La déradicalisation pour les nuls!

Pourquoi un jeune quitterait-il le «plus beau pays» au monde pour rejoindre le groupe sanguinaire État islamique? Répondre à cette question en pointant du doigt l’islam est une peine perdue.

Alors, que s’est-il passé dans le cas des 11 jeunes Québécois du Collège Maisonneuve de Montréal? En plus d’être des adolescents, une période difficile pour tous les jeunes quelles que soient leur origine ethnique et leurs croyances, ces élèves ont subi les foudres de deux accélérateurs de radicalisation.

D’abord, ces jeunes sont pour la plupart issus de familles musulmanes, une minorité religieuse traînée dans la boue au Québec, depuis le milieu des années 2000, à cause des débats houleux sur les accommodements raisonnables et la charte des valeurs québécoises.

Dans ce climat pourri, depuis tout petits, les enfants de cette minorité voient au quotidien les leurs ridiculisés aux heures de grande écoute. Même à Ottawa, l’acharnement du gouvernement Harper sur les musulmans à des fins électoralistes dépasse l’entendement. Le cas Khadr en est un exemple criant!

Ensuite, la montée de la ferveur djihadiste chez les jeunes musulmans de l’Occident coïncide la plupart du temps avec le déclenchement d’une guerre en terre d’islam où des troupes occidentales sont impliquées. Les conflits militaires afghan, tchétchène, bosniaque, irakien et syrien le prouvent.

Peut-on alors déradicaliser ces jeunes? Aucune déradicalisation d’un jeune obnubilé par le djihadisme ne peut réussir aussi longtemps que les terres d’islam sont enflammées par des guerres injustes avec un interventionnisme hasardeux de l’Occident, ni si les sociétés occidentales ne mettent pas fin à la persécution de leur minorité musulmane.

Il faut trouver des solutions dignes du monde civilisé. L’histoire le prouve. L’affrontement entre le monde musulman et ce qui allait devenir l’Occident dure depuis presque 12 siècles. Chaque fois qu’un des deux mondes a pris le pas sur l’autre, il l’a mis sous sa botte. En témoignent l’expansion militaire de l’islam, les croisades, l’inquisition, la colonisation et l’éternel conflit israélo-palestinien.

Pourtant, au milieu du siècle dernier, le monde civilisé a émergé du cul-de-sac de la haine et de la guerre pour jeter les bases d’une démocratie libérale qui respecte ses minorités religieuses. Mais les récentes crises économiques et la montée d’un nationalisme identitaire occidental crasse ont sonné le glas de cette cohésion sociale fragile.

Il est plus qu’urgent d’instaurer un climat de paix juste au Moyen-Orient et surtout de dépolitiser le débat sur la laïcité en Occident. Un débat déployé la plupart du temps dans l’optique d’un «grugeage» de votes.

Certes, l’islam doit se mettre au diapason de la modernité, mais notre survie en Occident dans un monde de paix passe par une approche concertée et solidaire qui implique nos musulmans dans un esprit de collaboration et non pas de confrontation.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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