La trêve Lapierre

Il est rare qu’une personne fasse l’unanimité au sein d’une famille, d’une communauté, d’un peuple ou d’une nation au point d’imposer une trêve dans les joutes politique et médiatique pour lui rendre hommage.

Aussi, l’immense déférence rendue à Jean Lapierre après son décès tragique dans un accident d’avion, mardi, démontre la grandeur de l’être.

Les politiciens de différents horizons politiques, que ce soit au municipal, à Montréal, au provincial, à Québec, ou au fédéral, à Ottawa, ont exprimé sincèrement la perte d’un homme respecté et apprécié.

Au sein de la famille des médias, les journalistes et commentateurs de différents journaux, de stations de radio et de télévision, qu’ils travaillent au sein des salles de rédaction de Radio-Canada, de Québecor, de Gesca ou de Cogeco, qu’ils soient francophones ou anglophones, ont salué l’homme compétent, affable, humble et proche du monde. Un incontournable des médias.

Je n’ai jamais rencontré ou croisé personnellement monsieur Lapierre. Mais comme la majorité des Québécois, ce personnage coloré des mondes politique et médiatique québécois et canadien me fascinait.

On a beau ne pas être d’accord avec certains commentaires de Jean Lapierre au point, des fois, d’avoir envie de s’arracher les cheveux à l’écoute de l’une de ses analyses, mais l’instant d’après, il arrivait à nous faire mourir de rire avec l’une de ses formules fétiches.

Certains ont beau dire qu’il est à la solde de ses invités triés sur le volet qui accourent à ses soupers prestigieux de homards, n’empêche, ce commentateur averti arrivait toujours à avoir une longueur d’avance pour prévoir l’avenir, un sport à haut risque, surtout en politique.

Ce fut le cas avec la commission Charbonneau. Jean Lapierre a été l’un des rares analystes qui a prédit que cette messe allait finir en queue de poisson, car elle n’avait pas les moyens de mettre ne serait-ce qu’un voyou derrière les barreaux. Il l’a répété à plusieurs reprises, pour capturer les criminels, il n’y a que le travail de la police qui vaille!

Ce fut aussi le cas avec le débat sur la Charte des valeurs qui a divisé le Québec entre 2012 et 2014. En plus d’être un fervent défenseur des droits des minorités, Jean Lapierre a dénoncé le côté pervers de ce débat sur notre cohésion sociale pour des raisons strictement politiques.

Qu’on soit pour ou contre, dans les débats politiques qui ont secoué et le Québec et le Canada, Jean Lapierre avait la capacité de dire avec des formules populaires simples quand la joute allait frapper un mur et de quelle manière elle avait une chance d’aboutir.

Salut, salut, M. Lapierre!

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