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Apprendre le vélo en arrivant au Québec

Qu’ils viennent d’Iran, d’Haïti ou des pays africains, pour plusieurs nouveaux arrivants, le vélo est un transport associé aux milieux défavorisés, ou un loisir qui leur était interdit dans leur pays. Arrivés au Québec sans aucune expérience comme cyclistes, Montréal leur fait rapidement changer de vision.

Amina s’est installée dans la métropole en novembre dernier. Voyant des cyclistes de part et d’autre de la ville, la Nigérienne d’origine a eu envie de faire comme ses nouveaux confrères. Mais comme une écrasante majorité des femmes de son pays, elle n’a jamais fait de vélo. «Au Niger, ce n’est pas un réflexe d’offrir à une petite fille de faire du vélo», explique celle qui croyait ne jamais pouvoir en faire.

Mohamed a eu le même choc en arrivant au Québec. «J’ai eu l’impression que c’était une institution à Montréal. C’était une bonne façon de découvrir la ville», se souvient le Sénégalais d’origine.

Dans sa ville d’enfance, la bicyclette était davantage un jouet pour enfant qu’un moyen de transport. «J’ai appris à conduire une voiture avant de faire du vélo. On préfère conduire une belle voiture, car c’est ce qu’on utilise le plus», note celui qui n’a enfourché qu’une seule fois le vélo durant sa jeunesse.

Les nouveaux arrivants du Québec doivent bien souvent s’adapter à ce moyen de transport qui leur est inconnu. Si, pour plusieurs, cet outil est associé aux campagnes, c’est plutôt les gens de la ville qui ont les moyens de déménager à Montréal.

«Ils viennent vivre leur rêve américain. Ce rêve, c’est la voiture, pas le vélo», explique Papa Amadou Touré, l’instigateur de Caravane, un organisme qui donne des cours de vélo aux nouveaux arrivants.

Médecin de formation, il tente depuis quatre ans d’abaisser cette barrière économique ou culturelle qui en repousse certains et de «faire tomber cette fausse idée que le vélo est relié à une classe sociale».

Bien plus qu’un bienfait pour la santé et l’environnement, le vélo est surtout une méthode d’adaptation pour le nouvel arrivant, «une manière de participer à la société », selon M. Touré.

«Plutôt que de connaître Montréal seulement par le trajet de métro, le vélo permet de découvrir les petites rues inexplorées», affirme celui qui est au Québec depuis maintenant neuf ans.

En cinq heures de cours, ses clients peuvent apprendre à faire du vélo sans crainte, en plus de se familiariser avec le Code de la route et les différentes installations routières. «Parce que faire du vélo dans les rues de Bangkok, ce n’est pas comme en faire à Montréal», précise-t-il.

Si la première année de Vélo Caravane n’a attiré que quatre ou cinq élèves, M. Touré estime que l’engouement des dernières années pourrait faire progresser ce nombre à près d’une centaine en 2013.

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