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Les superbes: Cultiver l’indignation

Photo: Chantal Lévesque/Métro

Le succès des femmes dérange. C’est un des nombreux éléments qui ressortent de l’éclairant, touchant et inspirant ouvrage de Léa Clermont-Dion et Marie Hélène Poitras Les superbes.

«Un homme que je ne connais pas a essayé de m’anéantir à tous les niveaux en m’envoyant la lettre la plus dégueulasse que j’aie jamais reçue de ma vie», confie la romancière et journaliste Marie Hélène Poitras. «Moi, on m’a dit de me fermer la gueule et je n’ai pas envie de me fermer la gueule, continue l’auteure Léa Clermont-Dion, co-initiatrice de la Charte pour une image corporelle saine et diversifiée. À un moment donné, quand tu reçois des menaces de viol ou de mort sur le web et les réseaux sociaux, il y a un problème.»

Au lieu de se taire et d’encaisser en silence, les deux complices ont décidé de nommer le tort et de s’engager dans un projet libérateur. Grâce au livre Les superbes, elles questionnent le sexisme latent en offrant la parole à 24 femmes de tous les milieux – de Louise Arbour à Marie-Mai – et à 2 hommes, en plus de se mettre à nue en présentant des extraits de leurs correspondances intimes et personnelles. Une façon d’entamer la discussion et de devenir moteur d’action et de changement.

«Il y a un problème autour de l’ambition, avance Marie Hélène Poitras, dont le roman Griffintown a obtenu beaucoup de succès. C’est la première chose que Pauline Marois nous a dite. Au début, elle s’est fait traiter de femme ambitieuse, comme si c’était une insulte.»

«C’est encore difficile d’être une femme en 2016.» – Léa Clermont-Dion, co-auteure du livre Les superbes

Cette façon de regarder les êtres et de les séparer selon les sexes naît très souvent à l’enfance, en fonction de l’éducation reçue, et les modèles faibles dissuadent très souvent les femmes de continuer au-delà du baccalauréat ou de gravir les échelons dans une entreprise. «Quand une femme le fait, on dit: “Avec qui elle a couché pour arriver là?” rappelle Léa Clermont-Dion. Ça fait tellement partie de notre culture et de notre langage qu’on ne s’en rend même plus compte. C’est dans l’humour, les petits commentaires, on pense que tout est acquis et ce n’est pas le cas. Le Québec a encore du travail à faire.»

L’être vraiment
Comment fait-on pour devenir Superbe? Selon Léa Clermont-Dion, il «ne faut pas se cantonner dans une attitude de repli et il faut apprendre à s’en foutre, à s’affirmer, à ne pas avoir peur de dire les choses, à partager, à être solidaire et à sortir de l’isolement. Ça peut aider à se sentir superbe parce qu’on se rend compte finalement que, peu importe qui on est, une femme ou un homme, on n’est pas seul à vivre telle ou telle situation.

On est dans une société où on est très individualiste. Avoir pu échanger, c’est ça qui m’a fait me sentir superbe, alors que je ne me sentais pas du tout superbe.»

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