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Huit ans de prison réclamées pour l’instructeur d’une école spirituelle

Photo: Jean Laramée / TC Media
Olivier Robichaud - Le Courrier du Sud / TC Media

Un homme qui a été reconnu coupable d’avoir agressé de nombreux adeptes au sein d’un mouvement religieux fait face à une peine de 8 ans de prison, si la Couronne obtient ce qu’elle demande. André Rousseau aurait sévit pendant plus de 20 ans au Saguenay et à Longueuil.

Rousseau a suivi les représentations sur la peine à lui imposer avec nervosité, le 21 décembre. Il avait le visage entre ses mains pendant une bonne partie de l’audience et regardait souvent le sol.

Rousseau, 70 ans, a été reconnu coupable de divers chefs d’accusation liés à des attouchements et autres gestes sexuels commis sur certains des élèves de ses cours de gnose, un mouvement spirituel. Six victimes, dont deux enfants, ont porté plainte contre lui pour des crimes commis entre 1989 et 2004.

Les victimes prenaient également toutes des cours de chant avec Rousseau; c’est pendant ces cours que les crimes ont été commis.

Emprise sur ses victimes

Selon ce qu’a plaidé la procureure de la Couronne, Me Suzanne Hébert, la position d’André Rousseau s’apparente à celle d’un membre du clergé qui abuse ses fidèles. Il était une figure d’autorité pour le groupe d’élèves et recevait les confidences de plusieurs d’entre eux.

Il aurait également utilisé les cours de chant pour avoir une emprise plus forte sur ses victimes.

«Par le biais des cours de chant, André Rousseau provoquait, planifiait les moments où il pourrait être seul avec ses victimes. Il augmentait ainsi son emprise sur elles parce qu’il les soustrayait des regards du groupe», a plaidé Me Hébert.

Au bas de l’échelle de gravité

Du côté de la défense, Me Sophie Gagnon a plaidé que les gestes reprochés à André Rousseau se trouvent au bas de l’échelle de gravité. Dans la plupart des cas, il a posé ses mains sur les seins et les parties génitales de ses victimes. Une victime a toutefois subi des gestes plus invasifs sur une période de six mois.

Me Gagnon a fait plusieurs parallèles entre le dossier de Rousseau et celui de Denis Morasse, cet ex-entraîneur de soccer au Collège Français qui avait invité des élèves des 1re secondaire à se baigner nus dans son spa. Morasse a reçu une peine de 15 mois de prison. La Cour d’appel a toutefois réduit sa sentence à 90 jours parce que le juge de première instance aurait accordé trop d’importance à la manipulation usée par l’accusé, ainsi qu’à l’exemplarité de la peine.

Me Suzanne Hébert a toutefois répondu que les gestes posés par Rousseau sont plus graves. «Dans le cas de Morasse, on parle de massages sur les épaules et le dos. Il y avait même un débat à savoir si ça répondait aux critères de l’agression sexuelle ou si c’était plutôt des voies de fait», a-t-elle lancé.

Le juge Richard Marleau prononcera la sentence de Rousseau le 9 février.

Déjà condamné en 1992

Ce n’est pas la première fois qu’André Rousseau se retrouve en eaux troubles pour ses gestes sexuels. En 1992, il a reçu une sentence suspendue pour des crimes commis contre deux enfants dont les parents suivaient ses cours de gnose. Il a reçu un pardon en 2002.

Cette première mise en accusation de Rousseau a mené à son expulsion de l’Association gnostique internationale de recherche anthropologique (AGIRA). Il a été expulsé d’une seconde association gnostique, l’AGÉAC, au tournant des années 2000 lorsque certains de ses membres ont eu des soupçons sur ses agissements dans le présent dossier. La grogne était tellement forte qu’il a quitté le Saguenay pour s’établir à Longueuil.

Par ailleurs, comme nous l’écrivions le 25 octobre, une nouvelle victime a entamé des procédures contre lui pour des gestes survenus en 1983. La date de ce procès n’a pas encore été déterminée.

André Rousseau continue d’offrir des cours de gnose et des cours de chant à Longueuil.

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