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Ariana Grande dans la cour des grands

Photo: Patrick Beaudry/evenko

Lundi soir, Ariana Grande s’est arrêtée à Montréal avec son Dangerous Woman Tour. Dangereusement accrocheur.

Commençons par les présentations d’usage. Née à Boca Raton, en Floride, Ariana Grande a foulé, petite, les planches de Broadway, puis joué dans des émissions pour ados sur la chaîne américaine bien aimée des jeunes, Nicke­lodeon.

Aujourd’hui, elle a 23 ans et 3 albums-studio à son actif, tous parus sous Republic Records. Une étiquette sur laquelle logent aussi The Weeknd et Lil Wayne, artistes avec lesquels elle a signé des morceaux sulfureusement éloignés des comédies musicales de sa jeunesse. Son image sage, sage, sage? Elle l’a laissée quelque part dans le processus. Loin derrière.

(Oh! On oubliait presque! En 2015, il y a eu «le scandale du beigne», une histoire qui va décidément la suivre, où une caméra de surveillance l’avait captée avec un copain en train de lécher une pâtisserie posée sur le comptoir d’un café et de déclarer ne pas aimer les Américains. Imaginez le scandale.)

Bref, comme c’est souvent le cas quand des enfants-vedettes deviennent grands et changent un peu, la foule rassemblée hier dans le Centre Bell brillait de contrastes et de trucs qui faisaient sourire barre oblique toussoter.

Parmi le lot : des fans assez petits pour être tenus «en laisse» (pour humains, ça s’appelle quand même ainsi?) par leur maman. Puis des petites filles toutes mini avec des oreilles de chat (un accessoire fétiche de l’artiste), qui criaient aigu-aigu tandis qu’Ariana chantait, par exemple, un hymne à la gloire de ce gars qui lui «give» de la «good shit», «everyday, everyday, everyday». (Si jamais «good shit» ne vous sonne pas une cloche, remplacez le par son équivalent français dans le contexte ci-cité, à savoir, comment dire, hmm, «bonne baise». «Tous les jours, tous les jours, tous les jours».)

Avec sa méga couette interminablement longue, son collier de diamants, sa tenue classe et noire sur laquelle elle avait superposé son nouveau morceau vestimentaire de choix – à savoir une doudoune surdimensionnée marine et orange –, «Ari» (pour les fans) a commencé par Be Alright, pièce tirée de son dernier disque et annonciatrice de la soirée à venir: «Ça va bien aller». Dans les lueurs rouges et les jaillissements de feu non métaphoriques, elle a enchaîné avec la Everydayeveryday, everyday») susmentionnée.

Puis, les tubes ont déboulé, pas de temps morts, non. On s’est plongé dans Let Me Love You, récit d’une fille qui vient de casser avec son «ex», et qui est allongée sur le «chest» du type qu’elle trouve «le best» (ses rimes, pas les nôtres). Habituellement accompagnée par Lil Wayne, ici seule sur scène, elle a fini couchée sur une plateforme, dans un décor vidéo de cathédrale en noir et blanc. À sa disparition dans le sol, tranquille, ce dernier (oui, le sol) s’est couvert de fumée mousseuse blanche.

Après un changement de costume, elle a interprété une fois, une dernière fois, One Last Time. Une pièce tirée de My Everything, sur laquelle elle montre toute l’étendue et la force de sa voix. Une voix qu’elle a continué à pousser sur Touch It et sur la plus soul Leave Me Lonely, qu’elle a effectivement livrée en restant lonely, toute seule, sur scène comme au micro (tandis qu’elle la chante habituellement avec Macy Gray). Mais Ariana ne reste jamais solo trop longtemps. Vite, vite, ses musiciens sont apparus derrière le rideau pour la fin du morceau. Ce «band incroyable», elle a d’ailleurs demandé aux spectateurs de l’applaudir fort fort, allez, plus tard dans la soirée, pendant la jazz-tendre I Don’t Care.

Mais personne n’aurait pu s’en ficher et rester de glace pendant le single Side to Side, qui fait un tabac depuis sa sortie. Comme dans le vidéoclip, Ariana l’a majoritairement interprété en pédalant,  comme dit le titre qui veut clairement dire autre chose, d’un côté à l’autre côté, assise sur un vélo stationnaire. Notons que, pour les besoins du propos, la scène s’était muée en décor de salle de sports, et des danseurs faisaient des abdos, soulevaient des poids et s’adonnaient même à des chorégraphies de step en haut, deux, trois, parce que bien sûr, cette chanson parle d’entraînement, ahem. (L’écriteau «gym» s’est d’ailleurs vite mué en écriteau «sauna»). Puis, du sauna, on est passés, Bang Bang, «into the room», dans la chambre, et AG, elle, est passée à l’avant de la scène. La fête s’est poursuivie avec la funky Greedy, durant laquelle (fête disait-on), une pluie de confettis a déferlé du plafond.

Soulignons ici que si elle s’illustre dans les succès pop dansants, Ariana possède aussi dans son répertoire des ballades douces et romantiques propices aux instants briquets-lumières de cellulaires. Parmi elles, Moonlight (stop, stop, stop, pas de blagues de La La Land, s’il vous plaît), interprétée sur fond d’écran nuageux, bleu minuit, étoilé.

L’étoile a également soulevé ses Arianators (nom donné à fidèles) avec Love Me Harder, peut-être la pièce la plus chantée du lot par la foule. (Ah non, oubliez ça, ils sont présentement en train de l’accompagner sur Break Free, et c’est encore plus fort). La longue ovation qui a suivi ce dernier morceau, durant un rare moment de silence (sur scène on veut dire), était impressionnante, l’artiste répétant «thank you thank you thank you», attendant que ça s’arrête, puis lançant «Jeuh t’ème!» (mauvaise idée pour faire calmer les hurlements).

Un semblant d’accalmie est survenu pendant Sometimes, durant laquelle des ballons se sont échappés du ciel (du Centre Bell). Après avoir vidé la scène desdits ballons restants en compagnie de ses danseurs, la chanteuse s’est assise au sol pour Thinkin’ Bout You, bientôt suivie d’un autre «you», à savoir celui qui est en vedette dans Into You. Mais il y a quand même eu un Problem entre les deux, avec de la fumée bleue et des lasers.

Pour résumer, une superbe voix sans playback, une excellente sélection de chansons, du rythme, de l’énergie, des chouettes chorés. Ariana Grande? Grande Ariana.

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