Le Canada n’est pas un pays, c’est un refuge!

Des fois, entre adultes vaccinés et émancipés, on se perd dans des débats stériles sur les choses de la vie. Pourtant, les questions les plus élaborées ont souvent des réponses simples!

En effet, si je le pouvais, j’enregistrerais toutes mes discussions quotidiennes avec mes filles dans ma voiture. Sur le chemin pour déposer la plus jeune à la garderie et l’aînée à l’école, moi, le journaliste, je subis un interrogatoire en règle et sans merci qui s’avère révélateur. Même chose sur le chemin du retour, chez nous en fin d’après-midi.

Souvent, j’ai l’impression de découvrir le monde autour de nous après ces excursions de l’esprit. Et détrompez-vous, j’en ai eu, des discussions byzantines. Mes passe-temps favoris sont ces joutes interminables jusqu’aux aurores avec mes potes. Des discussions avec tous les types de débatteurs, de gauche comme de droite, y compris les plus extrémistes!

Et voilà, en ce matin du lundi 17 septembre 2012, j’aurais tout prévu sauf d’avoir une discussion avec une de mes filles sur, tenez-vous bien, la corrélation entre une langue et un pays!

En longeant le boulevard l’Acadie vers le sud, ma fille aînée m’a apostrophé :

– Papa, pourquoi c’est écrit Québec sur les plaques des voitures?

– Parce qu’on habite le Québec. En fait, on habite la ville de Montréal, dans la province du Québec, au Canada, le pays.

– Ah bon! Le Canada est un pays?

– Mais oui. Le Canada est un pays formé de 10 provinces, dont le Québec!

– Moi, je croyais que le Canada était un refuge!

– Pourquoi?

– Parce qu’on y parle toutes les langues du monde!

– Pourquoi tu dis ça?

– En France, on parle en  français. Au Maroc, on parle en arabe. Ici, quand j’ai vu les gens parler toutes les langues, j’ai pensé que c’était un refuge.

– Et tu penses comme ça depuis quand?

– Depuis la garderie. C’est pareil maintenant à l’école.

– Parce qu’à la garderie et à l’école, vos camarades parlent plusieurs langues?

– Oui. Et à la garderie, nous avions les drapeaux de plusieurs pays dans notre local!

Je suis resté pantois! J’ai voulu esquisser le début d’une explication, mais je me suis tu. Pas question de sombrer dans une énième discussion byzantine. Il fallait que je rumine.

Après avoir déposé mes filles, je me suis dirigé vers Radio-Canada pour participer à une table ronde à l’émission Médium large de Catherine Perrin. En évitant l’enfer du pare-chocs à pare-chocs du boulevard Saint-Denis, je me suis pris, le long de la rue Berri Sud, un traquenard de dos d’âne, ces énormes ralentisseurs qui muent la traversée du Plateau en un concours de saut d’obstacles.

Cette traversée au ralenti m’a permis de contempler les passants, ainsi que les cyclistes, dont le nombre ne cesse d’augmenter comme celui des éternels cônes orange. Dubitatif, je me suis replongé dans l’échange que j’avais eu plus tôt avec ma fille. Ce bout de chou d’à peine sept ans et qui ne fréquente que la deuxième année du primaire m’a ouvert les yeux sur une flagrante réalité. Une langue égale un pays!

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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