Camagne électorale américaine: les meilleurs moments des débats présidentiels

John F. Kennedy et Richard M. Nixon en 1960. Photo: AP Photo
Ashley Thomas - The Associated Press

WASHINGTON — L’attention des Américains sera tournée mardi soir vers Cleveland lorsque le président Donald Trump et son adversaire démocrate Joe Biden croiseront le fer à l’occasion du premier débat présidentiel de cette année électorale bien particulière.

Le ton de cette campagne a atteint un degré d’animosité rarement atteint dans l’histoire politique américaine. M. Trump a remis en doute à de nombreuses reprises les capacités intellectuelles de son adversaire, allant même jusqu’à dire que l’ex-vice-président «ne sait même pas qu’il est en vie». De son côté, M. Biden a déjà affirmé que si lui et M. Trump étaient à l’école secondaire, il l’amènerait dans la cour de récréation «pour le battre».

C’est dans ce contexte que les deux candidats se retrouveront face à face à l’occasion du premier débat qui sera animé par Chris Wallace du réseau Fox News.

Voici donc quelques moments mémorables de l’histoire des débats présidentiels américains :

Le premier débat télévisé

L’élection présidentielle de 1960 a été le théâtre du premier débat télévisé de l’histoire des États-Unis. Ce débat est entré dans l’histoire non pas pour ce qui a été dit, mais plutôt pour ce que les gens ont vu.

Le candidat démocrate, John F. Kennedy, alors jeune sénateur du Massachusetts, avait le teint bronzé et l’air détendu. Son adversaire républicain, Richard Nixon, se remettait à peine d’un séjour à l’hôpital. Ses yeux étaient creux et sa barbe aurait mérité d’être rasée. Ce soir-là, M. Kennedy avait enfilé un veston bleu pour accompagner son teint basané; un contraste qui paraissait bien à la télévision en noir et blanc. M. Nixon, lui, portait un veston gris qui se mêlait avec l’arrière-plan du studio de tournage.

Ce débat est considéré par plusieurs comme un tournant de la campagne de John Kennedy.

«Pas de domination soviétique»

«Il n’y a pas de domination soviétique en Europe de l’Est», avait assuré le président républicain Gerald Ford lors d’un débat présidentiel en 1976 qui l’avait confronté au démocrate Jimmy Carter. Même l’animateur du débat avait demandé au candidat s’il était vraiment certain de sa déclaration.

«Désolé de vous interrompre — mais dois-je comprendre, monsieur, que vous affirmez que les Russes n’utilisent pas l’Europe de l’Est en occupant la plupart de ces pays pour s’assurer, avec l’aide de leurs soldats, qu’il y règne un régime communiste?»

M. Ford avait confirmé sa pensée. Des années plus tard, il s’était rétracté. «Il est clair que je n’avais pas expliqué correctement ma pensée.»

L’avantage de l’âge

Le républicain Ronald Reagan, qui tentait alors de devenir le président le plus âgé à remporter sa réélection, a utilisé son humour en 1984 pour répondre aux questions sur son âge, lorsqu’il croisait le fer avec le démocrate Walter Mondale.

Lorsqu’une personne demanda à M. Reagan s’il avait des doutes sur sa capacité à remplir les fonctions de président à son âge, l’homme de 73 ans lui avait alors rapidement répondu : «Pas du tout. Je ne ferai pas de l’âge des candidats un enjeu de cette campagne. Je ne vais pas utiliser l’âge et le manque d’expérience de mon adversaire à des fins politiques.»

Même M. Mondale, alors âgé de 56 ans, n’avait pu retenir son rire.

On ne touche pas aux enfants

En 2004, le candidat démocrate John Kerry était confronté au président sortant George W. Bush. Répondant à une question portant sur l’homosexualité, il avait ultérieurement déclenché une dispute entre lui et le vice-président de l’époque, Dick Cheney. «Si vous demandiez à la fille de Dick Cheney, qui est lesbienne, je crois qu’elle vous dirait qu’elle est qui elle est, qu’elle est née comme ça», avait déclaré M. Kerry. La famille Cheney lui avait reproché d’avoir évoqué leur fille. Le vice-président s’était lui-même décrit comme étant un «père frustré».

«DES DOSSIERS REMPLIS DE FEMMES»

Lors d’un débat de 2012 qui opposait Mitt Romney au président démocrate Barack Obama, le candidat républicain avait été interrogé sur l’équité salariale entre les femmes et les hommes dans les milieux de travail. Il avait expliqué que, lorsqu’il était gouverneur du Massachussetts, il avait préparé une liste avec des candidatures féminines pour pourvoir des postes au sein de l’administration de l’État.

«Je suis allé rencontrer des groupes de femmes et je leur ai demandé s’ils pouvaient nous aider. Ils nous ont apporté des dossiers remplis de femmes», avait répondu M. Romney.

Cette erreur en avait fait rire plus d’un et démontrait l’incompréhension du candidat envers les enjeux qui touchaient les femmes.

L’ÉPOPÉE DE 2016

Les débats de la campagne présidentielle de 2016 ont été remplis de moments qui, s’ils étaient survenus dans une autre élection, seraient passés à l’histoire. Ainsi, lors du premier débat, Donald Trump avait remis en question les découvertes des services de renseignements américains selon lesquelles la Russie aurait tenté d’influencer le congrès du parti démocrate. «Ça aurait aussi pu être quelqu’un qui pèse 400 livres assis sur son lit, OK?»

Pendant le deuxième débat, le futur président semblait suivre Hillary Clinton sur la scène quand elle prenait la parole. La démocrate n’a pas réagi sur le champ, mais elle a plus tard écrit dans ses Mémoires qu’elle aurait aimé l’apostropher pour lui demander de reculer et de s’éloigner d’elle.

Trump avait aussi fait référence à sa rivale comme était «le diable» et il avait assuré que son administration allait mandater un procureur spécial pour examiner le contenu des données informatiques du temps où Mme Clinton était secrétaire d’État. «C’est juste tellement bon qu’une personne avec le tempérament de Donald Trump ne soit pas responsable de la loi dans notre pays», avait déclaré Mme Clinton. «Parce que vous seriez en prison», avait répliqué le républicain.

Lors du troisième débat, Trump avait jonglé avec les principes mêmes de la démocratie américaine lorsqu’il avait refusé de confirmer s’il allait respecter les résultats du vote si Mme Clinton était déclarée gagnante. «Je vous le dirai rendu là, avait-il dit. Je vais faire durer le suspense.»

Ashley Thomas, The Associated Press


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