Faut-il combattre le groupe État islamique?

Faut-il combattre le groupe État islamique (ÉI)? Telle est la question trompeuse qui nous obsède. La vraie question est plutôt: comment peut-on éradiquer l’intégrisme islamiste?

Les médias obnubilent le public par les images barbares de l’ÉI et nonchalamment, il finit par conclure que les musulmans sont en train d’envahir la planète. Ce qui est faux.

Depuis presque cinq siècles, la majorité des «musulmans» vivent sous le joug de l’occupation. Et même après leur indépendance, au milieu du siècle dernier, ils sont réduits à des comparses dans leur propre pays.

Ce qui se joue actuellement en Irak et en Syrie est le résultat de décisions injustes prises durant les deux siècles derniers. Si la création par la force de l’État hébreu a ravivé le nationalisme primaire des vaincus – les «musulmans –, les enjeux stratégiques de la guerre froide et de la guerre du pétrole ont réduit le Moyen-Orient à un vaste champ de bataille sous l’emprise d’intérêts étrangers, particulièrement occidentaux.

Al-Qaïda et son descendant légitime l’ÉI, deux organisations terroristes qui se réclament d’une version rétrograde et moyenâgeuse de l’islam, ont vu le jour dans des pays en guerre ravagés par la misère et qui sont le théâtre d’une convoitise étrangère!

Ainsi, par ses effets dominos, l’envahissement de l’Afghanistan par l’Union soviétique a enfanté les talibans et Al-Qaïda avec l’aide des États-Unis et ses vassaux, l’Arabie Saoudites et les monarchies arabes du Golfe. Dans la même logique, sa guerre contre l’Iran a consolidé la dictature de Saddam Hussein.

Dans les années 1990, si la première guerre du Golfe a nourri la radicalisation islamiste, les autres guerres de l’Algérie, de Bosnie et de Tchétchénie ont fourni à Ben Laden et ses acolytes des champs de batailles et d’entraînement pour recruter et former la première génération de djihadistes des temps modernes.

Cette montée en puissance de l’internationale djihadiste a atteint son zénith avec les attentats du 11 septembre. Mais au lieu d’écraser la nébuleuse, l’Oncle Sam s’est lancé dans une politique cavalière, horrible et dangereuse à des fins purement stratégiques et mercantiles.

L’Amérique de Bush junior a non seulement envahi injustement l’Irak, mais en quelques mois, elle a livré le pays aux chiites aux dépens des sunnites et par ricochet implanté les germes de la nouvelle Al-Qaïda: l’ÉI! Rapidement, les premiers attentats de la nébuleuse ont secoué Bagdad.

Dans la foulée, le printemps arabe qui aurait dû être un éveil s’est perverti. Les «amis» des dictateurs arabes déchus, inféodés et alliés fidèles de l’Occident, faut-il le rappeler, ont catapulté l’ÉI à des sommets surréalistes. La peur n’est-elle pas l’opium des peuples?

Paradoxalement, cette descente aux enfers a eu l’appui de taille des «ennemis» de l’Amérique. Coup sur coup, les visées stratégiques de la Chine, de la Russie et de l’Iran chiite en guerre contre la majorité du monde musulman, les sunnites, ont scellé la nouvelle donne du Moyen-Orient: l’anarchie!

Pour en finir avec l’intégrisme islamiste, la seule approche militaire est une bataille perdue! Il faut solder les comptes de deux siècles d’injustices.

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.