L’Arizona change et devient un nouveau champ de bataille de la présidentielle

Democratic presidential candidate former Vice President Joe Biden arrives on his campaign plane at Phoenix Sky Harbor International Airport, in Phoenix, Thursday, Oct. 8, 2020. (AP Photo/Carolyn Kaster) Photo:

PHÉNIX — Le candidat démocrate Joe Biden et sa colistière Kamala Harris font campagne ensemble jeudi pour la première fois depuis la convention démocrate du mois d’août, convergeant vers l’Arizona pour peser de tout leur poids sur cet État nouvellement considéré comme un champ de bataille de la présidentielle.

Le vice-président Mike Pence se trouvait également jeudi en Arizona, qui a rarement reçu autant d’attention pendant une campagne présidentielle. Ses 11 votes au collègue électoral pourraient faire pencher la balance si le président Donald Trump parvient à rebondir dans les intentions de vote après sa chute des derniers jours. Les deux équipes se sont presque croisées à l’aéroport de Phoenix jeudi après-midi.

C’est la première fois que Joe Biden se rend en Arizona en tant que candidat à la présidence. L’Arizona est considéré depuis des mois par les démocrates comme un nouvel État pivot à cause de ses changements démographiques, de son afflux de nouveaux résidents et d’un réalignement de ses électeurs des banlieues qui tournent le dos aux républicains.

La transformation de l’Arizona est étonnante pour un État qui, il y a à peine dix ans, était l’épicentre d’une offensive des républicains contre l’immigration illégale. Mais cet État est aussi celui de plusieurs républicains anticonformistes, le plus connu étant le défunt sénateur John McCain. L’Arizona est l’une des principales cibles des démocrates cette année, et les républicains sont nerveux.

L’équipe de Donald Trump continue d’afficher sa confiance dans cet État que le président a remporté par 3,5 points de pourcentage il y a quatre ans, mais jeudi, Mike Pence y a fait sa quatrième visite, en plus des cinq visites de M. Trump depuis le début de l’année.

«Je ne pensais pas que cela arriverait si tôt», a affirmé l’ancienne gouverneure républicaine Jan Brewer quant à cet apparent changement d’allégeance. Mme Brewer s’est fait connaître à travers le pays en signant la loi contre l’immigration illégale de l’État en 2010 et en affrontant publiquement le président de l’époque, Barack Obama. «Mais je pense que nous avons fait un mauvais travail en essayant d’éduquer la nouvelle population sur le fait qu’ils devraient être républicains.»

Trois facteurs

Des élus de longue date et des agents politiques soulignent trois facteurs principaux qui poussent l’Arizona à s’éloigner des républicains: les nouveaux arrivants de tendance démocrate venus d’ailleurs au pays, une jeune population hispanique qui a été interpellée par les débats sur l’immigration en Arizona au cours de la dernière décennie et qui a maintenant atteint l’âge de voter, et les femmes des banlieues qui se désintéressent des républicains.

L’État semble suivre une tendance observée ailleurs dans l’ouest des États-Unis. À des degrés divers, le Nevada, le Colorado et le Nouveau-Mexique se sont tous rapprochés des démocrates depuis le tournant des années 2000.

Les démocrates sont particulièrement opposés à la décision de Mme Brewer il y a dix ans de signer la «loi SB1070» qui réprimait les immigrants vivant illégalement dans le pays, et par les rafles anti-immigration du célèbre shérif Joe Arpaio. Les jeunes hispaniques se sont organisés, évinçant l’élu qui avait parrainé la loi en 2011, puis le shérif Arpaio en 2016. Dans ce processus, ils ont construit une infrastructure progressiste qui perdure.

«Cela a créé une toute nouvelle classe de militants et d’organisations», explique le représentant fédéral Ruben Gallego, qui représente de nombreux quartiers latinos de Phoenix. «Je suis issu du mouvement 1070. Beaucoup de représentants de l’État, de sénateurs d’État, d’organisations d’inscription des électeurs sont nés à cause du SB1070.»

L’ancienne gouverneure Brewer, qui défend toujours la loi sur l’immigration illégale qu’elle a promulguée, reconnaît que celle-ci a galvanisé les Latinos. «Je suis sûre que c’était probablement un cri de ralliement qu’ils ont utilisé pour rassembler les gens», a-t-elle dit.

Le comté de Maricopa

L’équipe de campagne de M. Trump a déployé de grands efforts pour garder l’Arizona dans son giron et a organisé deux autres rassemblements dans l’État cette semaine.

Depuis 1952, l’Arizona n’a été remporté qu’une seule fois par un candidat démocrate à la présidence — Bill Clinton en 1996, avec environ 46 % des voix. Les sondages donnent actuellement à Joe Biden une avance étroite mais constante sur Donald Trump dans l’État.

Le chemin de M. Biden vers une victoire en Arizona passe par le comté de Maricopa, où se trouve Phoenix et ses banlieues en croissance rapide. La population du comté a augmenté de 18 % au cours de la dernière décennie, selon les données du Bureau du recensement. Autrefois un bastion républicain fiable, il a été remporté confortablement par la sénatrice démocrate Kyrsten Sinema en 2018, une victoire qui a attiré l’attention à Washington et qui a suscité un afflux de dons aux démocrates et aux groupes d’organisation progressistes.

Les démocrates ont longtemps dominé dans la région de Tucson. M. Biden cherchera à y augmenter ses appuis de même qu’au sein de la nation Navajo, dans le nord-est de l’Arizona.

Les espoirs de M. Trump résident dans la reconquête de certaines électrices des banlieues qui lui ont tourné le dos et dans le vote des zones plus blanches de l’Arizona rural, où il reste populaire.

L’Arizona est en pleine transition politique et se détourne des républicains de la vieille garde qui avaient l’appui des électeurs modérés, tels que les sénateurs John McCain et Jeff Flake, affirme Lorna Romero, une consultante républicaine qui a travaillé sur la dernière campagne de réélection de M. McCain. John McCain est mort en 2018 et Jeff Flake s’est éloigné de la politique après avoir indisposé la base républicaine en se querellant publiquement avec le président Trump.

Ces électeurs habitués à voter pour les républicains regardent maintenant autour d’eux, et certains découvrent qu’ils sont ouverts aux démocrates comme M. Biden, dit-elle.

«Nous avons un groupe (d’électeurs) républicains qui n’ont pas vraiment de maison», a illustré Mme Romero. «Ils essaient de savoir qui est Joe Biden.»

Jonathan J. Cooper, Alexandra Jaffe et Bill Barrow, The Associated Press







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