#noussommestunisiens

L’attaque perpétrée par le groupe armé État islamique (EI) à Tunis doit interpeller tout démocrate qui se respecte, car ce n’est que le début d’une longue guerre sans frontière.

Dans cet attentat sanglant revendiqué par EI, on a dénombré 23 morts de 10 nationalités. Comment se fait-il qu’un peuple aussi pacifique se soit retrouvé au cœur de cette barbarie?

Il y a plus de quatre ans, en décembre 2010, Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’était immolé par le feu devant la préfecture de Sidi Bouzid. Sans perspective d’avenir, ce jeune marchand tunisien de fruits et légumes se voyait souvent confisquer sa marchandise par des policiers, dans un pays ravagé par les injustices sociales et économiques.

Bouazizi a voulu en finir avec son désespoir. Par son immolation, il a incarné toute la détresse de la jeunesse du monde arabo-musulman et a ainsi déclenché le printemps arabe. Quatre ans après, la jeunesse qui s’attendait à une ère de prospérité s’est retrouvée, encore une fois, oubliée. Désespérés, plusieurs ont fini par sombrer dans la radicalisation islamiste. On parle de 3000 Tunisiens qui ont rejoint EI. Cinq cents de ces combattants aguerris seraient de retour aujourd’hui au pays.

Le groupe EI est donc en croisade. Après la Syrie et l’Irak, il s’est implanté en Libye et convoite la Tunisie. Son plan est simple: en frappant les touristes, il veut semer le chaos, car le tourisme est le pilier de l’économie tunisienne. Il pèse plus de 7% du PIB national et un demi-million de Tunisiens dépend directement ou indirectement de ce secteur.

Il faut rappeler que ce n’est pas la première attaque d’EI contre la Tunisie. En décembre dernier, ses djihadistes ont revendiqué l’assassinat en 2013 des deux opposants tunisiens Chokri Belaïd et Mohammed Brahmi.

Toutefois, ces assassinats politiques n’ont pas avorté la transition démocratique de la Tunisie. Sur le plan politique, ce pays est en train de réussir. Malgré les craintes, il s’est doté d’une constitution démocratique et a organisé des élections libres avec à la clef un président, un parlement et un gouvernement issu de ce parlement.

En Tunisie, la «révolution du jasmin» a eu raison de la dictature, mais la panne économique et sociale y est aussi virulente que par le passé. Elle engendre des tensions sociales, le vivier des mouvements islamistes radicaux téléguidés par l’étranger. La revendication par EI de l’attaque de cette semaine le prouve manifestement.

Il est encore temps que la communauté internationale intervienne. La Tunisie a un besoin urgent d’une aide déterminée pour combattre efficacement le terrorisme sur le terrain. Elle a aussi besoin d’une aide financière et économique massive pour revigorer rapidement son économie et sortir sa jeunesse de la détresse. Sinon, après le Maghreb, l’infiltration du groupe EI par le sud de l’Europe ne sera qu’une question de temps.

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