Surprenant repoussé dans ses retranchements

Photo: Métro

Le témoignage de Gilles Surprenant à la Commission Charbonneau s’est terminé jeudi avec des contre-interrogatoires musclés mettant surtout en cause les intentions et la crédibilité du témoin.

On a appris notamment que l’ex-ingénieur a touché son premier pot-de-vin en 1988 et non en 1991, comme il avait déjà affirmé. La commission a aussi calculé que, de 1998 à 2009, l’homme a touché 736 000$, et non pas 600 000$, comme prétendu en début de témoignage.

Chipotant sur le détail du montant, M. Surprenant a été interrompu par Me Gallant qui lui a fait remarquer que cela restait du vol.

Mais ce sont les contre-interrogatoires des avocats d’Union Montréal et de la Ville de Montréal qui ont coincé M. Surprenant dans les câbles.

Me Michel Dorval, avocat d’Union Montréal, lui a demandé s’il était conscient à l’époque qu’il volait la Ville et les citoyens. «Vous avez surement raison […]. Je regrette amèrement tout ce qui s’est passé. Je n’aurais jamais dû accepter ces montants-là», a admis M. Surprenant. Le témoin a pourtant précisé avoir toujours fait son travail dans «les règles de l’art».

«Mais vous aviez un code d’éthique», lui a indiqué Me Dorval «Je ne le connais pas par cœur», s’est défendu M. Surprenant.

Pour preuve de sa bonne foi, il a de nouveau expliqué qu’il a remis presque tout son argent à l’État… en perdant «volontairement» au casino qu’il dit avoir fréquenté cinq jours semaine pendant quelques années.

«Et si vous aviez gagné le gros lot?», a renchéri Me Dorval. «Les chances étaient plutôt minces», a soutenu Me Surprenant. Par contre, le jour où il a gagné 1000$ il s’est dit «content».

Questionné, l’homme a précisé qu’il était maintenant honnête et «qu’à sa connaissance», il n’avait fraudé personne depuis 2009. M. Surprenant a toutefois dû s’expliquer sur la vente de sa maison, le mois dernier à sa fille pour 1$, alors qu’elle est évaluée à 350 000$, sur le marché.

«Est-ce que vous voyez là-dedans une façon de ne pas vous la faire saisir et d’avoir à éviter de rembourser à la Ville de Montréal les 700 000 $? Est-ce que d’agir comme ça n’est pas en fraude des droits de vos créanciers?, a questionné l’avocat.

«Je n’ai pas pensé à ça», a répondu l’ex-ingénieur ajoutant cependant qu’il savait qu’en témoignant devant la commission il obtenait une immunité… mais qu’il n’était pas certain de son étendue.

Me Martin St-Jean, de la Ville de Montréal, a ensuite directement confronté le témoin. «Vous n’aviez pas de problème d’argent, de santé, de jeu?», a insisté l’avocat. «C’est par pure cupidité que vous avez accepté?», a-t-il ajouté.

M. Surprenant a nié avoir agi par cupidité. Quelques secondes plus tôt, il reconnaissait qu’il n’était pas désagréable d’aller en voyage et de recevoir des montants d’argent.

Quant l’avocat a voulu savoir si M. Surprenant comptait «se racheter» auprès des Montréalais, par exemple par des travaux communautaires, Me Gallant s’est interposé jugeant la question illégale.

Gilles Surprenant a conclu par une brève déclaration afin de s’excuser de sa conduite pendant toute ces années. Lundi prochain, un nouveau témoin est attendu, mais la commission n’a laissé filtrer aucune information.

Laval
La Ville de Laval, à ne pas confondre avec le parti politique du maire Gilles Vaillancourt, a demandé et obtenu le statut de participant. Cela permettra à son avocat, Jean-François Longtin, de contre-interroger les témoins.

Quelques citations:
«Je voudrais simplement m’excuser auprès de la population et dire que je regrette sincèrement tout ce que j’ai fait.» -Gilles Surprenant

«C’est toujours la faute de quelqu’un d’autre. Pour danser, il faut être deux.» -Martin St-Jean, avocat de la Ville de Montréal.

«Le témoin a admis tous ses crimes. […] Ce n’est pas son procès qu’on est en train de faire.» -France Charbonneau.

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