L’autre printemps arabe

À défaut de réussir son printemps en prenant d’assaut le pouvoir, la jeunesse arabe réussit tant bien que mal son printemps sur l’internet et les médias sociaux. L’actualité de l’Algérie et de l’Égypte nous le prouve royalement!

En  Algérie, les premières élections législatives post printemps arabes qui ont eu lieu jeudi dernier ont révélé là-dessus l’ingéniosité de la jeunesse locale qui, à défaut de faire part de sa colère par les urnes, a pris l’internet d’assaut pour se moquer du scrutin. En témoigne la multiplicatiopn des blagues et des caricatures révélées par les médias satiriques et libertaires du web comme celui d’El festi qui propose une parodie d’une des fables de Lafontaine, celle du corbeau et du renard.

Dans ce dessin parodique, le corbeau sur un arbre perché tient en son bec un bulletin de vote à la place du fromage. On peut imaginer la conversation comme suit : Maître Renard muni d’une urne a été attiré par le bulletin de vote. Il a tenu au corbeau-électeur ce langage: «Et bonjour, Monsieur le Corbeau, que vous êtes joli! Que vous me semblez beau! Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois». À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie, et pour montrer sa belle voix, il ouvre un large bec, laisse tomber son bulletin. Le Renard s’en saisit, et dit: «Mon bon Monsieur, apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Cette leçon vaut bien un vote sans doute». Le Corbeau honteux et confus jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Ailleurs, en Égypte, à la veille de l’élection présidentielle, dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai, les deux principaux candidats ont croisé le fer jeudi dernier lors d’un débat télévisé, qualifié d’historique. C’est la première fois que les Égyptiens assistaient à un débat entre candidats à l’élection présidentielle. Mais le peuple n’est pas dupe. Pour la plupart, cette élection est un retour en catimini de l’armée aux commandes. La caricature qui dénonce l’OPA de l’armée sur les institutions du pays signée Abdellah Ahmed du quotidien arabophone égyptien «Youm 7» (le septième jour) et titrée «mission accomplie» est éloquente à ce sujet… Elle résume le sentiment de la plupart, déçus de la tournure des événements. On y voit un soldat au garde-à-vous qui fait rapport à son supérieur au téléphone. Il lui lance fièrement: «Le plan B a marché. Dieu nous a aidés à réussir notre mission. On a envahi notre pays!»

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