Des locataires québécois lancent une dernière ligne à la mer à moins de 48h de la date limite de paiement des loyers. À Ottawa comme à Québec, rien ne laisse entrevoir un gel ou une annulation des frais de location.
«La tension monte. On a des propriétaires qui ne sont pas du tout compréhensifs», affirme Sunny Doyle, une locataire derrière le mouvement «Draps blancs». Depuis quelques jours, des résidents du Québec arbore un drap à leur balcon pour faire part de leur incapacité à payer le loyer.
Mercredi dernier, le premier ministre François Legault exhortait les propriétaires de faire preuve de «compréhension» si le loyer arrivait plus tard qu’à l’habitude, ce mois-ci. Or, rien n’y fait, selon Mme Doyle.
«Dans nos réseaux, la plupart des gens qui ont fait la demande l’ont vu être refusée», dénonce-t-elle.
Le premier ministre Justin Trudeau n’est pas allé jusqu’à geler les loyers, comme l’a fait la Colombie-Britannique la semaine dernière. Questionné sur un sursis temporaires pour les locataires de commerce, il a soutenu «se concentrer sur les subventions salariales» pour employés d’entreprises canadiennes.
«Mais nous allons toujours continuer à regarder ce que nous pouvons et devons faire pour sortir de cette crise le plus fort possible», a-t-il convenu.
Des pétitions circulent
Autant au Québec que dans l’ensemble du Canada, des locataires sans réponse ont lancé dans les dernières semaines des pétitions comme dernier recours à la crise du coronavirus.
Près de 750 000 Canadiens ont apposé leur signature électronique à l’une d’elles, publiée sur le site Change.org il y a deux semaines. Elle demande au gouvernement fédéral de carrément «annuler» le paiement du loyer et de l’hypothèque du mois d’avril.
Au Québec, près de 8000 personnes ont signé une pétition lancée il y a une semaine qui exige elle aussi un 1er avril sans paiement de loyer.
«Je ne peux tout simplement pas payer le loyer le 1er avril, sinon je n’aurai pas d’argent pour la nourriture et les autres produits de première nécessité pour ma famille», avance l’instigatrice de cette initiative, Rachel Tremblay.
Sans accès aux procédures de démocratie locale habituelles, des locataires québécois mettent depuis quelques jours des draps blancs sur leur balcon «afin de signifier leur solidarité envers les personnes qui sont les plus vulnérabilisées par cette crise».