Planifier sa retraite: 3 situations, 3 stratégies!

girl thinks looking up at bright light bulb Photo: Métro
Véronique Champagne - 37e avenue

Tous les planificateurs financiers vous le diront : on devrait penser à sa retraite tout au long de l’année au lieu de retarder la réflexion jusqu’à la date butoir de cotisation. Cela dit, vous n’êtes pas seuls… Trois situations examinées par des planificateurs financiers afin de repartir du bon pied.

Cas 1: Jeune couple de professionnels

Martin et Geneviève sont deux jeunes professionnels aisés dans la fin vingtaine. Martin est ingénieur dans une grande entreprise, où il profite d’un fonds de pension, alors que Geneviève est directrice marketing dans une petite entreprise dynamique.

«Tant leur capacité que leur liberté financières suggèrent une chose : maximiser leurs cotisations à leur REER, conseille André Lacasse, planificateur financier indépendant. Cela est particulièrement important pour Geneviève, qui ne peut compter que sur son épargne personnelle en vue de sa retraite.»

«Le fait que les cotisations REER soient déductibles rend cette stratégie encore plus attrayante pour ce couple qui bénéficie de revenus élevés. Ils pourraient même aller jusqu’à placer le remboursement d’impôt qui en résultera… dans leurs REER! Un investissement payant!» poursuit l’expert.

Martin et Geneviève projettent en plus de s’acheter une maison. Grâce au Régime d’accès à la propriété (RAP), ils auront la possibilité de retirer jusqu’à 25 000 $ chacun de leurs REER pour une mise de fonds initiale.

«Étant donné son fonds de pension, Martin pourrait quant à lui aussi réserver une proportion de son épargne pour un CELI. Ce véhicule de placement offre une souplesse que le REER n’a pas, ce qui peut être fort utile en cas de coup dur ou de projets majeurs», conseille en outre M. Lacasse.

«Si le couple a des dettes sur une carte ou une marge de crédit, leur remboursement devrait être prioritaire, met en garde le planificateur financier. De bons revenus et de bons emplois ne riment malheureusement pas toujours avec une absence de dettes. Il faut arrêter de payer des intérêts : on rembourse d’abord, on cotise ensuite. Et pour ce qui est de l’habitude qu’on a prise d’allouer tel montant à notre dette, autre stratégie : on le vire immédiatement vers notre retraite une fois son solde à zéro.»

Cas 2: Jeune famille

Claude et Martine viennent d’emménager dans leur nouvelle maison avec leurs trois enfants. L’aîné est en deuxième année, alors que les deux plus jeunes sont toujours à la garderie. Claude est professeur au collégial et Martine, secrétaire dans un cabinet d’avocats.

«Les bénéfices de cotiser à un REER sont encore plus grands pour la classe moyenne, dit Angela Iermieri, planificatrice financière chez Desjardins. Ces cotisations réduisent le revenu imposable, ce qui leur permet de se situer dans une tranche d’imposition moindre et de profiter de plus de crédits d’impôt.»

La planificatrice financière explique les autres avantages qui découlent d’une cotisation à leurs REER : «S’ils projettent investir dans un REEE pour les enfants et que leur cotisation REER fait chuter leur revenu imposable en bas de la fourchette du 88 000 $, ils pourront profiter d’une contribution gouvernementale supplémentaire de 10 % sur chaque dollar investi dans les études de leurs enfants. Cela s’ajoute à la subvention fédérale de 20 % et à celle du provincial de 10 %!»

«Bien entendu, ajoute Mme Iermieri, Claude et Martine sont dans une période charnière où les dépenses sont nombreuses. Leur demander de cotiser à leur retraite et aux études des enfants, ça fait beaucoup, si le revenu est limité… Ils pourraient donc plutôt verser leur remboursement d’impôt dans le REEE des trois enfants.»

«Quant à l’hypothèque, les taux d’intérêt sont suffisamment bas pour ne pas précipiter son remboursement. S’ils venaient à monter, peut-être que le remboursement d’impôt pourrait alors servir à éponger une partie de la dette», ajoute la planificatrice financière.

La famille aurait tout à gagner en allouant systématiquement une proportion de chaque paie vers ses objectifs de retraite: «Pour épargner, il faut toujours se payer en premier, dit Angela Iermieri. Si on attend d’avoir un solde en fin d’année avant de cotiser à ses REER, on peut attendre longtemps…»

Cas 3: Jeune travailleur autonome

Jonathan est travailleur autonome depuis deux ans. Il n’a que 25 ans, mais son expertise est appréciée et il gagne bien son pain. Il est exempt de dettes et n’a aucune responsabilité financière majeure, outre un petit prêt auto à bon taux. Il ne pense pas tant à sa retraite, mais il souhaite mieux organiser ses finances.

«Il n’est jamais trop tôt pour planifier sa retraite, rappelle Sylvie Goulet, planificatrice financière à la RBC. Jonathan a de bons revenus et des dépenses peu élevées : il jouit d’une capacité d’épargne intéressante, dont il peut profiter pour établir dès maintenant l’habitude de réserver de l’argent pour ses projets. Bien entendu, cela prend un peu de discipline. La récompense sera toutefois grande, puisque l’argent sera placé pendant des décennies, ce qui lui laisse la chance de bien fructifier grâce aux intérêts composés.»

«Avant même d’évaluer son épargne périodique, Jonathan devrait toutefois ajouter trois dépenses importantes mensuelles à son budget : une assurance vie, une assurance invalidité et une assurance soins médicaux. Étant donné son statut de travailleur autonome, il ne peut compter que sur lui-même. Si jamais il lui arrivait quelque chose, il doit être capable de couvrir son coût de vie [ses frais fixes]», prévient la planificatrice financière.

«Le fonds d’urgence est aussi critique dans son cas. Trois mois de revenu moyen, c’est ce que Jonathan aurait avantage à posséder en tout temps dans un compte épargne. Ce coussin est sa priorité d’épargne», ajoute Sylvie Goulet.

La capacité d’épargne ensuite disponible devrait être allouée à des REER, selon Mme Goulet : «Son revenu est élevé, de sorte qu’il profite d’une bonne économie fiscale en déduisant ses cotisations. Il a aussi la responsabilité de bâtir son propre fonds de pension.»

«Après la maximisation des REER, s’il en a les moyens, Jonathan pourrait cotiser dans un CELI», ajoute la conseillère.

Pour établir le montant d’un versement périodique en vue de l’épargne, le jeune travailleur devrait tenter d’évaluer un minimum de revenu récurrent, puis l’argent disponible pour ses REER à ce seuil. Le reste des cotisations peut être évalué sur une base trimestrielle, par exemple, selon ses revenus véritables», suggère enfin la planificatrice financière.

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.