Exiger mieux pour la bibliothèque Saint-Sulpice

Photo: Collaboration spéciale

Nombreux sont les projets immobiliers qui finissent par tomber dans l’oubli malgré leurs grandes qualités.

Décision politique, ralentissement du marché immobilier, manque de fonds… Les causes sont multiples.

Mais parfois, les explications ne viennent pas. Ou, du moins, elles restent nébuleuses. C’est notamment le cas dans le dossier de la fameuse bibliothèque Saint-Sulpice, que le ministère de la Culture et la Ville de Montréal auront finalement décidé de transformer en laboratoire de création pour la jeunesse.

Le projet en soi est respectable, surtout après la controverse qui a entouré ce joyau patrimonial de style Beaux-Arts que Québec avait discrètement mis en vente dans les petites annonces. En revanche, il semble reposer uniquement sur un financement public récurrent, sans revenus potentiels qui permettraient de rembourser les frais qu’il faudra payer au cours des prochaines décennies. En d’autres mots, 17 M$ de fonds publics seront débloqués pour la mise aux normes de l’édifice, montant auquel on devra ajouter des dépenses d’exploitation annuelles estimées à 1,6 M$.

Or, on m’a récemment informé que le ministère de la Culture aurait pu choisir d’autres options, dont un projet de conversion plus audacieux, autofinancé à 100 %. Un projet dont j’ai obtenu copie, qui aurait permis de consolider davantage la vocation culturelle du Quartier Latin en unissant la Cinémathèque, la Grande Bibliothèque, France-Film (propriétaire du Théâtre St-Denis) et le gestionnaire immobilier Georges Coulombe. Un projet qui aurait été élaboré à la demande même de certains fonctionnaires du ministère…

Ce projet reposait sur une vocation similaire à celle récemment proposée par le gouvernement provincial, soit un espace éducatif dédié aux jeunes et aux universitaires, mais avec en plus une composante majeure : la construction d’un immeuble de bureaux, juxtaposé à l’arrière de la bibliothèque. Cet ajout aurait permis non seulement de densifier le site, mais également de générer des revenus en y logeant un locataire pour financer le projet. La Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) était ciblée comme locataire potentiel.

Mais selon mes sources, Québec n’aurait pas pris le temps d’évaluer convenablement cette option avant de procéder à l’annonce du 31 janvier dernier. Pourquoi?

À Québec, on m’indique que «divers promoteurs ont communiqué des propositions au ministère et au comité mixte, sans toutefois qu’un appel de propositions ait été lancé.» Il s’agit donc «de propositions qui n’ont pu être considérées ni formellement reçues, dans un souci d’équité et de transparence».

Suis-je le seul à trouver cette réponse quelque peu boiteuse? Dans un contexte où le gouvernement dit devoir se serrer la ceinture, pourquoi lever le nez sur un tel modèle d’affaires, porté par des acteurs phares du quartier, qui aurait permis d’occuper convenablement l’édifice patrimonial?

Je ne sais pas pour vous, mais cette autre mouture du projet me semble beaucoup plus logique pour éviter une dépendance sans fin à nos fonds publics. Pourquoi ne prendrait-on pas un peu de recul pour l’évaluer?

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