Soutenez

Deux fois plus de retards pour des trains de l’AMT

Photo: Chantal Levesque/Métro

Depuis le début de l’année, les retards enregistrés par les trains de banlieue de l’Agence métropolitaine de transport (AMT) et causés par des trains de marchandises qui leur bloquent le chemin ont doublé par rapport à l’an passé.

Quatre-vingts trains de banlieue ne sont pas entrés en gare à temps en janvier et février derniers, contre 41 pendant les mêmes mois en 2015, a indiqué l’AMT à Métro. Mars ne s’annonce guère mieux, mais l’AMT ne veut pas tirer de conclusions hâtives.

«Ça nous inquiète, a dit la porte-parole de l’agence gouvernementale, Fanie Clément Saint-Pierre. On observe cela. Pour nous, ce n’est pas rassurant ces données-là.»

Pour l’ensemble de l’année 2015, 218 trains de l’AMT ont accusé un retard de 6 à 60 minutes en raison de la présence de trains de marchandise sur le réseau, indique un document que Métro a obtenu à la suite d’une demande faite en vertu de la Loi d’accès à l’information. C’est près de 40% de plus qu’en 2014, où 155 trains de l’agence gouvernementale n’avait pu faire leur trajet selon les horaires annoncés. Des délais allant jusqu’à 1 heure 49 minutes avaient été enregistrés et, à sept reprises, le service de train de banlieue avait dû être annulé. Il s’agissait de cas de force majeure, a fait savoir l’AMT.

Il faut préciser que la ligne Mascouche est entrée en service en décembre 2014, ce qui a fait en sorte que par la suite, il y a eu davantage de trains de banlieue sur le réseau ferroviaire montréalais. Cela peut expliquer en partie la variation du nombre de retards de 2014 à 2015.

La plupart de ces retards causés par les trains de marchandises surviennent pendant les heures de pointe (59%-2014; 71%-2015). Or, l’AMT a convenu d’ententes avec le Canadien National (CN) et la Canadien Pacifique (CP), qui sont propriétaires de la majorité des voies sur lesquelles les trains de banlieue roulent afin que ceux-ci aient priorité pendant les périodes où l’achalandage est élevé.

«Ce qui est convenu avec nos partenaires, c’est qu’il faut accorder la priorité aux trains de passagers, mais pas l’exclusivité, a précisé Fanie Clément Saint-Pierre. On est dans une position où on a peu de pouvoir contractuel. Ça reste les rails du CP et du CN sur lesquels on roule.»

Aucun dédommagement n’est accordé à l’AMT lorsque des trains de marchandises retardent les trains de banlieue, selon les ententes avec le CP et le CN, a rapporté la porte-parole de l’AMT. Elle a ajouté que le taux de ponctualité des trains de banlieue dépasse 95% depuis 2014.

Métro a communiqué avec le CN et CP pour connaître les circonstances qui font en sorte que ces grands propriétaires de chemins de fer donnent priorité aux trains de marchandises. Le premier n’a pas répondu à notre demande alors que l’autre a indiqué que «l’AMT est l’un de ses clients importants» et qu’il «travaille étroitement avec elle pour trouver un équilibre entre les demandes des usagers des trains de banlieue et celles de ses autres clients».

Capture d’écran 2016-03-28 à 9.57.48 PM

La ligne la plus touchée
Les trains de banlieue qui sont les plus touchés par le trafic des trains de marchandises sont ceux qui roulent sur la ligne Vaudreuil-Hudson. Il y a eu 111 retards en 2014 sur cette ligne de train de banlieue, contre 86 en 2015.

La ligne Vaudreuil-Hudson se trouve dans le corridor ferroviaire appartenant au CP, qui est le plus achalandé au Québec, a indiqué l’Agence métropolitaine de transport (AMT). «On comprend que la clientèle grogne parce qu’il y a des retards, particulièrement sur les lignes Vaudreuil-Hudson et Candiac; qui plus est quand ce sont des retards causés par des trains de marchandises, a fait savoir Fanie Clément Saint-Pierre, porte-parole de l’AMT. On est les premiers à appeler le CP. C’est un travail qui doit se faire de façon
continue.»

L’agence gouvernementale a fait des investissements pour tenter de remédier à la situation. Elle a par exemple construit une troisième voie ferrée près de la gare Vendôme, de 2012 à 2015,  afin que ses trains puissent poursuivre leur chemin malgré la présence de trains de marchandises.

Malgré tout, l’achalandage sur cette ligne est en baisse de 2 % depuis 2012. Les citoyens de l’Ouest-de-l’Île réclament depuis plusieurs années des rails dédiés au transport de passagers.

La ligne la plus épargnée
La ligne Deux-Montagnes est celle qui est la moins touchée par la présence des trains de marchandises. Un seul retard a été enregistré en 2014 et 2015.

Cette situation s’explique par le fait que l’AMT est propriétaire de l’ensemble des voies ferrées de cette ligne. Elle consent toutefois à l’occasion un droit de passage à des trains de marchandises sur le tronçon compris entre les gares Du Ruisseau
et Bois-Franc.

La ligne Deux-Montagnes est la plus achalandée du réseau de trains de banlieue, générant quotidiennement en­viron 30 000 déplacements les jours de semaine.

«On comprend que la clientèle grogne parce qu’il y a des retards, particulièrement sur les lignes Vaudreuil-Hudson et Candiac, qui plus est, quand ce sont des retards causés par des trains de marchandises. On est les premiers à appeler le CP. C’est un travail qui doit se faire de façon continue.» -Fanie Clément Saint-Pierre, porte-parole de l’AMT

Des trains en attente d’autorisation de circuler

En plus des retards causés par les trains de marchandises, l’AMT est inquiète de ceux qui sont attribuables à des erreurs des centres de contrôle ferroviaire (CCF). Ces CCF sont opérés par les propriétaires des voies ferrées – le Canadien Pacifique et le Canadien National – et ils veillent sur le trafic ferroviaire en accordant aux trains les autorisations de circuler.

Depuis le début de l’année, les CCF ont retardé 37 trains de l’AMT en accordant la priorité aux trains de marchandises, en donnant un mauvais signal à un aiguillage ou en tardant à donner l’autorisa­tion de circuler. Ce sont 21 re­tards de
plus qu’en 2015 pour la même période.

Ces retards causés par les CCF, combinés à ceux attribuables aux trains de marchandises, ont eu pour effet de faire augmenter de plus de 50 % les retards des trains de banlieue, et ce, depuis le début de l’année 2016 par rapport à 2015. A contrario, les retards découlant de problèmes liés aux infrastructures et au matériel roulant sont tous en baisse dans une proportion de plus de 50 % pour la même période. L’hiver plus clément y a été pour beaucoup, a dit l’AMT.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.