Les prophètes de malheur

Je ne pratique aucune religion, je suis laïque assumé et je ne suis pas Arabe, car je suis d’origine amazighe, les autochtones du Maghreb. Alors, face à la phobie qui vise les Arabes et les musulmans, j’aurais pu détourner le regard, mais ça aurait été mépriser les valeurs d’une réelle démocratie libérale!

Je côtoie des musulmans québécois, constitués en majorité de familles «normales». Dès leur arrivée, ils s’activent pour dénicher un loyer, trouver des garderies ou des écoles pour leur progéniture et refaire leur santé financière, car l’immigration engloutit toutes leurs économies. Après, ils s’engagent dans l’achat d’une maison et garnissent le Régime enregistré d’épargne-études de leurs rejetons, souvent au détriment de leurs propres régimes d’épargne-retraite, pour leur garantir la meilleure des formations.

Malheureusement, ces musulmans attirent injustement la suspicion. Cette peur est surtout attisée par certains de leurs anciens compatriotes qui immigrent au Québec en traînant dans leurs bagages les ressentiments d’une vie antérieure tourmentée par l’islam radical. Sans preuve, ils ne ratent aucune occasion pour déchirer leur chemise sur la place publique, car, selon eux, le Québec est à la veille d’une imminente invasion d’islamistes radicaux!

Les musulmans du Québec sont quelque 250 000 âmes. Des études rigoureuses prouvent que la majorité ne va jamais à la mosquée, que le quart pratique un islam modéré, qu’une centaine parmi eux sont sous la loupe de nos services de sécurité et qu’une vingtaine serait à haut risque!

Sommes-nous à l’abri d’un attentat terroriste pour autant? Bien sûr que non! Dans ce bas monde, le risque zéro n’existe pas. Toutefois, pour contrer le danger de l’islam radical, la communauté musulmane du Québec est notre premier rempart. D’ailleurs, dans la récente affaire de radicalisation d’un adolescent montréalais, c’est son père inquiet qui l’a dénoncé au SPVM.

Une récente émission d’Enquête à Radio-Canada consacrée à la supposée montée de l’intégrisme musulman corrobore ce fait : la majorité des musulmans québécois immigre ici avec l’idée de s’installer et d’avoir une vie meilleure pour eux et leurs enfants.

Cela dit, il ne faut pas détenir un doctorat pour affirmer que les groupes État islamique et Al-Qaïda perpètrent des crimes contre l’humanité. Mais montrer du doigt tous les musulmans, c’est non seulement faire le jeu des terroristes, mais aussi provoquer injustement les peurs de la société d’accueil et mettre les musulmans québécois à l’index!

À tous les prophètes de malheur qui ravivent les peurs, si le radicalisme islamiste n’a pas «pogné» dans une Tunisie dans la tourmente, comment osez-vous le prédire, avec une vingtaine de présumés terroristes, dans un Québec doté d’institutions démocratiques fortes?

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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