Querelle familiale au Front national

Photo: Getty Images

Non, Marine Le Pen ne voit pas en son père un miroir déformant de son propre visage. Non, il n’est plus son idéal. Oui, la présidente du Front national a vraiment coupé le cordon ombilical avec le vieux tribun.

Des brouilles passagères, il y en a dans toutes les familles. La dernière dans le clan Le Pen fait figure de rupture, avec l’éviction, le 4 mai, de la présidence d’honneur du patriarche de 86 ans.

Celle qui dirige le parti d’extrême droite depuis 2011 n’avait plus le choix. Pour dédiaboliser une fois pour toutes le FN, il fallait tuer politiquement le père tant aimé. Ses déclarations incendiaires flirtent souvent avec l’antisémitisme et l’islamophobie. Ce sont autant de boulets pour celle qui se voit déjà à l’Élysée.

Tous les sondages sont au vert pour la présidentielle de 2017: elle arriverait en tête au premier tour du scrutin, mais serait battue au second. Comme son père face à Jacques Chirac en 2002. C’est là un scénario catastrophe. Des prix de consolation, elle n’en veut point.

Depuis sa création en 1972, le FN s’est installé durablement dans le paysage politique français. Cela ne suffit plus. Tous les partis, quels qu’ils soient, n’ont-ils pas pour vocation de prendre le pouvoir?

Pour y arriver, celle que le magazine Time considère comme l’une des 100 personnes les plus influentes au monde doit relever deux défis :l’un idéologique et l’autre stratégique.

Il lui faut convaincre les plus sceptiques. Elle n’est plus un simple «copier-coller» du père. Pour cela, ses discours cherchent à faire oublier les origines d’un parti né avec l’aide d’un groupuscule néo-fasciste, Ordre nouveau.

Marine Le Pen doit aussi batailler ferme pour séduire le plus possible les électeurs de droite, sans lesquels le FN ne pourra jamais diriger l’Hexagone.

Être l’alternative à l’UMP (Union pour un mouvement populaire) en devenant le premier parti de France est le grand objectif de Marine Le Pen, qui songe même à changer le nom de sa formation pour mieux élargir son audience. En attendant,
elle récuse l’étiquette d’«extrême droite» pour son parti et préfère celle de «national populiste».

Dans tous les cas, la présidente du FN a encore du chemin à faire pour persuader les Français que son parti est bel et bien celui des «oubliés» de la république.

En attendant, le radicalisme politique n’est plus de mise. Se positionner au centre serait cependant faire du Front un parti comme les autres. «Un FN gentil n’intéresse personne», insiste Jean-Marie Le Pen. Celui qui dirigea le Front en monarque absolu pendant 40 ans aimait rappeler ceci avant son éviction : «Ce qui me différencie de César, qu’approchait Brutus le couteau à la main, c’est que, moi, je sors mon épée et je tue Brutus avant qu’il ne me tue!»

Avec sa fille, il a eu un coup de retard.

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