les règles sur les limites de foule.

«Je m’ennuie vraiment de pouvoir, vous savez, attraper les mains et serrer les mains, a récemment déclaré M. Biden à ses partisans. On ne peut pas faire ça ces jours-ci.»

À moins de huit semaines des élections du 3 novembre, MM. Trump et Biden adoptent des approches diamétralement opposées pour faire campagne pendant une pandémie – et les différences ne sont pas que du théâtre politique. Les candidats expriment dans les faits différentes visions pour le pays. M. Biden met l’accent sur les lignes directrices soutenues par les responsables locaux de la santé, tandis que M. Trump dénonce les restrictions qui, selon lui, sont motivées par des raisons politiques.

«Au fait, votre État devrait être ouvert», a déclaré le président en Caroline du Nord, où il s’est disputé avec le gouverneur démocrate Roy Cooper au sujet des projets abandonnés d’organiser la convention nationale républicaine à Charlotte.

«C’est vous, c’est le Michigan, c’est quelques autres», a ajouté M. Trump, qui y voit une ligne d’attaque puissante dans des États pivots dirigés par des démocrates.

L’entourage de Trump suggère que le président voit ses rassemblements comme une manifestation de la réouverture qu’il prêche, qu’il considère comme vitale pour la reprise économique et que veulent les électeurs. Décochant une flèche à ceux qui mettent en garde contre une réouverture trop rapide, M. Trump a suggéré que ces États rouvriraient soudainement le lendemain des élections, lorsque les opposants prônant la prudence ne pourront plus nuire à sa réélection.

Au même moment, cela oppose le président aux conseils de santé publique de sa propre administration, ce qui lui a attiré les critiques du docteur Anthony Fauci, le plus grand spécialiste des maladies infectieuses du pays. Le docteur Fauci a déclaré mercredi à CBS qu’il était frustré par le retour de M.Trump en campagne. «Nous voulons donner l’exemple», a-t-il déclaré à propos des dirigeants.

L’attachée de presse de la Maison-Blanche, Kayleigh McEnany, a rejeté la suggestion selon laquelle M. Trump devrait se conformer aux directives locales. «Nous pensons que si les gens veulent se présenter et exprimer leurs opinions politiques, c’est leur choix de le faire», a-t-elle déclaré aux journalistes mercredi.

Les événements extérieurs étaient auparavant rares pour M. Trump, qui préfère l’écho assourdissant et la climatisation des amphithéâtres intérieurs. Mais dans la foulée d’un rassemblement en Oklahoma en juin, où les dizaines de milliers de personnes attendues ne se sont jamais concrétisées, sa campagne a décidé de se déplacer vers des hangars et des tarmacs d’aéroport où les risques sont moins grands.

Une seule chose qui est restée la même: se targuer de la taille de ses foules comparativement à celles de M. Biden.

«S’il avait 200 personnes, je pense que ce serait beaucoup, a déclaré mardi M. Trump au sujet de son adversaire. Avez-vous déjà vu les gymnases avec les cercles? C’est sa foule. S’il avait 200 personnes.»

Les foules de M. Biden, en fait, ont été beaucoup plus modestes. L’ancien vice-président est apparu en public avec parcimonie depuis la pandémie et avec le plus strict respect des directives des États: 25 personnes en Pennsylvanie, dix personnes à l’intérieur dans le Michigan et des masques obligatoires partout. L’approche de M. Biden reflète la réticence de nombreux de ses partisans à assister à de grands rassemblements.

Pour quelqu’un qui n’a jamais été à son meilleur dans un amphithéâtre, les petits événements permettent à M. Biden d’avoir des interactions plus personnelles avec des représentants d’importants blocs électoraux, y compris des dirigeants syndicaux et communautaires.

Mais ils lui permettent également d’éviter en grande partie toute controverse créée par un détracteur ou un manifestant, avec qui il a eu maille à partir à plusieurs reprises lors de sa campagne avant la pandémie.

Même lorsque M. Biden est confronté à des foules organiques de supporters, il a rarement la possibilité d’une interaction non scénarisée avec eux.

Alors que M. Biden prononçait la semaine dernière un discours axé sur la réponse de l’administration Trump au coronavirus dans un bâtiment universitaire de Pittsburgh, une foule de plus de 100 personnes s’est rassemblée et a continué à arriver alors même que son événement se terminait.

Ils ont scandé «Nous voulons Joe!» et agité des affiches à son nom, certaines artisanales. Mais après son discours, M. Biden est resté à l’intérieur du bâtiment pour assister à une collecte de fonds virtuelle, puis est brusquement parti distribuer des pizzas dans une caserne de pompiers voisine sans approcher les supporters.

Trois jours plus tard, après que M. Biden se soit rendu à Kenosha, dans le Wisconsin, sa femme Jill et lui se sont arrêtés au domicile d’un partisan à Wauwatosa, une banlieue de Milwaukee.

Avec autant de personnes confinées chez elles, la présence du cortège de M. Biden dans une petite rue a attiré plus de 200 personnes sur leur balcon ou dans la rue. Les Bidens ont passé plus d’une demi-heure à se réunir avec deux enseignants et un parent soucieux de reprendre l’apprentissage en personne pendant la pandémie.

La foule a applaudi et scandé «Go Joe !,» mais la réunion privée a duré si longtemps que M. Biden n’a interagi avec eux que pendant moins d’une minute. Alors qu’il partait, il a marché jusqu’au milieu de la rue puis, entouré d’agents des services secrets, a hurlé: «N’oubliez pas de voter!»

Plus tôt cette semaine, cependant, M. Biden a pris un moment après un événement à Lancaster, en Pennsylvanie, pour saluer une foule d’environ deux douzaines de partisans qui s’étaient rassemblés de l’autre côté de la rue. Flanqué d’agents des services secrets, il a dit quelques mots à la foule sur sa conviction que les Américains peuvent tout faire lorsqu’ils sont unis et sur la nécessité de voter, puis s’est brièvement entretenu avec les journalistes et est parti.

Plus tard dans la journée, M. Biden a salué une foule d’environ 100 personnes depuis la fenêtre du siège du syndicat AFL-CIO en Pennsylvanie, mais a refusé de s’approcher après avoir quitté le bâtiment.

Zeke Miller et Alexandra Jaffe, The Associated Press




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