Le vaccin contre la COVID-19 s’invite dans la campagne américaine

Democratic presidential candidate former Vice President Joe Biden gives the thumbs up as he arrives to pose for photographs with union leaders outside the AFL-CIO headquarters in Harrisburg, Pa., Monday, Sept. 7, 2020. (AP Photo/Carolyn Kaster) Photo:
Darlene Superville - The Associated Press

WASHINGTON — L’éventualité d’un vaccin pour protéger les Américains de la COVID-19 s’est invitée dans la campagne électorale, quand le président Donald Trump a accusé les démocrates de «dénigrer» à des fins politiques un vaccin qui, a-t-il assuré à plusieurs reprises, pourrait être disponible avant les élections.

«C’est tellement dangereux pour notre pays, ce qu’ils disent, mais le vaccin sera très sûr et très efficace», a promis le président lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche.

M. Trump a lancé l’accusation après que la sénatrice Kamala Harris, la candidate à la vice-présidence des démocrates, eut déclaré qu’elle «ne ferait pas confiance à sa parole» pour obtenir le vaccin. «Je ferais confiance à la parole des experts en santé publique et des scientifiques, mais pas à Donald Trump», a déclaré Mme Harris.

Quand on a demandé au candidat présidentiel démocrate Joe Biden s’il recevrait un vaccin contre la COVID-19, il a répondu que oui, mais qu’il souhaite également voir ce que les scientifiques en pensent.

M. Biden a rappelé que M. Trump a dit «tant de choses qui ne sont pas vraies, je suis inquiet si nous avons un très bon vaccin, les gens vont être réticents à le prendre. Il mine donc la confiance du public».

Pourtant, l’ancien vice-président a déclaré: «Si je pouvais me faire vacciner demain, je le ferais, me si cela me coûtait l’élection, je le ferais. Nous avons besoin d’un vaccin et nous en avons besoin maintenant».

Mme Harris, une démocrate californienne, a lancé dans une entrevue à CNN diffusée dimanche qu’elle ne ferait pas confiance à un vaccin contre le coronavirus s’il était prêt à la fin de l’année, car «il y a très peu de choses qui sortent de la bouche de Donald Trump et auxquelles nous pouvons faire confiance». Elle a ajouté que les scientifiques seraient «muselés» parce que M. Trump se concentre sur sa réélection.

M. Trump a rejeté ses commentaires comme étant une «rhétorique anti-vaccin imprudente» conçue pour nuire à l’effort de préparation rapide d’un vaccin contre une maladie qui a tué environ 190 000 Américains et en a infecté plus de six millions d’autres, selon un décompte de l’Université Johns Hopkins.

Le président a insisté sur le fait qu’il n’avait pas dit qu’un vaccin pourrait être prêt avant novembre, bien qu’il l’ait dit à plusieurs reprises – et aussi récemment que vendredi dernier.

Le président a ensuite dit ce qu’il venait de nier avoir jamais dit.

«Ce que j’ai dit, c’est d’ici la fin de l’année, mais je pense que cela pourrait même être plus tôt que cela, a-t-il déclaré à propos d’un vaccin. Cela pourrait être pendant le mois d’octobre, en fait pourrait être avant novembre.»

M. Trump en a rajouté mardi, lors d’un événement électoral en Caroline du Nord. Affirmant qu’un vaccin sera prêt «dans quelques semaines», il a vertement attaqué M. Biden et Mme Harris: «Au lieu de dire ‘c’est merveilleux, on va sauver des vies’, il essaient de dénigrer ça. Ils en font une question politique.»

Dans le cadre d’un programme que M. Trump appelle «Operation Warp Speed», l’objectif est d’avoir 300 millions de doses d’un vaccin contre le coronavirus en stock d’ici janvier. Il a dépensé des centaines de milliards de dollars sur ce qui représente un pari énorme, puisque le développement de vaccins prend généralement des années.

On s’inquiète de l’influence politique sur la mise au point d’un vaccin et de savoir si un vaccin produit dans le cadre de ce processus sera sûr et efficace.

Le docteur Anthony Fauci, le plus grand expert du gouvernement américain en maladies infectieuses et membre du groupe de travail sur les coronavirus de la Maison-Blanche, a déclaré à CNN la semaine dernière qu’il était peu probable, mais «pas impossible», qu’un vaccin puisse être approuvé en octobre, au lieu de novembre ou décembre.

Le docteur Fauci a ajouté qu’il était «à peu près assuré» qu’un vaccin ne serait pas approuvé pour les Américains, à moins qu’il ne soit à la fois sûr et efficace.

Stephen Hahn, le commissaire de la Food and Drug Administration des États-Unis, a déclaré que l’agence ne couperait pas les coins ronds en évaluant les vaccins, mais qu’elle viserait à accélérer ses travaux. Il a expliqué au Financial Times la semaine dernière qu’il pourrait être «approprié» d’approuver un vaccin avant la fin des essais cliniques si les avantages dépassaient les risques.

La porte-parole de la Maison-Blanche, Kayleigh McEnany, a quant à elle donné l’assurance que M. Trump «ne sacrifiera en aucun cas la sécurité» lorsqu’il s’agit d’un vaccin. Et les dirigeants de cinq grandes sociétés pharmaceutiques se sont engagés à ce qu’aucun vaccin ou traitement contre la COVID-19 ne soit approuvé, même pour une utilisation d’urgence, sans preuve de leur sécurité et de leur efficacité.

Certaines préoccupations ont été suscitées par une lettre en date du 27 août dans laquelle le docteur Robert Redfield, le directeur des Centers for Disease Control and Prevention, demande aux gouverneurs d’aider l’entreprise McKesson à s’assurer que les installations de distribution de vaccins soient opérationnelles avant le 1er novembre.

M. Redfield n’a pas dit qu’un vaccin serait prêt d’ici là.

Trois vaccins contre la COVID-19 font actuellement l’objet d’essais cliniques de phase 3 aux États-Unis.

Chaque étude recrute environ 30 000 personnes qui recevront deux vaccins, à trois semaines d’intervalle, puis seront surveillées pour les infections à coronavirus et les effets secondaires pour une période allant d’une semaine à deux ans.

Darlene Superville, The Associated Press




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