«J’adore al-Sissi»!

Photo: twitter.com/assalaofficial

Récemment, l’expression «j’adore al-Sissi», une déclaration d’admiration vouée au maréchal Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien, a enflammé une partie du monde arabe sur Twitter.

En effet, l’auteure de ce court gazouillis n’est pas n’importe qui; c’est l’œuvre d’Assala Nasri, la chanteuse syrienne adulée partout dans le monde arabe. Et pour cause, par cette déclaration, Assala réaffirme aussi son rejet de Bachar al-Assad.

Certes, depuis le début de la révolte syrienne, il y a quatre ans, la vedette de la chanson a choisi son camp sans se dérober. Elle a dès le début supporté la rébellion et fait le tour du monde pour faire sa promotion. Depuis lors, Assala est sous le mandat de poursuites engagées par les autorités syriennes en 2013.

L’opinion exprimée par Assala ne diffère pas de celle de monsieur et madame Tout-le-Monde dans la rue arabe. Là-bas, un débat divise l’opinion publique entre les pros Bachar al-Assad et ceux d’al-Sissi.

Pour les premiers, Bachar est un héros qui a évité à son pays la division et a tenu tête au terrorisme islamiste sanguinaire du Front Al-Nosra et du groupe État islamique.

Pour les seconds, al-Sissi a fait mieux que Bachar, car il n’a pas seulement délogé les Frères musulmans du pouvoir par un coup d’État, mais il a su circonscrire la crise avec poigne sans plonger son pays dans la guerre civile.

Hélas, l’opinion publique arabe a oublié que Bachar n’a donné aucune chance aux premiers cris de cœur d’une jeunesse qui aspirait à rejoindre le concert des nations. En ce mois de mars 2011, leurs manifestations massives et pacifiques, notamment à Deraa, ont eu comme réponse la répression féroce du dirigeant.

Quant à al-Sissi, il a entamé son règne par un coup d’État sanglant, comme en témoigne le massacre de Rabaa al-Adawiya. Plus de 800 manifestants ont péri en une journée lors d’une seule manifestation pacifique. Le nouvel homme fort de l’Égypte a aussi emprisonné l’unique président égyptien élu démocratiquement, depuis les Pharaons, sa garde rapprochée et toute la structure des Frères musulmans et ses milliers de sympathisants.

Quatre ans après le déclenchement du printemps arabe, les al-Assad et al-Sissi de ce monde sont devenus des interlocuteurs arabes respectés et respectables aux yeux des chancelleries occidentales!

Voilà où en est rendue aussi l’opinion publique arabe. Il n’est plus question pour elle de révolution, ni de liberté de l’homme, ni d’accès à la modernité, ni de sortir du joug de dictatures d’un autre temps. Comme Assala, elle n’aspire plus qu’au moins mauvais des dictateurs!

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