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Fonds Casse-Noisette pour enfants: ballet philanthropique

Photo: Josie Desmarais/Métro

Voir le Casse-Noisette des Grands Ballets canadiens de Montréal est toujours une expérience unique. Voir le même Casse-Noisette avec 2800 enfants? C’est une expérience magique en majuscules où les «Wow!», les «Oh!» et les «Regarde!» agissent comme une deuxième trame sonore à la musique de Tchaïkovski.

C’est l’après-midi, un mardi, et la Salle Wilfrid-Pelletier est remplie d’enfants. Comme vraiment remplie. Partout, partout. Partout. Et ils sont contents.
La plupart sont au primaire, ont entre 6 et 12 ans et fréquentent des écoles de milieux défavorisés. Certains viennent aussi de Centres jeunesse. D’autres ont été contactés par des fondations comme Leucan, le CHU Sainte-Justine ou le Centre Philou.

Avant cette grande journée, la majorité ont été initiés à Casse-Noisette par des artistes confirmés. Ces derniers sont venus dans leur classe pour leur parler de l’histoire du ballet chorégraphié par le regretté Fernand Nault, du métier de danseur, de la musique. Cette année, c’est dans 16 écoles différentes qu’ils se sont rendus pour transmettre ces connaissances. Dans chaque institution, ils ont visité quatre classes.

Comment sont choisies ces dernières? Élise Charbonneau, passionnée créatrice du Fonds Casse-Noisette pour enfants qui rend toute cette entreprise possible, explique que le choix se fait en compagnie du ministère de l’Éducation. «En se basant sur la cote des écoles défavorisées de l’Île, le ministère fait un tirage au sort. Les institutions gagnantes doivent être disponibles pour recevoir les artistes, assister au spectacle, obtenir l’autorisation des parents… Ça demande un peu de logistique! Nous, on reste totalement impartiaux pour vraiment donner la chance à tous.»

Et c’est vraiment une chance superbe. En entrant dans la salle, on sent la frénésie. On voit aussi une petite fille s’approcher de la placière et lui demander solennellement: «Excusez-moi, madame, est-ce que vous avez les prologues aujourd’hui?» «Tu veux dire les programmes?» lui répond cette dernière avec un sourire. Trop cute.

Aussitôt que les lumières baissent, on entend une onde de cris stridents, comme dans un show de Justin Bieber. Au milieu de ce charmant chaos sonore, devant nous, un petit garçon se lève et regarde à la ronde avec sérieux en plaçant respectueusement son index sur sa bouche. Chut, les amis.

Dans la fosse, l’orchestre et son chef font un salut. Les applaudissements des jeunes se font révérencieux. Puis, le spectacle commence avec la fameuse scène de la bataille de boules de neige. «Waouuuuuw!!!!» Même réaction quand le méga sapin se met à grandir pendant la nuit de Noël.  (Quand on est grand, on se dit que, quand même, le type qui a imaginé ce conte il y a plus de deux siècles, à savoir l’écrivain allemand Ernst Theodor Hoffmann, devait siroter de la bonne tisane. L’histoire, en gros, pour ceux qui ne la connaissent pas: une petite fille assiste à une bataille entre des jouets et des souris, puis se fait sauver par un casse-noisettes géant qui l’entraîne sur un traîneau en forme de cygne dans un royaume de bonbons où des anges dansent pendant qu’elle mange des gâteaux. L’auteur avait clairement une petite fringale.)

Les petits spectateurs, eux, tripent sur les grands jetés, se désolent du sort réservé au casse-noisette en bois («Oh, il est cassé.»), manifestent leur enthousiasme durant la révérence où tous les personnages reviennent pour un dernier tour. Une petite puce se lève alors en criant «Ouais!» et en sautant de haut en bas avec son poing dans les airs, un garçon  fait tourner son écharpe de laine comme dans un show de rock.

Mais le moment phare, c’est assurément celui où le Roi Bonbon apparaît sur scène. «C’est luiiiiiii!» crie la salle.

Dimanche, au brunch-bénéfice annuel du fonds, c’est en voyant Michel Leclerc que les enfants, moins nombreux, s’exclamaient: «C’est luiiii!» Michel n’est pas danseur. Mais depuis deux ans, il porte le costume du bedonnant bonhomme hors scène. Il a commencé deux ans plus tôt, en tant que bénévole, au Marché Casse-Noisette. «J’aidais à monter les kiosques, tout ça. Un jour, on faisait du rangement et j’avais le chapeau du Roi dans les mains. Mes collègues m’ont dit : “Heille, ça te fait bien, ça!” C’est de même que ça a commencé.»

Depuis, il enfile fièrement les vêtements colorés qui «pèsent 15 à 20 lb facile, mais qui se portent très bien», puis passe de «20 à 30 minutes au maquillage», s’appuie sur sa canne de bonbons et part pour une tournée de photos. Hier, il zigzaguait joyeusement entre les 300 convives présents à l’événement. Des donateurs (individuels et de compagnie) et des commanditaires qui financent les activités du fonds. Au moment de l’événement, 280 000$ avaient été amassés sur les 300 000$ espérés. Un joli succès, estime Élise Charbonneau.

Mais qu’est-ce qui rend ce brunch si spécial? «La décoration, l’atelier de bonbons, les magiciens, les maquilleuses et la fontaine de chocolat», énumère la fondatrice. Et puis le menu, concocté sur mesure par Vincent Lafleur traiteur, qui laisse la part belle aux parts de bûches, justement, et aux sucreries qu’on dirait sorties du royaume de Casse-Noisette.

«Les enfants sont contents, on partage notre bonheur et notre joie, tout le monde est dans un mode festif, résume Michel Leclerc en mode tout aussi festif. Qu’est-ce que ça coûte, un sourire? Pour nous, zéro! Et ça rend les gens tellement heureux. Je trouve ça super cool de faire ça. C’est mon cadeau de Noël à moi.» Pas juste pour lui.

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