Le cirque du niqab

J’étais attablé avec des amis, quand l’immense télé projeta les images de certains de nos concitoyens canadiens masqués.

Au milieu du brouhaha, on n’arrivait pas à entendre les commentaires du lecteur de nouvelles, mais le titre du reportage parlait d’électeurs canadiens qui ont décidé d’inaugurer le vote par anticipation à visage masqué.

Il y a quelques années, ces scènes auraient pu me choquer. Mais, avec le temps, même ici, un pays qui protège les droits universels de l’être humain, il est devenu normal de traîner dans la boue une minorité religieuse.

L’islam et ses adeptes sont piétinés en heure de grande écoute, car on a décidé que est une religion rétrograde alors que les autres religions sont avant-gardistes! On a décidé que l’islam est une religion qui réduit la femme à une espèce qui doit s’effacer de l’espace public, alors que les autres religions placent la femme sur un piédestal! On a décidé que l’islam est une religion qui a du sang sur les mains, alors que les autres religions ne sont que paix et amour sans aucun massacre d’humains à leur actif, même de nos jours! On a décidé que l’islam est l’ennemi de tous, alors que les autres religions protègent les lesbiennes, les gais, les bisexuels et les trans, sacralisent le droit à l’avortement, et défendent le droit de mourir dans la dignité!

Désormais, au Québec et au Canada, il est à la portée de quiconque d’humilier et de ridiculiser ces femmes extrêmement minoritaires qui portent le niqab – on parle de quelques dizaines d’un océan à l’autre —, car elles ne sont pas des êtres humains qui ont des droits et qui sont dignes de respect.

Alors, pourquoi m’énerver, surtout, si, depuis 10 ans, les rares politiciens qui ont joué la carte de la peur de l’islam ont fini par mordre la poussière en politique? Ce fut le cas de Mario Dumont. Ce fut le cas aussi de Pauline Marois.

Cela dit, ces électeurs masqués pour montrer leur indignation ont parfaitement la liberté de manifester leur refus du niqab. C’est leur droit le plus absolu dans une démocratie libérale comme la nôtre.

D’ailleurs, il ne faut jamais en vouloir au peuple — dans le sens des gens qui subissent le pouvoir sans l’exercer —, toutefois, il faut aussi être impitoyable envers les politiciens qui manipulent ce peuple pour gruger son vote.

Heureusement, dans une démocratie, la meilleure indignation passe plus par l’humour. Alors, ce soir-là, au lieu de commenter cette nouvelle et de gâcher notre quiétude, mes potes et moi avons choisi de désigner l’électeur masqué le plus drôle! C’est devenu un cirque!

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