Comprendre l’Égypte avec Alaa al-Aswany

Cinq ans sont passés depuis que la colère populaire a jeté le dictateur Moubarak dans la poubelle de l’Histoire, mais l’Égypte donne l’impression de tourner en rond!

Cinq années durant lesquelles le peuple égyptien a bravé l’inconnu dans la rue et une lueur d’espoir a pointé le bout de son nez. Dans la tourmente, les Égyptiens ont voté démocratiquement pour une nouvelle constitution, un nouveau parlement et un président pour la première fois depuis l’ère des pharaons!

Mais aussi, vexée par un président issu des Frères musulmans qui n’a pas réussi à calmer cette même peur de l’inconnu, une partie non négligeable de la rue s’en est remise aux militaires au prix d’un coup d’État. Pourquoi?

Pourquoi le peuple égyptien n’a-t-il pas eu l’audace d’aller jusqu’au bout? Pourquoi a-t-il donné une deuxième chance à cette même institution militaire qui a gouverné le pays sans partage et participé à la dilapidation de ses richesses avec la complicité de requins locaux sans foi ni loi?

Hélas, après avoir joué le temps pour absorber la colère populaire, les militaires ont rapidement fermé une prometteuse parenthèse d’une réelle démocratisation du plus grand pays arabe.

Pour avoir des réponses sensées, je me suis fié à l’un des intellectuels égyptiens qui ont su préserver leur neutralité dans un océan de béni-oui-oui*!

Lisez ce portrait de l’écrivain Alaa al-Aswany dressé par The Guardian pour parler de son troisième roman «Automobile Club d’Égypte» et vous allez déceler le début des réponses.

Dans Alaa al-Aswany interview: «I do not believe the revolution is a political change; it is a human change», l’écrivain égyptien devenu célèbre par son premier roman, L’Immeuble Yacoubian, s’est posé la question essentielle: Est-ce que chaque individu est vraiment prêt à payer le prix de la liberté? Autrement dit, les gens qui vivent dans une dictature pendant des décennies s’ennuient-ils de la liberté ou finissent-ils par s’adapter à son absence?

Même si Alaa al-Aswany reste optimiste – car l’Égyptien a fait tomber le tabou de la peur –, sa réponse à la journaliste britannique Susanna Rustin a été sans équivoque: non!

Or, sans cette envie sans faille de vouloir aller jusqu’au bout, un ensemble d’individus qui vivent sous la mainmise de dominants féroces devient docile.

Ce mal n’est surtout pas l’apanage de cette région du monde. Qui de nos jours est prêt à tout sacrifier pour la justice sociale, la vraie?

* À lire aussi: Nous devons croire dans la clairvoyance de l’écrivain, une tribune signée par Alaa El Aswany sur le rôle de l’écrivain vis-à-vis de la société dans laquelle il vit et à laquelle il s’adresse.

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