L’assimilation 101

Après la séduction, tu débarques à Dorval plein de rêves et d’ambition, mais tu frappes solidement un mur. Seul, tu paniques et tu essayes de faire de ton mieux pour tenir debout, mais le choc est si violent que tu perds tes repères.

Tu te replies sur ta communauté, mais tu te fais plus de mal que de bien. Tu es réduit à implorer l’aide d’autrui, ta commotion t’ébranle, la nostalgie t’étouffe et la honte te tourmente pour de bon.

Dans ta torpeur, tu es­sayes de t’accrocher à n’im­porte quel signal du destin.

Par hasard, tu découvres le Canadien. L’histoire de la rémission du cancer de son capitaine Saku Koivu t’interpelle et te redonne de l’espoir. L’éclosion de son portier, José Théodore, le vainqueur des trophées Hart et Vézina, te remet en selle. Le Canadien vient de te faire les yeux doux, et tu succombes à son charme.

Tu ravives la séduction.

Tu es désormais un «Habs».

Avec le temps, les hivers te rongent, et le Canadien meuble de plus en plus tes nuits polaires. En début de soirée, tu te dépêches de creuser dans la glace une place de stationnement pour ta voiture, avant de rappliquer illico devant ta télé. Il n’est pas question pour toi de rater l’avant-match. Après la partie, dans la défaite comme dans la victoire, tu te fais consoler par le

Prophète, Ron Fournier, et ses envolées lyriques, au 98,5 FM.

Un jour, le Canadien devient si pourri qu’il rate les séries ou n’y fait pas long feu. Pris au piège, tu suis les autres matchs des séries, même sans ton équipe.

Et là, tu te rends compte que la LNH regorge de pépites. Tu commences à admirer les surdoués et rapides Blackhawks de Chicago et tu te dis que les Kings de Los Angeles sont gros, beaux et talentueux.

Le hockey te domine.

Et puis vient l’éblouissement des Olympiques. À Vancouver, même si aucun Glorieux ne fait partie d’Équipe Canada, à lui seul, le but en prolongation de Crosby en finale te marque à jamais. À Sotchi, les vedettes de l’équipe de rêve, les Crosby, Toews, Weber, Doughty, Getzlaf, Bouwmeester, Bergeron, qui entourent le cerbère Carey Price, t’éblouissent une fois pour toutes.

Alors vient ce temps des Fêtes où, même si le Canadien tient le haut du pavé, tu trouves le temps de suivre le Mondial de hockey junior. Malgré toi, tu commences à retenir par cœur les noms des Fucale, Duclair, McDavid et Domi de ce bas monde.

Là, tu n’es pas seulement intégré, mais ton assimilation est à un stade très avancé.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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