Pourquoi Alain Gravel?

Les bonzes de Radio-Canada n’ont pas laissé durer longtemps le suspense avant d’annoncer l’identité du remplaçant de Marie-France Bazzo à l’émission de radio matinale. Et surprise, il s’agit d’Alain Gravel, un gars de la télé!

Personne n’oserait critiquer le choix d’Alain Gravel comme morning man de notre radio publique. En débusquant les criminels de la construction et sa collusion avec la mafia, le journaliste d’Enquête est devenu une des figures médiatiques emblématiques du Québec. La plus réputée. La plus adulée.

Et pourtant, ça grenouille dans les allées de la Première Chaîne, car Alain Gravel a été parachuté de la télévision, alors que plusieurs femmes et hommes de la radio publique attendent leur tour depuis belle lurette.

Des auditeurs sont aussi en grogne contre leur radio, parce qu’Annie Desrochers a prouvé sa capacité d’animer la matinale. La remplaçante attitrée de Bazzo et chroniqueuse de C’est pas trop tôt! est une animatrice radio-canadienne aguerrie. Son authenticité se reflète dans la qualité de son animation.

En plus des dossiers de recherche minutieusement concoctés par son équipe, on sent qu’Annie Desrochers y ajoute sa touche. Quel que soit son invité, l’échange lui vient naturellement. Sa prestation au micro tient de la simple conversation décontractée, tout en soutirant des révélations avec doigté. Son style est loin de cette tendance maladive de certains animateurs qui déchirent leur chemise en ondes pour rameuter le public.

C’est la marque de la rigueur journalistique radiophonique radio-canadienne acquise après plusieurs années de métier. Et l’auditeur a fini par reconnaître chez Annie Desrochers la bonne animatrice de radio qui conçoit méthodiquement ses émissions pour l’informer sans le crétiniser.

Et des Annie Desrochers, il y a en plusieurs qui sillonnent les couloirs de la radio de Radio-Canada! Talentueux et sous-exploités, ils se demandent pourquoi Alain Gravel hérite de la matinale de la radio. Car même s’il a fait de la radio auparavant, il n’en demeure pas moins un animateur de la télévision.

Les bonzes de Radio-Canada sont-ils lancés dans leur ultime bataille contre le 98,5 FM? Espèrent-ils qu’avec Alain Gravel, une vedette de la traque des pourris, ils arriveront à détrôner le roi des ondes Paul Arcand?

Si c’est le cas, cette bataille est perdue d’avance, car la mission de Radio-Canada n’est pas la chasse à l’audimat, elle est d’abord une mission de service public pour informer et enrichir l’esprit du peuple avec rigueur et respect.

Si cette tendance se maintient, quitte à subventionner une copie de Paul Arcand, pourquoi le fédéral serait-il encore tenté d’envoyer l’argent au clone au détriment de l’original?