Soutenez

Les liaisons dangereuses en quatre temps avec Julie Le Breton

Photo: Maude Chauvin

Dès mercredi prochain, Julie Le Breton montera sur les planches chez Duceppe pour incarner l’iconique marquise de Merteuil dans Les liaisons dangereuses. L’actrice nous parle de ce grand rôle de femme qui, «malgré toutes ses failles et son vide, porte un discours très féministe».

Résonnances, du 18e au 20e
Les liaisons dangereuses, roman épistolaire de Laclos, est paru au 18e siècle. En 1985, le dramaturge britannique Christopher Hampton en a tiré une pièce qui a inspiré le fameux film de Stephen Frears. C’est également l’œuvre de Hampton, traduite et mise en scène par Serge Denoncourt, qui sera présentée chez Duceppe. Avec une nuance importante, toutefois: l’histoire a été transposée dans les années 1940. «Serge est parti d’une idée esthétique et d’une envie de travailler le New Look de Christian Dior, explique Julie Le Breton. C’est une époque, la fin des années 1940, où après la guerre, les femmes sont revenues à quelque chose d’extrêmement rigide. Des guêpières, des tailles qui n’ont pas de bon sens, des jupes très amples… Ça rappelle la mode d’avant la Révolution française, moment où Les liaisons se passent à l’origine. Il y a quelque chose de très érotisant là-dedans, dans ces corps engoncés qui palpitent de désirs enfouis, de pulsions refoulées.»

Cette semaine, l’actrice a d’ailleurs essayé une de ses robes, créées par François Barbeau, «un de nos plus grands concepteurs» de costumes, dit-elle. «C’est tellement beau! J’ai eu les yeux pleins d’eau.»

Pour le plaisir
Dans cette pièce, Julie Le Breton retrouve son complice de Toute la vérité, Éric «the Third» Bruneau, qui incarne ici le vicomte de Valmont. Mais tandis que, dans la télésérie juridique, les deux acteurs jouent un couple plutôt mignon  qui se taquine souvent, sur scène ils se font vils, tordus, sans toutefois être «méchants juste pour être méchants».

Dans cette partie d’échecs qu’ils se livrent perpétuellement, ces deux êtres diablement intelligents «ont toujours trois coups d’avance», précise l’actrice. Et s’ils agissent de façon aussi mesquine, c’est «pour le plaisir, pour stimuler leur vie sexuelle». Et aussi parce qu’ils s’ennuient. «À part se mettre beaux, aller à l’opéra, parler dans le dos des autres et potiner, ils n’ont rien à faire. Ils s’emmerdent.»

Malgré tout, promet la comédienne, la pièce a aussi un côté moins sombre. «Serge [Denoncourt] nous a menés vers quelque chose de très léger, de ludique. On dit des choses terribles… mais on le fait avec un certain détachement. On fait comme si de rien n’était. On fait comme si, hahaha, c’était drôle. On fume une cigarette.»

Le rôle idéal?
L’an dernier, une Julie Le Breton d’une incroyable intensité, vêtue d’une robe lamée or, récitait les mots de Nelly Arcand sur les planches de l’Espace Go dans La fureur de ce que je pense. En janvier, c’est la partition colossale de Marie Tudor, un personnage historique dont l’aplomb «l’habite encore», qu’elle nous faisait entendre au Théâtre Denise-Pelletier. Avec Les liaisons dangereuses, la comédienne bouclera une «grosse année de théâtre», durant laquelle chacun de ses rôles a «nourri le suivant». «C’est comme des vases communicants», dit-elle.

La marquise qu’elle s’apprête à nous présenter, elle la voit comme étant «une femme très humaine… même si elle a un code moral complètement nul!» Malgré, ou à cause de ce code, s’agit-il d’un rôle idéal? «Où j’en suis maintenant comme actrice, je dirais que oui, répond-elle. Il y a cinq ans, je ne pense pas que j’aurais eu la confiance pour l’incarner.»

Comme Glenn!
Dangerous Liaisons de Frears, avec Glenn Close et John Malkovich, Julie Le Breton l’a vu mille fois. Tout comme Valmont, la version de Milos Forman. Et qu’en est-il de Cruel Intentions, ce grand classique des années 1990, avec le «trop bôôô» Ryan Phillippe? «Ça, je ne l’ai jamais vu, j’étais trop vieille quand c’est sorti! Moi, je carburais plutôt aux costume dramas, aux films d’époque.»

Encore aujourd’hui, l’interprétation cinématographique qu’a faite Close de la marquise reste incroyablement marquante pour l’ex-Kim de Mauvais Karma. «Quand j’étais plus jeune, je la trouvais extraordinaire et tellement forte! C’est rare, des rôles de femme pareils. C’est elle qui tire les ficelles, elle qui est maîtresse de son destin, et aussi, un peu, de celui des autres. Même si elle se fait prendre à son propre jeu, comme on dit en bon français, elle torche!»

Et maintenant, pour l’anecdote qui fait sourire: «L’année dernière, j’ai vu Glenn Close dans la rue à New York, raconte l’actrice. J’avais juste envie de me jeter sur elle et de crier : ‘‘Je vais jouer la marquise, moi aussi!’’ Mais bon, je me suis gardé une petite gêne…!»

***
Au petit écran

Le franc succès remporté par la première saison des Beaux malaises, série humoristique créée par Martin Matte et diffusée sur les ondes de TVA, a étonné même les principaux intéressés. «On ne sait jamais comment un projet va être reçu, on ne sait jamais comment il va se traduire à l’écran, remarque celle qui y incarnait la copine du protagoniste principal. Moi, j’ai l’humour assez large et ça m’en prend beaucoup pour être choquée! Mais on se demandait : est-ce que les gens vont trouver ça trop irrévérencieux?» Les gens ont plutôt adoré, et la série reviendra pour une seconde saison en 2015. «On m’en parle constamment, dit Julie Le Breton. Des dames très âgées autant que des ados de 15 ans. Martin a fait un beau travail.»

Les liaisons dangereuses

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.