Kanva: À contre-courant

Photo: Kanva

Je me souviens comme si c’était hier de ma dernière chronique sur la firme d’architecture montréalaise Kanva, alors qu’elle venait de remporter le concours international d’Espace pour la vie qui visait à métamorphoser le Biodôme. C’était à l’automne 2014.

La firme était sur une impressionnante lancée, multipliant les prix d’excellence à l’échelle locale et nationale. L’un de ses cofondateurs, Rami Bebawi, m’avait alors mentionné que la pression était drôlement forte pour pousser encore plus loin, pour viser encore plus haut.

Eh bien, le défi a visiblement été relevé. Au cours de la dernière année et demie, Kanva a remporté des prix d’excellence de l’Ordre des architectes pour la résidence étudiante Edison, dans le Ghetto McGill, et l’installation «Entre les rangs» du Quartier des spectacles, une cinquième distinction aux Grands Prix du design (les Gémeaux de l’architecture et du design québécois) pour la boutique Frank and Oak, rue Stanley, ainsi que deux nominations au prestigieux gala du World Architecture Festival, notamment pour le concept de revitalisation du Biodôme.

Son succès s’explique en grande partie par sa motivation et son talent de persuasion, mais également par ce que j’oserais qualifier de leitmotiv pour son cabinet : sortir constamment des sentiers battus en repoussant les limites imposées.

Un bel exemple est son plus récent projet immobilier dans Verdun, Elää («vivre» en Finlandais), inspiré du mode de vie et de l’architecture des quartiers résidentiels scandinaves. «On a étudié les règles d’urbanisme de l’arrondissement et on a décidé de faire complètement le contraire, m’explique l’associé de Kanva Tudor Radulescu. Mais pas le contraire simplement pour faire le contraire. On l’a fait pour le bien de l’arrondissement, pour le bien-être des futurs occupants.»

L’architecte et son équipe ont ainsi dessiné six édifices distincts, de trois à quatre étages, sur le même terrain, alors que l’arrondissement n’en permettait initialement qu’un seul. L’objectif : éviter un bloc d’habitations massif en l’éclatant, afin de ramener le projet à une échelle plus humaine. Cette stratégie vise aussi à augmenter le nombre de fenêtres pour permettre un maximum de luminosité dans les 41 unités résidentielles qui devraient voir le jour d’ici la fin de 2017.

Kanva a également fait une croix sur les façades en maçonnerie normalement exigées par l’arrondissement. Elle les a remplacées par de l’acrylique et du bois de cèdre carbonisé, une technique d’origine japonaise, réinterprétée par les Scandinaves pour un climat nordique. «On cherchait des matériaux innovants, écologiques et uniques, poursuit l’architecte. Le projet se trouvera tout juste à l’entrée de Verdun [à l’angle des rues de Verdun et Henri-Duhamel]. On a la responsabilité de bien représenter l’arrondissement, de faire quelque chose de significatif.»

Autre particularité du concept : la présence d’espaces extérieurs intimistes plutôt que d’une grande cour gazonnée impersonnelle. Les toitures et les balcons serviront de terrasses privées, alors qu’une série de petites ruelles autour des îlots résidentiels, où s’entremêleront plantes grimpantes, espaces de jeu et tables de pique-nique, inviteront à la socialisation entre familles et voisins.

«On espère créer un univers que les résidants pourront s’approprier et développer chez eux une fierté d’y habiter», conclut-il.

Certification
Réalisé avec les promoteurs KnightsBridge et District Atwater, Elää vise une certification LEED Platine, un niveau de certification environnementale encore rarissime pour des projets résidentiels québécois.

  • Les édifices seront également bâtis pour atteindre une consommation énergétique nette zéro et pourraient donc produire autant d’énergie qu’ils en consomment annuellement.
  • L’inauguration est prévue à l’automne 2017.

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