Les deux approches

À la fin du mois, l’attention de la planète entière se tournera vers Paris, où se tiendra la COP21, la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques. Pour nous, citoyens ordinaires qui ne participeront pas à ces grandes négociations internationales, des actions locales sont possibles.

Il y a par exemple ces «initiatives de transition», qui apparaissent un peu partout dans le monde à l’échelle des localités. Ces communautés créent des monnaies locales, des jardins communautaires pour s’alimenter en autarcie, des systèmes de troc, du recyclage d’énergies. Elles cherchent toutes les façons possibles de satisfaire leurs besoins matériels sans utiliser les systèmes municipaux et commerciaux en place. Ces initiatives impressionnent, car elles utilisent des modes d’organisation horizontale, où les gens se retrouvent volontairement autour de projets qui les passionnent. Elles sont cruciales, car elles sont l’esquisse d’une réponse concrète aux problèmes d’une économie destructrice des écosystèmes, une réponse d’autant plus puissante qu’elle est issue d’une volonté populaire, qui n’est imposée par aucune autorité.

La question demeure de savoir comment cette approche en vase clos pourrait permettre de remodeler la réalité de nos sociétés assez vite pour éviter les scénarios catastrophiques élaborés par la science des changements climatiques. Peut-on imaginer que les transformations de système nécessaires se feront sans la participation des pouvoirs économiques et politiques déjà en place?

Des initiatives comme celle menée actuellement par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) marient les deux approches : l’action locale et les changements de système. L’OCPM lançait, pas plus tard que jeudi dernier, une consultation des Montréalais pour trouver «des solutions concrètes, ambitieuses et réalisables pour réduire la dépendance aux énergies fossiles de Montréal».

Passée complètement inaperçue, cette consultation offre pourtant l’occasion à qui le souhaite de faire des suggestions, et ce, de deux manières : soit en inscrivant des idées sur un site web, soit en organisant soi-même une «activité contributive citoyenne» pour recueillir des idées auprès du public. Une synthèse des propositions sera remise à la délégation montréalaise qui participera à la COP21. Au cours de l’hiver, d’autres événements publics seront organisés, au terme desquels l’OCPM remettra aux élus un rapport contenant ses recommandations. On ne sait toutefois pas à quelle prise de décision ces recommandations devront servir.

Les émissions de carbone, les inégalités sociales et l’épuisement des ressources sont causés par un système de croissance économique qui externalise les coûts associés à la croissance. Ces coûts ne sont jamais comptabilisés, mais leur fardeau est assumé par les écosystèmes et par les populations les plus vulnérables. C’est précisément parce que ce sont les systèmes politiques et économiques qui se nourrissent de cette croissance qu’ils sont des acteurs incontournables d’une transformation des sociétés. On ne pourra réussir à transformer nos sociétés de façon durable que lorsque ces pouvoirs participeront à l’effort. En attendant, les citoyens s’engagent, de toutes les manières possibles.

Précision:

Les villes en transition ne fonctionnent pas en mode autarcique; elles fonctionnent plutôt suivant le modèle de la résilience socio­économique locale: un système autonome, diversifié et réseauté, capable de combler la grande majorité des besoins localement, tout en comptant sur l’extérieur en cas de défaillance. Le texte donnait à tort l’impression que les villes en transition fonctionnent de façon isolée, « en vase clos »; dans les faits, elles collaborent activement avec leur environnement institutionnel local: municipalité, commerces, communauté.

Merci à Blaise Rémillard pour ces précisions.

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