Trump s’approprie le mérite personnel de l’aide financière versée aux Américains

Photo: Alex Brandon/AP

CHICAGO — C’est presque comme si c’était lui qui envoyait des chèques aux électeurs.

Ces derniers jours, le président Donald Trump a promis à des millions de bénéficiaires de l’assurance maladie Medicare que, grâce à lui, ils recevraient bientôt une «incroyable» somme de 200 $ par la poste pour les aider à payer leurs médicaments. Il a affirmé qu’il était «la meilleure chose» qui soit jamais arrivée à Porto Rico, après avoir autorisé une aide au territoire bloquée depuis longtemps. M. Trump a également vanté les 28 milliards de dollars qu’il a «donnés» aux agriculteurs durement touchés par la guerre commerciale avec la Chine.

«Ce que j’ai fait pour eux, avec les 28 milliards de dollars pour les agriculteurs, cela vous inclut aussi», a lancé le président républicain à ses partisans lors d’un rassemblement à Newport News, en Virginie, la semaine dernière — sans jamais mentionner que l’aide était devenue nécessaire pour aider les agriculteurs qui font les frais de son bras de fer commercial avec la Chine.

Lorsque Donald Trump parle des milliards de dollars d’aide fédérale versés à des groupes d’électeurs stratégiques dans la perspective des élections de novembre, il mentionne rarement le rôle du Congrès dans l’octroi de ces sommes.

Le président était dans l’État pivot de la Caroline du Nord la semaine dernière lorsqu’il a proposé l’idée de cartes-médicaments de 200 $ pour les bénéficiaires du programme Medicare, une décision qui intervient alors que les sondages montrent qu’il perd du terrain parmi les électeurs plus âgés. Des représentants du gouvernement ont indiqué que les détails de ces cartes-médicaments, comme le moment et la façon dont la prestation serait versée, étaient encore en train d’être élaborés.

«Je prendrai toujours soin de nos merveilleuses personnes âgées», a lancé M. Trump. «Joe Biden ne fera pas ça.»

Le cas de Porto Rico

Plus tôt en septembre, M. Trump a profité d’un rassemblement dans le nord du Wisconsin, un État pivot qu’il a remporté de justesse en 2016, pour annoncer 13 milliards de dollars d’aide supplémentaire aux agriculteurs touchés par les conséquences de la pandémie. M. Trump avait précédemment annoncé le déblocage de 13 milliards de dollars d’aide pour réparer les dommages causés par les ouragans survenus il y a plusieurs années à Porto Rico et s’était engagé à restaurer l’économie du territoire.

Il n’a pas mentionné les propos très durs qu’il avait tenus envers l’île et ses dirigeants après deux ouragans dévastateurs en 2017, alors qu’il cherche à gagner les faveurs des électeurs portoricains ailleurs aux États-Unis, en particulier en Floride, un État crucial.

«Je suis la meilleure chose qui soit arrivée à Porto Rico», a déclaré M. Trump sans aucune trace d’ironie. «Personne n’est même proche.»

Mercredi, lors d’un rassemblement à Duluth, au Minnesota, il a parlé en termes personnels de sa décision de signer un décret déclarant une urgence nationale dans l’industrie minière. Une mesure qui, selon lui, fournira «des milliards de dollars» à l’industrie et créera «d’innombrables» emplois.

«Je protégerai toujours le Minnesota», a affirmé M. Trump, qui tente d’ajouter cet État historiquement démocrate à sa colonne des victoires du 3 novembre. «Il a été très bon pour moi.»

Donald Trump semblait également heureux de voir son nom figurer sur les chèques que le Trésor américain a envoyés plus tôt cette année à des millions d’Américains en difficulté en raison de la pandémie. C’était la première fois que le nom d’un président apparaissait sur des paiements de l’agence américaine du revenu, qu’il s’agisse de chèques de remboursement ou d’autres chèques d’aide postés lors de crises économiques passées.

De la même façon, le département de l’Agriculture ajoute des lettres signées par le président dans les boîtes d’aide alimentaire distribuées aux personnes dans le besoin à travers le pays.

Greg Trotter, porte-parole de la banque alimentaire de la grande région de Chicago, a affirmé que certains organismes avaient décidé de retirer les lettres avant de distribuer les boîtes aux bénéficiaires. D’autres ont été dérangés par ces lettres, mais les ont laissées dans les boîtes parce qu’ils n’avaient pas le temps ou la main-d’œuvre nécessaires pour les enlever.

«En tant qu’organisation, nous pensons que ces lettres sont inappropriées si près de l’élection», a expliqué M. Trotter, en précisant que le ton des lettres n’était pas ouvertement politique.

Les responsables de la Maison-Blanche ont estimé que ces critiques n’étaient pas justifiées et que le président tentait seulement de diffuser des informations pour aider les Américains pendant la pandémie.

Comme dans une téléréalité

Ross Baker, spécialiste du Congrès à l’Université Rutgers, trouve que l’approche de Donald Trump en matière de législation ressemble beaucoup à son style dans le monde de l’immobilier: en fin de compte, ce qu’il veut, c’est d’apposer son nom sur le résultat final.

«C’est Donald-la-vedette», affirme M. Baker. «C’est l’une des choses qu’il a apprises de la téléréalité qu’il a appliquées assez directement au pouvoir de la présidence.»

Donald Trump n’est pas le premier président à tenter d’utiliser les leviers du gouvernement à son avantage avant une élection. Mais selon Matt Bennett, qui a participé aux deux campagnes de Bill Clinton à la Maison-Blanche, rien n’indique que les manoeuvres de ce genre des anciens présidents en fin de campagne aient eu un impact significatif sur les urnes. Et il doute que les nombreux électeurs que M. Trump essaie d’atteindre ne soient pas déjà décidés.

«Les carottes sont assez cuites à ce stade», a-t-il illustré.

Au cours des dernières semaines, Donald Trump a porté à un niveau jamais vu les offensives de charme envers les groupes stratégiques d’électeurs en utilisant des rassemblements et des événements officiels de la Maison-Blanche pour faire des annonces tape-à-l’oeil, parfois en contradiction avec les faits.

Il s’est vanté à de nombreuses reprises d’avoir signé cette année un accord commercial avec la Chine qui corrige des décennies de déséquilibre entre les deux pays. Dans les faits, les données du département du Commerce montrent que les exportations américaines vers la Chine ont diminué au cours des sept premiers mois de l’année.

«J’ai pris des milliards et des milliards de dollars de la Chine», a récemment déclaré M. Trump aux journalistes. «Aucun autre président n’a fait ce que j’ai fait. J’en ai donné une grande partie aux agriculteurs.»

Aamer Madhani, The Associated Press

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