Soins à domicile: une méthode controversée

Desjardins Josianne - TC Media
Dix minutes pour laver une oreille, 15 minutes pour faire prendre un bain. Prodiguer des services d’aide à domicile calculés au quart de tour est devenu la norme dans plusieurs Centres de santé et des services sociaux (CSSS) avec la méthode Proaction, dont celui de la Pointe-de-l’île. Une approche vertement critiquée par le Syndicat des travailleurs de l’établissement.

C’est en 2010 que le CSSS de la Pointe-de-l’ile a conclu une entente avec la firme Proaction pour accroitre la performance des soins à domicile et les offrir à un plus grand nombre de personnes âgées ou en perte d’autonomie.

Année après année, les services d’aide accusaient un déficit budgétaire. Une réorganisation du travail s’est donc mise en place pour « limiter les tâches improductives », comme la paperasse, et minuter tous les services d’aide directe.

Nicole Danielle, présidente du Syndicat des travailleurs du CSSS de la Pointe-de-l’île, déplore le fait que plusieurs circonstances ne sont pas considérées par la méthode d’optimisation.

« On n’est pas contre le minutage, c’est plus que certaines situations vont au-delà des standards. Les usagers qui ont vécu ce changement dans les services sont déstabilisés. On essaye d’établir une relation d’aide avec eux, mais ça peut prendre un certain temps et on se heurte à des mesures qui ne sont pas adaptées », explique-t-elle.

Celle-ci fait référence notamment à des patients à mobilité réduite qui nécessitent plus de temps –qui n’est pas calculé- pour les aider à se déplacer. Elle se souvient même d’un usager qui ne s’était pas habillé de la journée pour que ce soit plus rapide pour l’intervenante de lui faire prendre son bain.

Depuis que la méthode est implantée au CSSS, Mme Danielle indique que les intervenants s’occupent de sept à neuf usagers par jour, alors qu’ils en visitaient de six à huit avant. « Le rythme a changé et c’est la qualité des services qui en souffre. Ce n’est pas comme ça qu’on va favoriser l’autonomie des personnes âgées », croit-elle.

Période d’adaptation

Il faudra plus de temps pour que la méthode Proaction apparaisse comme étant la solution, selon Matilda Abi-Antoun, directrices des services pour personnes âgées en perte d’autonomie au CSSS de la Pointe-de-l’île,

« Un an et demi, ce n’est pas long. Ça pourrait prendre cinq ans. Il faut se donner du temps encore. On ré-analyse, on apporte des modifications. Tout cela prend une période d’adaptation. C’est une véritable philosophie de gestion », soutient-t-elle.

Cette dernière précise que les infirmières qui sont responsables globalement des patients ont diminué leur nombre d’interventions de six à cinq, récemment.

« Malgré ce qu’on entend au niveau syndical, sur le terrain, on ne sent pas qu’il y a une problématique. Les situations se règlent au fur et à mesure », souligne-t-elle.

Si les intervenants doivent respecter le temps alloué aux soins, Mme Abi-Antoun assure que la direction est flexible lorsqu’il est question de cas particuliers.

« Le gestionnaire va comprendre. Et il faut savoir qu’il n’y a pas des urgences à tous les jours », avance-t-elle.

Avec la mise en application de Proaction, le CSSS estime que le nombre de plaintes de patients « qui auraient été pris en charge de façon inadéquate » a chuté de 50 %. De plus, il observe que la longueur de la liste d’attente pour les soins à domicile a été diminuée de 45 %.

Autre son de cloche du côté du Syndicat des travailleurs. « Il y a plusieurs dossiers que les intervenants ont mis en attente dans leur tiroir parce qu’ils n’ont pas eu le temps de s’en occuper », rapporte Mme Danielle.

La Fédération de la santé et des services sociaux, à laquelle est affilié le Syndicat des travailleurs du CSSS de la Pointe-de-lîle, continue de réclamer l’intervention du gouvernement dans ce dossier.

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