Trump fait valoir ses gains en politique étrangère pour séduire les électeurs

Donald Trump Photo: Andrew Harnik/AP

WASHINGTON — Au cours des deux dernières semaines, le président Donald Trump a décroché une série de victoires diplomatiques qu’il a soulignées auprès des électeurs à l’approche du scrutin, mais son bulletin concernant les menaces les plus graves à la sécurité nationale américaine montre un «incomplet».

L’administration Trump accueillera mardi les dirigeants des Émirats arabes unis et de Bahreïn à la Maison-Blanche, où les deux nations reconnaîtront officiellement Israël. Des responsables de l’administration Trump ont également négocié un accord de coopération économique entre la Serbie et le Kosovo, des ennemis acharnés lors des guerres des Balkans. Et M. Trump a décidé de retirer les troupes américaines d’Irak et d’Afghanistan et a tenu des pourparlers américains avec les talibans, ce qui a ouvert la voie à de fragiles négociations de paix entièrement afghanes qui ont commencé le week-end dernier.

Tout en reconnaissant qu’il s’agit là de développements positifs, William Wechsler, le directeur des programmes du Conseil de l’Atlantique pour le Moyen-Orient, a déclaré qu’ils devaient être placés dans la balance avec une série d’actions beaucoup plus «négatives» de la part du président.

Parmi celles qu’il cite: sa déférence envers le président russe Vladimir Poutine; sa relation amour-haine avec la Chine; le fait qu’il se soit abstenu de punir sévèrement l’Arabie saoudite pour le meurtre horrible du journaliste Jamal Khashoggi; et d’avoir sérieusement malmené les relations des États-Unis avec l’Europe.

Concernant certains des défis de sécurité nationale les plus difficiles auxquels les États-Unis sont confrontés — les menaces nucléaires de l’Iran et de la Corée du Nord — M. Trump n’a pas réussi à conclure d’accords. Et les accords pro-israéliens avec les Émirats arabes unis et Bahreïn laissent le bien plus épineux conflit israélo-palestinien aussi insoluble que jamais.

La Maison-Blanche, pour sa part, présente la récente vague d’activités de politique étrangère de M. Trump comme la preuve que des initiatives en marche depuis longtemps portent enfin des fruits. Elle rejette l’idée qu’il tente de détourner l’attention des électeurs de questions telles que sa gestion de la pandémie de coronavirus, les troubles raciaux et l’économie en difficulté.

«Il ne fait pas campagne sur sa politique étrangère, a déclaré la semaine dernière le conseiller principal et gendre de M. Trump, Jared Kushner, aux journalistes de la Maison-Blanche. Il a fait ses preuves en tant que président qui a bâti la meilleure économie de notre pays et quelqu’un qui va assurer la sécurité des Américains et continuer à faire avancer les choses pour eux.»

M. Kushner a contribué à négocier les accords avec les Émirats arabes unis et Bahreïn, que la Maison-Blanche a qualifiés d’étapes les plus importantes vers la paix au Moyen-Orient en plus d’un quart de siècle.

Les détracteurs de M. Trump et des experts de la région disent que c’est une exagération, parce que les relations entre certaines nations arabes et Israël s’étaient déjà améliorées en raison de leur opposition commune à l’agression de Téhéran au Moyen-Orient.

M. Trump n’est pas d’accord, affirmant que les accords changent la dynamique dans la région. Il prédit que d’autres pays arabes normaliseront leurs relations avec Israël et que les Palestiniens délaisseront leur position intransigeante envers Israël.

Rien n’est moins certain. Wasel Abou Yousef, un haut responsable palestinien, a qualifié les initiatives de Bahreïn et des Émirats arabes unis de normaliser leurs relations avec Israël de «coup de poignard dans le dos» au peuple palestinien et à ses droits.

Le candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden a déclaré qu’il était «satisfait» de l’annonce des Émirats arabes unis. Il a estimé que cela découle des efforts de plusieurs administrations pour rechercher un engagement plus large entre Israël et le monde arabe. M. Biden soutient une solution à deux États au conflit israélo-palestinien et a accusé le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou et les dirigeants palestiniens d’intransigeance.

En ce qui concerne les problèmes avec l’Iran et la Corée du Nord qui tourmentent les présidents depuis des décennies, le message de M. Trump est le suivant: il suffit de le réélire et il les résoudra.

«Si et quand nous gagnons, nous conclurons des accords avec l’Iran très rapidement. Nous conclurons des accords avec la Corée du Nord très rapidement, a déclaré M. Trump le mois dernier. Chacun d’entre eux conclura un accord avec nous très rapidement.»

De nouveaux rapports publiés ce mois-ci par l’Agence internationale de l’énergie atomique des Nations Unies montrent que l’Iran et la Corée du Nord ont continué à développer leurs programmes nucléaires, signe que les menaces n’ont pas diminué et se sont potentiellement aggravées.

Depuis que M. Trump s’est retiré de l’accord nucléaire iranien de 2015, il a intensifié la pression économique contre l’Iran et tué le général iranien Qassem Soleimani lors d’une frappe de drone en Irak. Téhéran, cependant, a continué d’élargir son stock d’uranium enrichi, tout en insistant sur le fait qu’elle ne voulait pas développer une arme nucléaire.

M. Biden a déclaré qu’il renouerait avec l’Iran sur l’accord nucléaire que M. Trump a abandonné et qu’il chercherait à élaborer un nouvel accord multilatéral qui élargirait les limites initiales des ambitions nucléaires de l’Iran, à condition que Téhéran soit prête à coopérer aux inspections.

M. Trump n’a pas non plus fait de progrès pour amener la Corée du Nord à abandonner son programme d’armes nucléaires malgré trois réunions très médiatisées avec Kim Jong-un. L’AIEA affirme que la Corée du Nord semble encore enrichir de l’uranium, qui pourrait potentiellement être utilisé dans une arme nucléaire.

Toujours sur le front nucléaire, l’administration Trump n’a finalisé aucun accord pour remplacer ou prolonger le dernier accord américano-russe de contrôle des armements. M. Trump avait attendu de voir s’il pouvait persuader la Chine de conclure un accord tripartite, mais Pékin n’a exprimé aucun intérêt. Si le traité expirait début février, il n’y aurait aucune restriction sur les armes nucléaires américaines ou russes — les deux plus grands arsenaux du monde.

Deb Riechmann, The Associated Press


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